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Car nous n'avons pour ce détail que AN. R. Plutarque; & Plutarque lui-même ne65. Av.J.C. cite que Catulus & Sylla, tous deux 11. ennemis de Marius. Catulus avoit compofé une hiftoire de fon Confulat, que Cicéron loue comme écrite a avec beaucoup de douceur & dans le goût de Xénophon. Sylla avoit laiffé des Mémoires de fa vie, qui font fouvent cités par Plutarque. Ces deux ouvrages feroient des monumens bien autentiques, s'il n'étoit à craindre que fouvent l'animofité n'eût conduit la plume des Ecrivains. Mais d'un autre côté, & c'eft précisément ce qui augmente l'incertitude, Marius étoit fi immodérément avide de gloire, fi violemment jaloux de quiconque s'élevoit à côté de lui, que rien n'eft difficile à croire de ce qui lui fera attribué comme partant de ce principe. Ici par exemple l'ordonnance de fes troupes, rangées de façon qu'elles environnaffent des deux côtés celles de Catulus, avoit pour motif, felon Catulus & Sylla, l'efpérance qu'il avoit conçue qu'avec fes deux aîles il tomberoit fur les ennemis, & les romproit, & qu'ainfi la victoire fe

a Molli & Xenophonteo genere fermonis. Cic.Brut.

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AN. R. roit entiérement due à les soldats, sans que l'autre armée y eût aucune part.

651.

Av. J.C.

101.

Les Cimbres donnérent à leurs bataillons autant de profondeur que de front, de forte que c'étoit une bataille quarrée, dont chaque face occupoit* trente ftades de terrain. Leur Cavalerie, qui étoit de quinze mille chevaux, marchoit en fuperbe équipage. Tous les Cavaliers avoient des cafques en forme de gueules ouvertes, & de mufles de toutes fortes de bêtes érranges & épouvantables ; & les réhauffant par des panaches faits comme des aîles, & d'une hauteur prodigieufe, ils en paroiffoient eux-mêmes plus grands. Ils étoient armés de cuiraffes de fer très-brillantes, & couverts de boucliers tout blancs. Ils portoient chacun deux javelots à darder de loin; & quand ils avoient joint l'ennemi, ils fe fervoient de grandes & lourdes épées. rencontre, ils n'allérent pas heurter les Romains de front, mais prenant à droite ils avançoient peu à peu, dans le deffein de les enfermer entr'eux & leur infanterie, qu'ils laiffoient fur leur gauche.

*Près d'une lieuë & un quart.

Dans cette

Les

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Les Généraux Romains s'apperçu- AN. R. rent de cette rufe dans le moment mê- 651. Av. J.C. me, mais ils ne purent retenir leurs foldats. L'un d'eux s'étant mis à crier que les ennemis fuyoient, tous les autres fe mirent auffitôt à courir pour les pourfuivre. Cependant l'Infanterie des Barbares s'avançoit comme des flots de la vafte mer. Marius & Catulus, levant les mains au ciel, firent you, l'un d'immoler une Hécatombe aux dieux, l'autre de dédier un Temple à la Fortune de ce jour. On n'eut pas plutôt montré à Marius les entrailles des victimes, qu'il s'écria, La victoire eft à moi. Il n'en faut pas davantage pour animer toute une armée.

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Marius n'eut pourtant, fi l'on en doit croire Sylla, aucune part à la victoire & fa baffe jaloufie fut bien punie par un accident qu'il n'avoit pas prévû. Car quand on fe fut ébranlé pour en venir aux mains une fi grande pouffiére s'éleva, que les deux armées en furent couvertes, & cachées l'une à l'autre. Marius, qui s'étoit avancé le premier pour charger avec les troupes, eut le malheur de manquer l'ennemi dans cette obfcuTome IX... rité

S

AN. R.rité où les deux armées étoient enfevelies, & ayant pouffé fort loin au Av. J.C.delà de leur bataille, il fut long

651.

101.

tems errant dans la plaine, fans pouvoir fe retrouver.

La

La fortune fut auffi favorable à Catulus, qu'elle étoit contraire au Conful. Il joignit les Barbares, & fon armée, où Sylla avoit un commandement diftingué, foutint prefque feule tout l'effort de la bataille. chaleur du jour qui étoit très-grande, & le foleil qui donnoit dans le vifage des Cimbres, aidérent beaucoup aux Romains. Car ces Barbares accoutumés à fupporter les plus grandes gelées, & nourris dans des lieux froids & couverts de bois, ne pouvoient réfifter au chaud, mais fondoient tout en eau, étoient tout haletans, & n'avoient que la force de mettre leurs boucliers devant leurs vifages pour se garantir du foleil. On étoit alors dans les plus grandes chaleurs de l'été, fur la fin du mois de Juillet.

La pouffiére fit encore un grand bien aux troupes de Catulus, & fervit beaucoup à augmenter leur audace & leur confiance, en leur cachant

la

la plus grande partie des ennemis. AN. R. Car il s'en fallut beaucoup qu'ils ne 651. Av. J.C. viffent leur multitude innombrable. 101. Mais chaque corps ayant couru avec viteffe charger ce qui étoit devant lui, ils en étoient aux mains, avant que le fpectacle de toute l'armée ennemie eût pû frapper leurs yeux & les effrayer. D'ailleurs ils étoient fi endurcis à la fatigue & au travail, qu'au rapport de Catulus, on ne vit pas un feul Romain fuant ou haletant, quoique la chaleur fût extrême, l'attaque trèsvive, & qu'ils euffent couru de toute leur force pour charger. La plupart donc des Barbares, & les plus braves, furent taillés en piéces. Car tous ceux des premiers rangs, afin qu'ils ne puffent rompre leur ordonnance, étoient liés les uns aux autres par de longues chaînes qui tenoient à leurs boucliers. Précaution bien finguliére & tout-àfait bizare. Tous les autres furent renverfés, & pouffés jufqu'à leur camp. En cette extrêmité les femmes des Cimbres ne montrérent pas moins de courage, ou pour mieux dire de fureur, que celles des Ambrons dont il a été parlé plus haut. Vétues de robes noires, elles montent fur leurs cha

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