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ta un Dais qu'il ne voulut pas accepter. Toutes les rues étoient ornées de Tapifferies & de Tableaux, les maisons furent illuminées pendant la nuit.

Le Roi Le Roi d'Espagne frere du Duc de d'Espagne Bourgogne arriva à Naples en même tems Naples. pour faire la guerre aux Alliez du côté de

arrive à

'Italie. Le jour qu'il prit poffeffion de la Ville & du Royaume, on lui fit une fuperbe Cavalcade. Le Roi alloit à cheval fous un Dais porté par les Députez des Sieges de la Nobleffe. Les Cardinaux de Janfon, Cantelmi & Medicis étoient auprès de Sa Majesté Catholique, les Grands d'Efpagne & les Seigneurs du Royaume marchoient felon leur rang. Peu de tems après la prife de poffeffion on afficha en plufieurs endroits de la Ville des placards en forme de proteftation contre les Actes de prife de poffeffion, de jurisdiction & le ferment de fidelité, comme étant nuls de plein droit par le défaut de l'Inveftiture. Ces placards avoient été apportez de Rome par des Religieux qui furent arrêtez. Ils declarerent que les Napolitains n'y avoient nulle part, & que les Partisans de l'Empereur les leur avoient donné à Rome pour diftribuer à Naples. Le Cardinal Grimani étoit le principal auteur de

ce Manifeste.

Le Roi declara d'abord que durant fon féjour

fejour à Naples, il donneroit audience a tout le monde; aux gens de qualité, aux particuliers, aux pauvres ; voulant que tous ayent un accès libre auprès de fa Perfonne. fit diminuer le prix des vivres, & remit de grandes formes duës à la Couronne depuis long-tems. Il donna la Viceroyauté de Sardaigne au Comte de

Lemos.

On fut autant touché de la pieté du Roy que de fa generofité; il vifita les principales Eglifes de Naples. Il fit fa Communion Pascale dans la Cathedrale avec une devotion qui édifia tout le monde. La Nobleffe avoit la liberté d'affilter à fon lever, à fon dîner, à fon coucher, de venir aux Appartemens, comme il fe pratiquoit à la Cour de France. Ces manieres aifées, inconnuës jufqu'alors aux Napolitains, charmerent tout le monde, & gagnerent tous les cœurs. On fat princi-: palement touché de la generofité, & de la liberalité du Roy. Les Communes de differentes Villes devoient à la Chambre Royale cinq ou fix millions d'anciens arrerages. Nonobftant les dépenfes extraor dinaires

que le Prince étoit obligé de faire pour la fureté du Royaume, il remit en-> tierement cette dette, qui donnoit lieu à de grandes vexations.

On publia de la part toy une Decla
Tome IX.

LIBERT

B

THEO

1702.

ration imprimée, par laquelle Sa Majesté Catholique accordoit à tous les Messinois exilez une Amniftie generale, & la restitution de tous leurs biens confifquez qui n'avoient pas été vendus. On les déclaroit habiles à poffeder toutes fortes de Charges, comme les autres Sujets du Roy, tant dans le Royaume de Sicile que dans les autres Etats de la Monarchie d'Efpagne.

Ce fut le 25. jour du mois de Mars, que tous les Ordres du Royaume prêterent le Serment de fidelité au Roy. Cette Ceremonie fe fit avec beaucoup de folemnité dans l'Eglife Metropolitaine : Tous les Barons ou Seigneurs qui étoient à Naples, les Députez de divers Corps du Royaume, prêterent leur Serment entre les mains du Roy. Le Baronage, ou le Corps de la Nobleffe offrit à Sa Majesté un Don gratuit de trois cens mille ducats. Le Corps de Ville voulut rencherir par-deffus la Nobleffe, & en offrit quatre cens mille.

Le Cardinal Charles Barberin, en qualité de Legat à latere, vint complimenter le Roy de la part du Pape. Ce Prince accompagné de la Nobleffe, & de tous les Grands, fortit de la Ville à une portée de moufquet, & alla au devant du Cardinal, qui fe découvrit le premier, & le mit à la gauche de Sa Majefté Catholique

fous un Dais; ils marcherent de la forte jufqu'à l'Eglife Metropolitaine; le Roy prit congé du Legat, & retourna au Palais, où le Legat fe rendit enfuite, dans l'Appartement qui lui avoit été préparé, où le Roy lui rendit la vifite, felon l'ufage. Cette Ceremonie fe termina par un grand Carrouzel qui fe fit dans la Place du Palais; aprés quoi le Roy fit grace à plus de cent prifonniers, qui furent mis en liberté fur le champ, quoi qu'ils fuffent complices de la derniere conspiration.

Aprés avoir donné tous les ordres neceffaires pour la fureté du Royaume de Naples, le Roy partit, & arriva le dixhuitième jour du mois de Juillet à Milan, dans les Caroffes du Prince de Vaudemont. Sa Majefté fut reçue avec de grandes acclamations par les peuples de cette grande Ville, dont les rues étoient tapiffées, & ornées de Tableaux. Le Cardinal Archinto Archevêque de Milan, à la tête de fon Clergé, reçut le Rov à l'entrée de la Cathedrale. La Nobleffe eut l'honneur de baifer la main du Prince. Ses manieres gracieuses & obligeantes gagnerent les cœurs des peuples du Milanez, qui lui témoignoient le même zele & les mêmes empreffemens, que les peuples du Royaume de Naples.

Dans les troubles & les conjonctures

prefentes, on n'avoit pû obferver la coutume de prefenter au Pape une Haquenée, pour l'inveftiture du Royaume de Naples, que Sa Sainteté n'avoit pas encore accordée, par un ménagement fcrupuleux pour la Maifon d'Autriche. Il étoit neceffaire Cérém. de faire quelques Actes pour la confervanie d'une tion des droits du Roy d'Espagne, de haquenée crainte que le défaut de l'a prefentation de au Pape. la Haquenée, & de la Cedule de fix mille

pre entée

Ducats pour le Royaume de Naples, ne pût porter aucun préjudice à Sa Majesté Catholique. Pour obvier à cet inconvenient, le Pape fit dreffer un Acte autentique, dans lequel il eft déclaré que le délay ne tire point à confequence, & ne peut en aucune façon préjudicier à l'ancien droit du Roy d'Espagne.

Ce Prince partit de Milan, & fe rendit à Cremone le troifiéme jour du mois de Juillet. Le Duc de Parme y vint auffi le même jour, pour faluer Sa Majefté Catholique. Le Roy eut la curiofité de voir tous les endroits où l'on combattir, lorf que le Prince Eugene au mois de Février furprit Cremone, & d'où il fut chaffé avec tous les Allemans, aprés un long & rude combat.

Pendant que le Roy d'Espagne donnoit fes ordres à Naples, & dans la Lombardie, la jeune Reine fon Epoufe agifloit

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