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Hollan

les raifons de la conduite qu'il tenoit. Sany vouloir entrer dans un plus grand détail, ni faire aucune Apologie, il fe contenta de dire, que quand on auroit fatisfait aux griefs de l'Electeur de Cologne fon frere, & aux violences exercées contre lui, & contre divers Princes d'Allemagne, au violement des Conftitutions de l'Empire, alors il fe mettroit en état de fatisfaire aux demandes qu'on lui faifoit.

Les An- Les Anglois & les Hollandois ne fçaglois & les chant comment pouvoir fe dédommager dois rava des grandes dépenfes qu'ils avoient faites Villes ma- pour l'armement de leurs Flottes, pilloient

gent les

ritimes

& ravageoient les Ports & les Villes ma'Espagne ritimes d'Efpagne où ils pouvoient faire defcente. Ils emportoient les Ornemensdes Eglifes, les Vafes facrez, les Crucifix, les Images, les Aubes, les Surplis, les habits des Moines, & des Religieufes. Ils furent affez imprudens, & mal avisez, pour aller vendre à Lifbonne ces pienfes dépouilles, dont les Portugais, naturelle

ment attachez aux ceremonies & aux dehors de la Religion, furent tres-fcandali fez. Le Roi de Portugal indigné de l'audace de ces Marchands facriléges, leur fit dire par l'Envoyé d'Angleterre, qu'il leur défendoit tres-expreffément de continuer dans fes Etats un pareil négoce.

Il y avoit fort long-tems que les Efpa

gnols n'avoient vû apporter à Madrid des Etendards pris fur leurs Ennemis. Ce fut pour eux un fpectacle tres-agréable, quand ils virent les Etendards pris fur les Allemans à la bataille de Luzara. On les porta. en grande ceremonie dans l'Eglife de Nôtre-Dame d'Atocha. La présence de la: Reine donna un nouveau luftre à cette pompe. On apprit en même tems la nouvelle de la victoire que le Maréchal de Vil lars venoit de remporter fur le Prince Loüiis de Bade; ce fut un renouvellement de joïe pour le peuple, qui donna en cette occafion toutes les marques poffibles d'un veritable attachement & d'un zele fincere pour le fervice & les interêts du Roi Catholique.. On ne fut pas moins touché de la déclaration que fit le Roy de Portugal aux Miniftres de France & d'Espagne, à l'occafion de l'Amirante de Caftille. Ils reprefente-rent à fa Majesté Portugaife, que la fuite de ce Seigneur étoit une defobéiffance formelle aux ordres du Roi d'Efpagne, aprés. avoir accepté l'Ambaffade de France, & s'être mis en chemin pour s'y rendre. LeRoi de Portugal leur répondit, qu'il ne feroit rien dont fa Majefté Catholique cût à fe plaindre contre la bonne intelligence qui. étoit entre les deux Couronnes..

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CHAPITRE III.

Le Roi d'Espagne quitte l'Italie pour retourner en fes Etats ; l'Armée navate des deux Couronnes gagne un combat fur les Hollandois. Le Marquis de Bed-mar,&le Marechal de Bouflers battent les Alliez en Flandres.

E Roi d'Efpagne voulant retourner dans fes Etats, partit de Genes fur une efcadre des galeres de France pour fe rendre à Mar feille; mais le vent ayant été contraire, il fit le voyage par terre. I ar iva le feizième jour de Decembre à Figueras, premier endroit de la domination d'Efpagne. Dès le moment qu'on apprit que le Roi étoit dans fon Royaume, le Confeil établi pour le gouvernement

des affaires de l'Etat durant l'abfence de fa Majefté, fufpendit toutes les fonctions, & dès lors on lui envoya des couriers tous les jours, pour l'informer des dépêches & des avis du Confeil d'Etat. La Reine d'Efpagne accompagnée des principaux Seigneurs, & des Dames de la Cour, partit pour aller au devant du Roi, que l'on attendoit avec une grande impatience. 1703. Enfin le seiziéme jour de Janvier, les ha

bitans de Madrid eurent la confolation de voir arriver ce Monarque qu'ils fouhaitoient avec tant d'empreffement. La Reine étoit dans fon caroffe, le Roi à cheval à la portiere, fuivi d'un peuple infini qui le reçut avec des acclamations, & des tranfports de joye qu'il eft impoffible d'exprimer. Le Cardinal d'Etrées entra dans Madrid quelques heures avant leurs Majestez.

A peine le Roi prit-il quelques momens pour fe repofer, & pour recevoir les ref pects & les complimens des Seigneurs de la Cour. Il s'appliqua d'abord aux affaires, & au reglement des troupes pour la campagne prochaine. If ordonna que les dix fept Regimens d'Infanterie Espagnole· qui étoient dans le Royaume, feroient augmentez par des recruës, & par de nouvelles levées, jufqu'au nombre de mille hommes effectifs; & que les fept Regimens de Cavalerie feroient mis fur le pied de cinq cent Maîtres. Sa Majefté voulut auffi qu'on levât cinq nouveaux Regimens de Cavalerie, un de Cuiraffiers, & quatre de Dragons. Pour fubvenir à cette dépenfe neceffaire , on fufpendit pendant quelque tems le payement des affignations; car comme la fureté publique fait celle des particuliers, leurs intérêts doiven: ceder au bien de l'Etat dans les oc

Louis

XIV. créé

France.

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cafions où la neceffité oblige d'avoir re

cours à des expediens extraordinaires pour fauver la Republique.

De fon côté le Roi de France prenoit toutes fortes de précautions pour la Couronne, & les interêts du Roi d'Efpagne fon petit-fils. Dès le commencement dix Maré de cette année il créa dix Maréchaux chaux de de France, pour commander les armées qu'il avoit en différens endroits de l'Europe, en Espagne, dans les Pays-Bas, en Flandres, en Allemagne, en Lorraine, dans le Milanez, & autres Provinces d'Italie. Cette dépenfe étoit exceffive à caufe de l'éloignement des lieux, & de la difficulté des convois. Ces nouveaux Maréchaux étoient le Marquis de Chamilli, le Comte d'Etrées, le Comte de Chateaurenaut, le Sieur de Vauban, le sieur de Rofen, le Marquis de Huxelles, le Comte de Teffé, le Marquis de Montrevel, le Comte de Tallard, & le Duc d'Harcourt, tous Officiers fignalez par leurs belles actions, & les grands fervices qu'ils avoient rendus à la Couronne.

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La Cour d'Efpagne apprit avec joye le fuccez d'un combat naval qui fe donna auprès de Setubal vers l'embouchure du Tage, entre une Escadre de vaiffeaux de guerre François, commandée par le Marquis de Coetlogon, Lieutenant general, &une Efca

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