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AN. R.
. J.C.

623.
Av.

moins l'agréable que l'utile, moins ce qui n'eft que pour l'ornement, que ce qui tend à perfectionner les mœurs. 129. Sentant combien il devoit aux lettres, il leur fut fidélement attaché : & après s'y être livré avec ardeur dès fa jeuneffe, il entretint toujours commerce avec elles, même dans le tems de ses plus grandes occupations. On peut voir ce que j'ai dit fur ce fujet en parlant de la vie privée de ce grand homme. J'ajouterai ici que Xénophon a fut fon auteur favori. Ily trouvoit tout ce qu'il pouvoit défirer, délaffement agréable, inftructions folides & pour la morale, & même pour la guerre, qu'il ne perdoit jamais de

vûe.

A tous ces avantages ineftimables qu'il retira de l'étude des beaux Arts, ajoutons qu'il fe forma auffi par la même voie au talent de la parole, fi néceffaire dans une République où les affaires de l'Univers fe décidoient par les délibérations du Sénat & du Peuple. J'ai déja obfervé que Cicéron ne faifoit pas moins de cas de l'éloquence de Scipion que de celle Tom. IX.

de

a Africanus femper So-in manibus habebat. Tufc. craticum Xenophontem Quaft. 11. 62.

623. Av. J.C.

149.

AN. R.de Lélius: & il la caractérise par des traits tout-à-fait convenables à un auffi grand homme, a la majesté, l'autorité, la force des penfées, la noblesse & l'élévation des fentimens. On y fentoit un chef, qui donnoit le ton au Peuple, bien loin de le prendre de lui.

Scipion raffembloit donc en lui feul toutes les vertus qui font l'homme de guerre, l'homme d'Etat, & l'homme de bien. Mais ce qui eft unique, c'est que fur une fi belle vie l'Hiftoire ne remarque aucune tache: elle le loue fans exception: & toute fa conduite n'offre rien qui ait befoin d'apologie.

L'autorité & les confeils de Polybe lui furent très-utiles, comme je l'ai déja dit, pour parvenir à ce haut degré de gloire. Grand exemple pour les jeunes Seigneurs. I's trouveroient encore des Polybes s'ils en cherchoient, & ils pourroient eux-mêmes devenir des Scipions.

Pendant les deux années qui fuivirent la mort de Scipion l'Africain, 'Hiftoire ne nous fournit rien touchant

a Quanta illa, dii imsnortales fuit gravitas? C'eft Lélius qui parle d'un difcours de Scipion') quanta

in oratione majeftas? ut facilè ducem populi Ro mani non romitem diceres. De Amic, n. 95.

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129.

chant les conteftations auxquelles AN. R. donnoit lieu la diftribution des ter-623., Av. J.C.. res. Nous apprenons feulement de Plutarque que Caïus tenoit toujours la Nobleffe en inquiétude par les vertus & les talens qu'il faifoit paroître en fa perfonne. On le voyoit Caïus infiniment éloigné de l'oifiveté & de s'exerce la molleffe, ne fe livrant ni à la dé- dans l'éloques bauche ni au foin de s'enrichir, & de ce. plus s'exerçant à l'éloquence, qui lui fourniffoit des armes propres à foutenir les combats de la place publique. On a fait qu'à Rome il n'y avoit que deux voies pour arriver aux premiéres dignités, le mérite de bon Général, & celui d'habile Orateur. On mettoit prefque de niveau ces deux talens, dont l'un défendoit l'Etat contre les ennemis du dehors, & l'autre fecouroit au dedans les citoyens, & la République même.

Caïus donna des preuves du pro grès qu'il avoit fait par rapport à l'é loquence dans une caufe qu'il plaida pour un de fes amis nommé Vettius. Le Peuple fut fi ravi & fi transporté,

D 2

du

a Duæ funt artes quæ Ab hoc enim pacis orna-
poffunt locare homines menta retinentur: ab it-
in ampliffimo gradu di- lo belli pericula rep
gnitatis: una imperato- luntur. Pro Mar. 30.
ris, altera oratoris boni

623.

129.

AN. R. du plaifir de l'entendre, qu'il ne put Av. J.C. s'empêcher d'en témoigner publiquement fa joie. Il crut voir renaître en fa perfonne un fecond Tibérius, & un nouveau protecteur des Loix Agraires. Auffi, dit Plutarque, Caïus fit juger en cette occafion que les autres Orateurs n'étoient que des enfans auprès de lui. Ce grand fuccès le rendit de plus en plus fufpe&t & redoutable aux Nobles; & dès lors ils convinrent qu'il falloit prendre toutes fortes de mefures pour l'empêcher de parvenir au Tribunat.

AN. R.

826.

Av. J.C.

126. Caius

M. EMILIUS LEPIDUS.
L. AURELIUS ORESTES.

Caïus ayant été élu Quefteur, le paffe en fort lui donna pour département la Sardai- Sardaigne fous les ordres du Conful gne en Orefte. La Quefture étoit le premier qualité de Que- degré, qui menoit enfuite aux autres teur. dignités. Ses ennemis furent très-con

tens de le voir obligé par fa charge de s'éloigner de la Ville & des Affemblées du Peuple; & lui, de fon côté, n'en eut pas moins de joie qu'eux, parce qu'il aimoit naturellement la guerre, & qu'il ne s'étoit pas moins exercé aux armes qu'à l'éloquence.

3

126.

D'ailleurs, redoutant encore la Tri- AN. R.
bune qui avoit été fi funefte à fon fré-626.1
Av. J.C.
re, & ne fe fentant pas affez de force
pour réfifter au Peuple & à fes amis
qui l'y appelloient, il faifit avidement
l'occafion de cette abfence, qui lui
étoit devenue néceffaire, & qui étoit
fort felon fon goût.

Caius.

Divin.

Val.

Max.

I. 7.

Si cela eft, il paroitroit que ce fut Sonplutôt par néceffité, que par choix, ge de qu'il fe jetta dans les affaires du Gouvernement. Il eft certain au moins que Caïus vouloit qu'on le crût. Car Cic. de au rapport de Cicéron, il racontoit 1.6. lui-même à quiconque vouloit l'en- Plut. tendre un fonge qui fuppofe en lui une répugnance vaincue par la feule fatalité. Il difoit que dans le tems qu'il demandoit la Quefture, fon frére Tibérius s'apparut à lui en fonge, & lui dit: Caius, tu as beau fuir: les deftins te préparent un fort femblable au mien. Caïus étant arrivé en Sardaigne, Sage donna toutes fortes de preuves d'un te de raré mérite. Il fe diftingua au deffus Caius de tous les jeunes gens par fa valeur en Sarcontre les ennemis, par un caractére daigne. d'équité & de juftice envers ceux qui dépendoient de lui, par fon affection & fon respect pour son Général. Mais

y

condui

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