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nier dès le commencement du combat. Le Prince Eugene voyant fon entreprise échoüée, fe retira fur les cinq heures du foir par la même porte par laquelle il étoit entré. Il eut le chagrin de laiffer plus de deux mille morts, & plus de mille prifonniers. Le Roi envoya le Collier de l'Ordre du Saint-Elprit au Comte de Revel, & fit Lieutenant General de fes armées le Marquis du Pleffis Praflin.

Le Roi donna le commandement de l'armée d'Italie au Duc de Vendôme depuis la prifon du Marechal de Villeroi, que l'on conduifit d'abord à Infpruck & enfuite à Lintz dans la haute Autriche fur le Danube.

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On efperoit toûjours à Madrid que le Roi d'Espagne y retourneroit de Barcelonne avec la Reine fon Epoufe après leur mariage; mais la conjoncture des affaires obligea ce Prince de changer de deffein & de paffer à Naples pour achever par fa prefence de diffiper les diffentions inteftines qui troubloient la paix de ce Royaume. Le Roi fit communiquer à fon Confeil d'Etat la réfolution qu'il avoit prife de paffer à Naples, pour être en état de donnerordre de plus près aux affaires d'Italie. Il attendoit les vaiffeaux que le Comte d'Etrées devoit lui amener de France pour le conduire. Avant que de partir Sa Ma

pour

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jefté Catholique nomma un Confeil expedier les affaires durant fon abfence compofé du Cardinal Portocarrero Archevêque de Tolede, pour préfider avec la même autorité qu'avoit la Reine, de Dom Manuel Arias, du Duc de Montalte, du Marquis de Mancera, du Comte de Monterey, du Duc de Medina Celi & du Marquis de Villa Franca Major - d'hommeMayor.

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L'affaire du Marquis del Vafto caufa de grands mouvemens dans les Cours de Vienne & de Rome. Le Pape fit afficher en plufieurs endroits de Rome & aux portes du Palais du coupable un Monitoire par lequel il étoit ordonné à Cefar. Michel Ange d'Avalos, Marquis del Vafto, & de Pefcaire de fe reprefenter en perfonne dans trois jours, à faute de quoi il feroit déclaré convaincu de tous les crimes mentionnez dans le Procès, & condamné à avoir la tête tranchée & tous les biens confifquez. Ce Marquis avoit répanda dans le public que deux de fes domestiques féduits & fubornez par le Cardinal de Janfon avoient comploté de l'affaffiner. Ces domestiques appliquez à la queftion pour confeffer ce crime, le nierent toûjours conftamment. Le Marquis del Valto pour éviter la punition de cette calomnie fe re tira, mais il fut condamné à avoir la tête

:

tranchée

pour l'attentat commis contre la perfonne du Cardinal de Janson, respectable par fa naissance, par les dignitez de Cardinal & d'Evêque, & par fa bonne réputation connuë de tout le monde.

CHAPITRE II.

La mort du Prince d'Orange Roi d'Angleterre. Louis XIV. follicite en vain les Hollandois de faire la paix. Ils continuënt la guerre.

E Prince d'Orange Roi d'Angleterre étant à la chaffe tomba rudement de cheval. Depuis cette chûte il fe fentit toûjours incommodé. Une diarrhée, la fié-. vre & des vomiffemens fréquens le réduifirent à la derniere extremité, parce qu'il ne pouvoit retenir aucune nourriture, & qu'il ne fubfiftoit que par le moyen de quelques taffes de chocolat. Les jambes, les genoux, les cuiffes lui enflerent: les Medecins défefpererent de fa vie : il mourut en effet le dix-neuviéme jour d'Avril âgé de cinquante & un an. La Princeffe de Dannemark feconde fille du Roi Jacques Stuard fut proclamée Reine d'Angleterre, conformément à l'Acte fait depuis la révolution, pour regler la fucceffion à la Cou

Le Roi

follicite

les Hollan dois de faire la

ronne d'Angleterre. A l'ouverture de font corps on trouva toutes fes entrailles entierement deffechées. Dans la harangue que fit la Reine, elle dit qu'il étoit neceffaire de continuer les préparatifs que faifoit le feu Roi pour s'oppofer à la trop grande puiffance de la France, & pour foûtenir les interêts des Alliez. Elle patut dans la Chambre des Seigneurs fur le Trone & la Couronne en tête, & nomma des Commiffaires pour établir la fucceffion de la Couronne.

Le Comte de Marlebouroug qui aura dans la fuite tant de part à cette histoire,notifia aux Etats Generaux, en qualité d'Ambaffadeur extraordinaire de la Reine, la mort du Roi d'Angleterre. Il les affura que cette Princeffe étoit réfolue de continuer tous les Traitez, & de concourir avec les Alliez pour l'execution des grands deffeins du feu Roi, pour foûtenir les interêts des ennemis du Roi d'Espagne.

Dans le même tems le Roi de France de France fit ime nouvelle tentative pour engager les Etats Generaux à faire la paix. Il leur envoya un Mémoire dans lequel il leur faifoit fouvenir des obligations que leur Répu blique avoit aux Rois fes prédéceffeurs & des avantages qu'il venoit lui-même de procurer aux Hollandois dans le Traité de Rifwick pour le bien de leur commerce.

paix.

Que cependant ils avoient fait des alliances avec les ennemis du Roi d'Espagne, pour envahir les Etats. Il leur reprefentoit qu'étant délivrez de l'alliance, ou du joug du Roi d'Angleterre, ils pouvoient agir maintenant avec toute forte de liberté pour leurs véritables interêts.

pour

Les Hollandois réfolus à faire la guerre ayant pris des engagemens avec les ennemis des deux Couronnes, répondirent en general, qu'ils n'avoient rien oublié le conferver toûjours l'amitié du Roi de France; mais enfin que voyant leur barriere occupće, leur Etat environné & bloqué de toutes parts, ils fe font trouvez obligez d'armer & d'implorer le fecours de leurs Alliez pour conferver leur liberté. Ils difoient encore dans leur réponse, que le feu Roi d'Angleterre n'avoit eu en vûë que la confervation de leur Religion & de leur liberté, qu'ils vouloient fuivre les mêmes principes, fans fe départir des Alliances qu'ils avoient contractées.

• Après cette réponse on fe difpofa à leur faire la guerre. Le Duc de Bourgogne partit de Paris pour aller commander l'armée de Flandres en qualité de Generaliffime. Il arriva à Bruxelles le vingr-fixième jour d'Avril. Le Marquis de Bedmar accompagné de la principale Nobleffe fut au devant de lui. A l'entrée de la Ville on lui presen

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