AN. R. 644 Av. J.C. 108. Métel SERVIUS SULPICIUS GALBA. M. AURELIUS SCAURUS. Métellus fut continué dans le com lus eft mandement de l'armée de Numidie conti- fous le nom de Proconful. nué dans le com guerre Jugurtha fe préparoit à la avec un grand foin, fans perdre un mande- moment de tems. Il affembloit fes ment. troupes, tâchoit, ou par la crainte Jugurtha fe ou par l'efpérance, de ramener dans prépare fon parti les villes qui l'avoient quità la té, mettoit en état de défense celles guerre. qui lui reftoient encore, faifoit rac Les ha ca maf commoder les vieilles armes, en faifoit acheter de nouvelles; follicitoit par argent les efclaves des Romains & les foldats eux-mêmes, & mettoit tout en œuvre pour fe bien défendre. Nous avons vu que Métellus, au bitans commencement de la campagne préde Vac-cédente, mit garnison dans Vacca. Les facrent principaux habitans, preffés par les la gar- priéres du Roi, & d'ailleurs ayant tounifon jours été bien difpofés à son égard, Romai- forment une confpiration contre, les ne. Romains. Elle éclata un jour de fête folemnelle, où toute la ville étoit en réjouiffance, & où les bourgeois avoient invité à des repas tous les Officiers de la garnifon. Le maffacre AN. R. fut général. Et les Officiers & tout 644. ce qu'il y avoit de foldats Romains Av. J.C. dans la ville furent égorgés. Turpilius feul, Gouverneur de la place, trouva moyen de fe fauver. 108. lus. La nouvelle de ce maffacre affligea Cette extrêmement Métellus. Il partit au ville f foleil couchant avec la Légion qui feu & à mise à étoit avec lui dans les quartiers d'hy-fang par ver, & ce qu'il avoit de Cavalerie MételNumide. Le defir de venger une fi cruelle perfidie, & l'efpérance du butin, leur font fupporter généreufement la fatigue d'une marche forcée. Is arrivent un peu après la troifiéme heure du jour devant la ville, qui ne s'attendoit à rien moins. La peine fuivit de près le crime. On mit tout à feu & à fang. La ville, qui étoit trèsriche, fut abandonnée au pillage. Turpilius alors fut cité devant le Confeil de guerre, comme fufpect de trahifon, & d'intelligence avec les habitans de Vacca, qui l'avoient épargné. Le cas où il fe trouvoit, n'étoit pas favorable: & il fe défendit mal. Ainfi, quoiqu'il fût hôte & ami de Métellus, qui fit tout ce qu'il put pour le fauver, il fut condamné à être M 5 bat 108. AN. R.battu de verges & à perdre la tête.. 644. Ce fut en cette occafion qu'éclata. Av. J.C., "la méfintelligence entre Marius & Métellus. Marius s'acharna à la con damnation de Turpilius, précisément parce que le Général le protegeoit.. Et quelque tems après, l'innocence de ce malheureux Officier ayant été reconnue, pendant que tous les autres témoignoient prendre part à la douleur du Proconful, Marius fe fit un. plaifir malin de lui infulter, & de fe vanter d'avoir attiré fur la tête de Métellus la colére des dieux vengeurs. des droits de l'hofpitalité violée.. entre Origine L'origine de cette animofité vede l'ini- noit de plus loin. Marius, qui se senmitié toit un mérite fupérieur, auquel il Marius joignoit une ambition effrénée, lorf& Mé- qu'il eut été choifi par Métellus pour tellus. un de fes Lieutenans Généraux, ne Mario. fe regarda pas comme redevable au Plut. in Conful d'un emploi important, mais. comme placé par la fortune fur un. grand theatre où les talens pourroient. briller, & le porter à tout ce qu'il y avoit de plus haut. Il fuivit ce plan. dans fa conduite : & au lieu que les autres Officiers travailloient pour la * Cet exposé des commencemens de Marius eft de l'Editeur. Av. J.C. 108. gloire du Général, il travailloit pour AN. R. la fienne propre, cherchant à s'atti-644. rer l'eftime, & à tourner les regards C de l'armée fur lui, afin de s'élever ainfi au Confulat, qui étoit le comble de fes vœux. Je croi que je ferai plai- Comfir au Lecteur de tracer ici d'après mence Plutarque un abrégé des premiéres Marius. années, & des commencemens de l'élévation d'un homme qui va faire un grand & illuftre perfonnage dans notre hiftoire, & qui eft également célébre par ses vertus & par fes vices, par fes profpérités & par fes difgraces. * mens de Marius étoit, comme tout le mon-Sa' naifde fait, un foldat de fortune, né de fance. parens très-pauvres & très-obfcurs. Le lieu de fa naiffance fut Arpinum ou quelque village dépendant de cette ville. Il paffe dans l'Hiftoire pour Arpinate & Cicéron, qui étoit de ce même lieu, fe fait en plus d'un endroit grand honneur d'un tel compatriote, & vante la gloire † de fa ville na- † Cic.. tale, qui a donné deux libérateurs à de Leg.l'Empire, Marius & lui. *Velleius eft le feul, que je fache, qui faff defcendre Marius de Chevaliers Romains, ..II. c. 11.) M 6 L'é Encore ne fe foutient-il pas 11. 6 108. & fon rc. AN. R. L'éducation de Marius répondit 644 à la fortune de fes parens. Ils traAv. J.C. vailloient de leurs mains: & a luiSonédu-même auffi pendant les premiéres cation années de fa jeuneffe gagna fa vie Caracté en travaillant à la terre comme homme de journée. Il eft aifé de juger par là qu'il ne fut pas inftruit dans les lettres Grecques: & lorfque dans la fuite établi dans Rome il fut à la fource des belles connoiffances, il affecta de méprifer ce qu'il ignoroit. Poffédé de l'ambition de dominer, il trouvoit même ridicule d'étudier les fciences & les Arts d'un peuple qui étoit actuellement foumis à une domination étrangère. Il auroit pourtant eu grand befoin, dit Plutarque, de facrifier aux Graces & aux Mufes Grecques & s'il eût appris par l'étude de la Philofophie & des beaux Arts à adoucir la violence de fon caractére, & à modérer fes paffions, il n'auroit pas deshonoré les plus grands exploits militaires, & les plus importans fervices rendus à la patrie, par des cruautés & des barbaries qui font de fon nom un objet d'horreur. Mais dans les a Arpinas alius Volfcorum in monte folebat Fofcere mercedes alieno laffus aratro. Juven. Sat. s. |