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Le Gou

la ville

tara fe

de grandes

de partir avoit reçu les Patentes des deux Rois, qui le déclarerent Generaliffime de leurs armées, tant de terre que de mer, avec le pouvoir de faire fervir les Officiers & les troupes des vaiffeaux de la maniere qu'il le jugeroit à propos, felon les differentes conjonctures.

Tandis que tout fe préparoit à commenverneur de cer le fiége de Barcelonne, le Roi de Pord'Alean tugal & Milord Galloway fon Generaliffilaiffe é- me employoient la rufe & l'artifice pour blou r par corrompre la fidelité du Gouverneur d'Alpromeffes cantara. Ce perfide fe laiffant ébloüiir par les grandes promeffes qu'on lui fit, dès les premieres approches des Anglois & des Hollandois, leur livra une porte de la ville. Alors cet indigne Gouverneur fe voyant le plus fort, fit ôter les armes à tous fes foldats, qui furent contraints de fe rendre à difcretion, n'étant plus en état de fe défendre. Milord Galloway originaire de France, où il s'appelloit le Marquis de Ruvigny, conduifit cette entreprise en faveur des Alliez, & s'empara de la ville d'Alcantara, fituée en Eftremadure, fur les bords du Tage.

Milord Peterboroug après p'ufieurs remiles, par it enfin du Royaume de Valence, & fe rendit à Barcelonne, pour concerter avec l'Archiduc les mesures l'on devoit prendre pour la défenfe de

que

cette importante Place. En effet, dès le lendemain le Camp des affiégeans fut attaqué par trois differens endroits. Cette attaque dura pendant deux heures : Les Alliez perdirent mille ou douze cens hommes; les Milords Ruffel & Dunnegal furent faits prifonniers, & conduits fur les vaiffeaux du Maréchal de Cœuvres. Lé lendemain de ce combat la garnison de Montjoüi fortit pendant la nuit, & rentra dans Barcelonne, pour ne pas fouffrir l'asfaut que l'on fe difpofoit à donner: Les affiégeans y drefferent incontinent des batteries pour tirer fur la ville que ce Fort commande. Nonobftant ces heureux commenceniens, l'armée du Roi d'Espagne n'étant pas affez nombreuse pour enveloper toute la ville, les affiégeans pouvoient aifément recevoir tous les fecours dont ils pourroient avoir befoin. C'est la coûtume ordinaire des Efpagnols d'employer trop de tems à déliberer, au lieu d'agir. Cette lenteur fut la premiere cause du mauvais fuccés du fiége de Barcelonne, que l'on fut enfin contraint d'abandonner faute de vivres & des autres chofes néceffaires. Dès que le Comte de Toulouse fut parti des côtes de Catalogne, pour retourner en Provence, la Flotte des Alliez arriva devant Barcelonne, & ravitailla la ville, après avoir débarqué huit ou dix

On leve

Barcelon

jours de

ouverte,

mille hommes, dont on fit entrer quatre mille dans la Place. Dès lors on perdit l'efperance de la prendre ; & quand même on auroit pû le faire, on fe feroit trouvé tout à coup affiégé du côté de la mer par la Flotte des Alliez, & du côté de la campagne par leur armée de terre, & les nombreufes troupes des Catalans révoltez, lefquels perfifterent toûjours dans leur rebellion, nonobftant la préfence du Roi d'Efpagne & de fes troupes, & de l'anniftie générale qu'il leur avoit offerte en entrant dans la Catalogne.

Enfin après avoir bien déliberé, la nuit le fiége de du onze au douze de Mai on leva le Siége, ne aprés qui duroit depuis trente-fept jours de trente-fept tranchée ouverte. Ce qu'il y eut encore tranchée de plus fâcheux, on fut contraint d'enclouer le canon, de laiffer huit cent malades ou bleffez à la difcretion des ennemis, de brûler une grande partie des provifions de bouche, & des munitions de guerre, parce que l'on manquoit de chevaux & de chariots pour les tranfporter, Si les Efpagnols fe fuflent mis en état de commencer ce Siége pendant l'hyver, avant que la Flotte des Alliez eût pû portër du fecours à Barcelonne, on fe feruit rendu les maîtres de la ville. 97

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Quoi que l'armée ennemie fuivit & cotoyât celle du Roi d'Efpagne, ce Prince

fit fa retraite en bon ordre,& retourna en Caftille par la Navarre. L'armée de France prit le chemin du Rouffillon, fous la conduite du Maréchal de Teffé. Quoique le nombre des rebelles de Valence & de Catalogne fût très-grand, il ne l'étoit pas encore affez pour renverser le trône de Philippe V. Mais d'un autre côté, le nombre des fujets demeurez fidéles à ce Prince, dans cette révolution, n'étoit pas fuffifant pour lui conferver la Couronne d'Efpagne. Le zele de la Reine d'Angleterre & des Hollandois pour l'Archiduc d'Autriche, & les grandes dépenfes qu'ils, faifoient pour lui mettre fur la tête la Couronne d'Espagne étoient au-deffus des efforts que les Espagnols pouvoient faire en faveur de Philippe V.

Tout fe difpofoit en Italie pour faire 1706. le fiége de Turin; mais en attendant ce grand évenement, le Duc de Vendôme prit la réfolution de donner bataille aux Imperiaux, retranchez entre Montechiaro & Calcinato, fur la frontiére du Breffan, dans un pofte très-avantageux, & coupé par un grand nombre de canaux & de foffez qui en rendoient l'abord fort difficile. La difficulté des chemins & des paffages entrecoupez avoit retardé la marche des troupes Françoises ; cependant ce Prince ne voulant pas donner aux ennemis le tems

de refpirer, les fit attaquer brufquement à la portée du pistolet, n'ayant encore autour de lui que douze bataillons, deux brigades de Cavalerie, & cinq Régimens de Dragons. Il avoit défendu de tirer, & fit d'abord mettre la bayonnette au bout du fufil; de forte qu'après le premier feu des Allemans les François marcherent à eux tête baiffée, renverferent leur Infanterie, & même une partie de la Cavalerie. Pendant le combat le reste de l'Infanterie Françoife arriva, jufques au nombre de quarante bataillons, dont on forma sept brigades, qui firent un grand carnage des ennemis, lefquels jetterent leurs armes, pour fuir avec moins d'embarras. On prit le Bourg & le Château de Calcinato, étoient leurs équipages & leurs bagages, qui furent abandonnez aux fo'dats, & qu'ils pil'erent à loifir le vingt & le vingt-uniéme jour d'Avril. On tua plus de trois mille Imperiaux à cette bataille de Calcinato, &l'on fit unpareil nombre de prifonniers.. Ils perdirent leur canon, leurs drapeaux, leurs étendards avec le bagage. Dans l'armée des deux Couronnes il n'y eut que fept à huit cens hommes tuez ou bleffez, dautant que les Imperiaux après la premiere attaque ne fe battirent plus qu'en retraite & foiblement. Le Prince Eugene de Savoye ne se trouva point à ce combat;

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