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CHAPITRE VI..

1. Que les fibres du cerveau ne font pas fujettes à des changemens fi prompts que les efprits. II. Trois différens changemens dans les trois differens ages.

I.

du cerveau ne

changemens

Quites les parties des corps vivans font dans un mouvement Que les fibres continuel, les parties folides & les font pas fluides, la chair auffi-bien que le i tes à des fang. Il y a feulement cette diffé-fi prompts rence entre le mouvement des unes que les ef prits. & des autres, que celui des parties du fang eft vifible & fenfible, & que celui des fibres de nôtre chair eft tout-à-fait imperceptible. Il y a donc cette différence entre les efprits ani-maux & la fubflance du cerveau, que les efprits animaux font tresagitez & tres-fluides, & que la fubflance du cerveau a quelque folidité. & quelque confiftance. De forte que les efprits fe divifent en petites parties, & fe diffipent en peu d'heures, en tranfpirant par les pores des vailleaux qui les contiennent; & il

1

II.

Trois change

mens confide

en vient fouvent d'autres en leur place qui ne leur font point du tout femblables. Mais les fibres du cerveau ne font pas fi faciles à fe diffiper; il ne leur arrive pas fouvent des changemens confidérables; & toute leur fubftance ne peut changer qu'aprés plufieurs années.

Les différences les plus confidérables qui fe trouvent dans le cer-tables qui ar veau d'un même homme pendant Les trois dif. toute fa vie, font dans l'enfance, férens âges dans l'âge d'un homme fait, & dans la vieilleffe.

rivent dans

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Les fibres du cerveau dans l'enfance font molles, fléxibles & délicates. Avec âge elles deviennent plus féches, plus dures, & plus fortes. Mais dans la vieilleffe elles font tout-à-fait infléxibles, ou n'obéïffent que difficilement au cours des efprits animaux, & de plus elles font groffiéres, & mêlées quelquefois avec des humeurs fuperflues, que la chaleur tres-foible de cet âge ne peut plus diffiper. Car de même que nous voyons que les fibres qui compofent la chair, fe durciffent avec le temps, & que la chair d'un perdreau eft fans contestation plus tendre que celle

d'une vieille perdrix: ainfi les fibres du cerveau d'un enfant ou d'un jeune homme doivent être beaucoup plus molles & plus délicates que celles des perfonnes plus avancées en âge. L'on reconnoîtra la raifon de ces changemens, fi on confidére, que ces fibres font continuellement agitées par les efprits animaux, qui coulent à I'entour d'elles en plufieurs différentes maniéres. Car de même que les vents féchent la terre, fur laquelle ils foufflent, ainfi les efprits animaux par leur agitation continuelle rendent peu à peu la plupart des fibres du cerveau de l'homme plus féches, plus comprimées, & plus folides, en forte que les perfonnes plus âges les doivent avoir prefque toûjours plus infléxibles, que ceux qui font moins avancez en âge. Et pour ceux qui font de même âge, les yvrognes qui pendant plufieurs années ont fait excez de vin, ou de femblables boiffons capables d'enyvrer, doivent les avoir auffi plus folides, & plus infléxibles, que ceux qui fe font privez de ces boiffons pendant toute leur vie.

Or les différentes conftitutions:du.

cerveau dans les enfans, dans les hom mes faits, & dans les vieillards, font des caufes fort confidérables de la différence qui fe remarque dans la faculté d'imaginer de ces trois âges defquels nous allons parler dans la fuite. Commençons par l'examen de ce qui arrive au cerveau d'un enfant, lorfqu'il eft dans le fein de fa mere.

CHAPITRE VII.

I. De la communication qui eft entre le cerveau d'une mère & celui de for enfant. II. De la communication qui eft entre notre cerveau & les autres parties de nôtre corps, laquelle nous porte à l'imitation & à La compaffion. III. Explication de la génération des enfans monftrueux, & de la propagation des espéces IV.Explication de quelques déréglemens d'efprit & de quelques inclinations de la volonté. V. De la concupifcence & du péché originel. VI. Ob jections & réponses..

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que nous avons des rapports naturels à tout ce qui nous environne, lefquels nous font tres-utiles pour la confervation & pour la commodité de la vie: Mais tous ces rapports ne font pas égaux. Nous tenons bien davantage à la France qu'à la Chine, au Soleil qu'à quelque étoile, à nô tre propre maifon qu'à celle de nos voisins, Il y a des liens invifibles qui nous attachent bien plus etroitement aux hommes qu'aux bêtes; à nos parens & à nos amis qu'à des étrangers; à ceux de qui nous dépendons pour la confervation de nôtre être, qu'à ceux de qui nous nẹ craignons & n'efpérons rien.

Ce qu'il y a principalement à re marquer dans cette union naturelle qui est entre nous & les autres hommes, c'eft qu'elle eft d'autant plus grande, que nous avons davantage befoin d'eux. Les parens & les amis font unis étroitement les uns aux autres on peut dire que leurs dou leurs & leurs miféres font communes, auffi-bien que leurs plaifirs & leur félicité; car toutes les paffions & tous les fentimens de nos amis fe communiquent à nous par l'impref-

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