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vous mandons & enjoignons de faire jouir l'Expofant ou fes ayans caufe, pleinement & paifiblement, fans fouffrir qu'il leur foit fait aucun trouble ou empêchement. VouJons que laCopie des Prefentes qui fera imprimée au commencement ou à la în dudit Livre, foit tenue pour dûëment fignifiée, & qu'aux copies collationnées par l'un de nos amez & feaux Confeillers-Secretaires, foy foit ajoutée comme à l'original. Commandons au premier nôtre Huiffier ou Sergent, de faire pour l'execution d'icelles tous Actes requis & néceffaires, fans autre permiffion, & nonobftant clameur de Haro Charte Normande, & Lettres à ce contraires: CAR tel eft nôtre plaifir. DONNE' à Verfailles le huitième jour de Janvier l'an de Grace mil fept cens huit,& de nôtre Regne le foixante-cinquième. Par le Roy en fon Confeil. LE COMTE.

Regiftré fur le Regiftre N. 2. de la Com munauté des Libraires & Imprimeurs de Pavis, page 299. N.371. conformément aux Reglemens, & notamment à l'Arreft du Confeil du 13. Aoust 1703. A Paris ce 12 Janvier 1708. LOUIS SEVESTRE, Syndic

DE LA RECH

DE

LA RECHERCHE

DE

LA VERITÉ.

LIVRE PREMIER.

DES SEN.S.

CHAPITRE PREMIER.

I. De la nature & des proprietez de l'entendement, II. De la nature & des proprietez de la volonté, & ce que c'eft que la liberté.

'ERREUR eft la caufe de la mifere des hommes; c'eft le mauvais principe qui a produit le mal dans le monqui fait naître & qui entretient dans nôtre ame tous les maux Tome I

de; c'est è le

A

qui nous affligent, & nous ne devons point efperer de bonheur folide & veritable, qu'en travaillant ferieu fement à l'éviter.

L'Ecriture-Sainte nous apprend, que les hommes ne font miferables, que parce qu'ils font pecheurs & criminels; & ils ne feroient ni pecheurs, ni criminels, s'ils ne fe rendoient point esclaves du peché en consentant

à l'erreur.

S'il eft done yrai, que l'erreur foit l'origine de la mifere des hommes, il eft bien jufte que les hommes faffent effort pour s'en délivrer. Certainement leur effort ne fera point inutile & fans récompenfe, quoi qu'il n'ait pas tout l'effet qu'ils pourroient fouhaiter. Si les hommes ne deviennent

infaillibles, ils fe tromperont beaucoup moins ; & s'ils ne fe délivrent pas entierement de leurs maux ils en éviteront au moins quelquesuns. On ne doit pas en cette vie efperer une entiere felicité, parce qu'icibas on ne doit pas prétendre à l'infaillibilité: mais on doit travailler fans ceffe à ne se point tromper, puifqu'on fouhaite fans ceffe de fe délivrer de Les miferes. En un mot, comme on

defire avec ardeur un bonheur, fans l'efperer; on doit tendre avec effort à l'infaillibilité, fans y prétendre.

xiéme.

Il ne faut pas s'imaginer, qu'il y ait beaucoup à fouffrir dans la recherche de la verité: Il ne faut que fe rendre attentif aux idées claires que chacun trouve en foi-même, & fuivre exactement quelques regles que nous donnerons dans la fuite. L'exactitude de Livre fig l'efprit n'a prefque rien de penible: ce n'eft point une fervitude comme l'imagination la reprefente; & fi nous y trouvons d'abord quelque difficulté, nous en recevons bien-tôt des fatisfactions qui nous récompenfent abondamment de nos peines; car enfin il n'y a qu'elle qui produife la lumiere, & qui nous découvre la

verité.

Mais fans nous arrêter davantage à préparer l'efprit des Lecteurs, qu'il eft bien plus jufte de croire affez portez d'eux-mêmes à la recherche de la verité, examinons les caufes & la nature de nos erreurs ; & puifque la methode qui examine les chofes en les confiderant dans leur naiffance & dans leur origine, a plus d'ordre & de lu, miere, & les fait connoître plus

1.

De la natu

ment.

fond que les autres, tâchons de la mettre ici en ufage.

L'efprit de l'homme n'étant point redes pro. materiel ou étendu, eft fans doute prietez de une fubftance fimple, indivisible, & Pentende fans aucune compofition de parties: mais cependant on a coûtume de diftinguer en lui deux facultez, fçavoir, Pentendement & la volonté, lefquelles il eft neceffaire d'expliquer d'abord pour attacher à ces deux mots une notion exacte: car il femble que les notions ou les idées, qu'on a de ces deux facultez, ne font pas affez nettes, ni affez diftinctes.

Mais parce que ces idées font fort abftraites, & qu'elles ne tombent point fous l'imagination, il femble à propos de les exprimer par rapport aux proprietez qui conviennent à la matiere, lefquelles fe pouvant facilement imaginer, rendront les notions, qu'il eft bon d'attacher à ces deux mots entendement & volonté, plus diftinctes & même plus familieres. Il faudra feulement prendre garde, que ces rapports de l'efprit & de la matiere ne font pas entierement juftes; & qu'on ne compare enfemble ces deux chofes, que pour rendre l'efprit

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