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Av. J.C.

130.

AN. R.Macédonicus, & Q. Pompeïus, tous deux Plébeïens. Dans l'origine les Cenfeurs étoient pris l'un & l'autre de l'Ordre des Patriciens. C. Marcius Rutilus fut le premier plébeïen qui pofféda cette charge, & pendant deux cens vingt ans la pratique fubfifta d'affocier un Patricien & un Plébeïen pour la Cenfure. Cette année pour la premiére fois les deux Cenfeurs furent pris de l'Ordre du Peuple.

Dif

Métel

ter les

marier.

Métellus pendant fa Cenfure procours de nonça un difcours devant le Peuple lus Cen pour exhorter les citoyens à se marier. feur Le célibat, fi honorable & fi digne de pour louange dans le Chriftianifme, n'éexhor- toit chez ces Payens qu'une occafion citoy de fe livrer à la débauche avec une ens à felicence plus effrénée, & de fe décharger des foins de l'éducation des enfans, objet fi important pour la République. Cet abus commençoit déja à s'introduire dans Rome, tant les mauvaises mœurs y avoient fait de A. Gell. progrès en peu de tems. Aulu-Gelle nous a confervé deux morceaux du difcours que fit Métellus à ce fujet: L'un renferme une fort belle réfléxion, que voici.

1. 6.

Il paroît que dans ce qui précéde, &

que

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que nous n'avons point, Métellus fe AN. R. plaignoit de la corruption des mœurs, & vouloit faire appréhender au peuple Av. J.C. d'attirer en conféquence fur foi la colére des dieux. Et pour leur faire sentir qu'inutilement compteroient-ils fur la bonté célefte, a Les dieux immortels, dit-il, ne font pas obligés de nous vouloir plus de bien, que nos propres péres. Or les péres deshéritent leurs enfans incorrigibles. Que devons-nous donc attendre de la part des dieux immortels, fi nous ne mettons fin à nos défordres? Ceux-là feuls ont droit de fe promettre la faveur des dieux, qui ne se nuifent point à euxmêmes. Il finit par ce * principe fi cher * Voyez à l'orgueil humain: Car les dieux doi- Tom. VII. vent récompenfer, mais non donner lap. 266.

vertu.

L'autre morceau eft peu obligeant pour les Dames. Je le donne en fimple Hiftorien, fans approuver ce qu'il a de fatyrique. Si b la fociété humaine, dit le févére Cenfeur, pouvoit fubfifter fans les femmes, nous nous épargne

C 5.

rions a Dii immortales.. non deos propitios effe æquum plus velle debent nobis, eft, qui fibi adverfarii non quam parentes. At paren- funt. Dii immortales virtes, fi pergunt liberi erra- tutem approbare, non se, bonis exheredant. Quid, adhibere debent. ergo nos à diis immorta- b Si fine uxore poffelibus diutius expectamus, mus, Quirites, effe, om. nifi malis rationibus fi- nes eâ moleftiâ carereBe facimus His demum mus, Sed quoniam ita

AN. R. rions tous tant que nous sommes les défa Av. J. C. grémens & l'embarras qu'elles nous cau

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fent. Mais comme la nature a voulu qu'on

130. ne puiffe ni vivre avec elles fort à fon aife, ni auffi vivre abfolument fans elles, il vaut mieux fe déterminer en faveur de la propagation du genre humain, que de ne fonger qu'à fe rendre plus commode une vie qui dure si peu.

bun Ati

Fureur Qui croiroit qu'un homme du rang du Tri- de Métellus, & actuellement Cenfeur, nius ne fût pas en fûreté de fa vie dans Rocontre me, & eût été expofé au danger de Métel- périr en plein jour par le fupplice lus. des plus grands criminels? Cet odieux

excès fut encore le fruit des fureurs du Tribunat. Métellus avoit exclus du Sénat C. Atinius Tribun du Peuple. Celui-ci, rempli d'un défir forcené de vengeance, ayant obfervé le Cenfeur, qui revenoit du champ de Mars à midi, par la plus grande chaleur du jour, pendant que la place publique étoit déferte auffi bien que le Capitole, le fit faifir pour le mener au haut du roc Tarpeïen, & de là le précipiter. Les fils de Métellus, (il en avoit quatre, tous des premiers du

natura tradidit ut nec
cum illis fatis commodè,
Nec fine illis ullo modo

vivi poffit; faluti perpetuæ potiùs, quàm brevi vo luptati confulendum.

Sénat) ayant appris le péril où étoit An. R. leur pére, volent à fon fecours. Mais 22. Av. J.C. que pouvoient-ils contre un Magi- 130. ftrat dont la perfonne étoit facrée & inviolable? Il fallut que le Cenfeur fe fit traîner, pour gagner du tems par cette réfiftance. Il lui en couta de mauvais traitemens, qui allérent jufqu'à lui faire fortir le fang par les oreilles. Mais enfin on trouva un Tribun, qui vint le prendre fous fa protection, & le fauver des fureurs de fon Collégue.,, a Eft-ce un éloge ,, pour les mœurs de ces tems, dit Pline, qui nous a confervé le détail de cet événement,,, ou bien n'est,, ce pas un nouveau fujet d'indignation, qu'au milieu de tant de Métellus l'audace criminelle d'Atinius ,, foit toujours demeurée impunie?,,

دو

رو

C. SEMPRONIUS TUDITANUS..
M. AQUILLIUS.

AN. R.

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Av. J.C.

Difficul

Les trois Commiffaires nommés 129: pour le partage des terres, favoir C. tés du Gracchus, C. Carbon, & M. Fulvius Partage Flaccus, (ces deux derniers avoient

C 6

fuc

a Quod fupereft, nefcioltam fceleratam C. Atinii morumne gloriæ, an in- audaciam femper fuiffe dignationis dolori acce-inultam. Piis. VII, 44. dat, inter tot Metellos

des ter

res.

AN. R. fuccédé, l'un à Ap. Claudius, & l'autre à P. Craflus) commençoient Av. J.C.à exciter de grands troubles dans

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129.

Rome. La difcuffion dont ils étoient chargés, étoit la plus difficile, la plus compliquée, & la plus embarraffante qu'on puiffe imaginer. Les divers changemens arrivés dans les terres dont il s'agiffoit par le tranfport des limites, par des mariages qui les avoient fait paffer d'une famille dans une autre, par des ventes ou réelles & faites de bonne foi, ou fimulées & couvertes par une longue & paisible poffeffion, ne permettoient pas de difcerner lefquelles de ces terres appartenoient au public ou aux particuliers; lefquelles étoient poffédées par leurs maîtres fur des titres légitimes, ou en conféquence d'une injufte quoiqu'ancienne ufurpation. C'étoient ces difficultés devenues infurmontables par la longueur du tems, qui, comme nous l'avons déja obfervé, avoient toujours fait improuver aux plus fages & aux plus gens de bien de la République ces nouveaux partages de terres qui auroient caufé dans la plupart des familles un bouleverfement étrange &

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