Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Ini, & qui fut agréé par le cardinal de Richelieu, en 1631. Renaudot en ob. tint le privilège. Son fils, premier médecin de feu monfeigneur, & fon petitfils, le fameux abbé Renaudot de l'académie Françoife, & l'un des plus fçavans hommes de fon fiècle, en ont joui également. Le duc d'Orléans le tranfmit, en 1716, à titre de furvivance, à M. de Verneuil, fecrétaire du cabinet, neveu & digne héritier de ce même fçavant académicien,

[ocr errors]

5, la vérité, où, reçue au moment de fa naiffance, elle prend des forces pour faire en peu de temps », le tour du monde entier; où une fimple & fidèle > narration des faits, ne l'enlevant point au com›, mun des hommes, la rend plus estimable aux fa

ges, aux habiles, & la foutiendra toujours con>tre les ornemens qui la défigurent ou qui la dé 1⁄2 créditent dans la plupart des autres livres ".

224

DOM ARMAND-JEAN

LE BOUTHILLIER DE RANCÉ,

ABBÉ DE LA TRAPPE,

AVEC

LES BÉNÉDICTINS.

CET effrayant réformateur de la Trappe, né à Paris le 9 janvier 1626, eft un des plus grands exemples de l'empire de l'imagination: il fuivit les

extrêmes en tout. Son enfance annonça fon caractère. Il ne fe livra qu'avec une espèce de fureur à l'étude. Aufsi, dès l'âge de douze ans, publia-t-il une nouvelle édition des poëfies d'Anacréon, avec des notes Grecques, qui font l'ouvrage de fon précepteur, & qui ne font elles-mêmes que des extraits du grand commentaire d'Euftathe de Theffalonique fur Homère. Peu de temps après, il donna une traduction Françoise du même poëte. A feize ans, il étoit très-verfé dans l'étude des pères. Étudiant en Théologie, il paffoit la plupart des nuits à s'instruire à

fond de ces matières: il prit fes dégrés en Sorbonne avec la plus grande diftinction. Le cours de fes études fini, à peine entre-t-il dans le monde, qu'il fe livre à toutes les paffions, & principalement à celle de l'amour. On veut mime qu'elle ait occafionné la converfion (*): d'autres prétendent que, fon averfion pour le monde fut caufée par la mort ou par les difgraces de quelques-uns de fes amis, ou bien par le bonheur qu'il eut d'etre forti, sans aucun mal, de plufieurs grands périls: peut-être tous ces motifs, réunis, contribuèrent à fon changement de vie. Du moment qu'il le projetta, il eût voulu s'ifoler du monde entier. Un cloître fembloit devoir lui convenir mais l'idée de cloître le révoltoit. Moi devenir frère Frocar! répondit-il un jour à un évêque de fes amis qui lui confeilloit de prendre ce parti. Toutes

(*) On lit, dáns faint Evremont, que l'abbé de Rancé au retour d'un voyage, allant pour vo'r fa maîtreffe, dont il ignoroit la mort, monta par un efcalier dérobé, &, qu'étant entré dans l'appartement, il trouva fa tête dans un plat. On l'avoit féparée du corps, parce que le cercueil de plomb qu'on avoit fait faire étoit trop petit.

les autres particularités de fa vie font:

très-connues.

pour

Il ne parut plus à la cour: il vendit fa terre de Veret trois cent mille livres, les donner à l'Hôtel-Dieu de Paris: il fe démit de prefque tous fes bénéfices: il ne conferva que le prieuré de Boulogne de l'ordre de Grammont, & fon abbaye de la Trappe de l'ordre de Cîteaux. Les religieux de cette abbaye y vivoient dans le plus grand dérèglement. L'abbé de Rancé, tout rem pli de fes projets de retraite, demande au roi, & obtient de lui un brevet, afin. de pouvoir tenir l'abbaye de la Trappe: en règle. Il prend enfuite l'habit régu lier, eft admis au noviciat, l'an 1663,. dans le monaftère de Notre-Dame de Perfeigne, étant âgé pour lors de trente fept ans & quelques mois.

Auffitôt qu'il eut fait profeffion, il fe rendit à fon abbaye: il y prêcha fi: vivement fes religieux, & de bouche & d'exemple, que, de ce lieu, l'afyle. des fatyres des bois, il en fit la retraite de s plus auftères pénitens (*), Il éten-

(*) Il eft à remarquer cependaur que leurs aufté-rités n'approchent point encore de celles des moines

dit fes idées de réforme au-delà de fon abbaye. Il eût voulu faire dans tous les monaftères ce qu'il avoit fait dans le fien. Il propofa des plans d'austérité qui lui fufcitèrent bien des ennemis. Il étoit furtout dans l'opinion que les études font nuifibles aux moines. La lecture de l'écriture fainte & de quelque traité de morale, voilà toute la fcience qu'il difoit leur convenir. Illes condamnoit à confacrer tout le reste du temps au travail des mains, ou bien à la prière. Pour appuyer fon idée, qu'ils ne devoient ni faire ni lire des livres, il en compofa un lui-même de la fainteté des devoirs de l'état monaftique.

Cet ouvrage étoit à la fois la juftifi

du mont Athos, ni même de celles des Fakirs-Indiens, s'il eft permis de comparer des objets religieux avec des fuperftitions payennes. Obfervons encore, en paffant, que l'ordre de la Trappe n'eft que toléré. Suivant une tradition, fur laquelle on ne sçauroit: faire de fond, Pefpérance d'être approuvé lui fit recevoir la fameufe conftitution unigenitus; démarche : inutile jufqu'ici. Que doit-on, en effet, penfer d'un ordre où les règlemens, multipliés à l'infini, tiennent lieu de tout; où l'inftruction eft fi rare, & où l'on paroît le barner à des pratiques extérieures de religion. Ce qu'on pourroit dire d'un autre côté en fa faveur, c'eft que la religion confifte plus dans la pratique que dans la Théorie.

« AnteriorContinuar »