S. Pierre cacha le S. fuaire, autrement nommé la Ve- AN. 1328. ronique, qu'il avoit en garde : ce qui caufa dans Rome Sup. liv. un grand trouble. Guc LXXVII. 2.11. Au jour marqué dix-feptiéme de Janvier Loüis fut J.Vill.c.56, couroné empereur à S. Pierre, avec l'imperatrice fa femme en grande cérémonie. Pour fupléer à l'abfence du pape, il fe fit facrer par Jaques Albertin neveu du cardinal de Prato, à qui le pape Clement V. avoit do- Ughell. to.go né en 1311. l'évêché de Caftello ou de Venife: mais P.1344Jean XXII. l'avoit dépofé & mis à fa place Barthelemi Quirini en 1322. ce qui fit que Jaques s'attacha à l'empereur. Il fut affifté en cette cérémonie par rard Orlandin évêque d'Aleria, excomunié comme Jaques. Aprés fon couronement Louis fit lire trois decrets imperiaux, par lefquels il prometoit de maintenir la foi catholique, d'honorer le clergé & de protéger les veuves & les orfelins: ce qui plut fort aux Romains: enfuite il fit célébrer la meffe, puis il alla au feftin folemnel, & toute la cérémonie dura jufqu'à la nuit ; & c'est ainfi que Louis de Baviere fe fit couroner empereur malgré le pape. n. 4* Le pape ne le favoit pas encore quand il écrivit Rain. 1328. au cardinal Jean des Urfins fon légat en Toscane, de publier que tous ceux qui pendant un an porteroient les armes contre Louis, fous les enfeignes de l'églife, gagneroient la même indulgence que s'ils faifoient le voïage de la terre fainte. Le pape prétendoit par là retarder l'arrivée de Loüis à Rome, mais il étoit depuis trois semaines, car la bulle n'eft que du vingt-uniéme de Janvier. Le pape en envoïa de semblables au cardinal Bertrand Poïet légat en Lombardie & à Ingram archevêque de Capoue chancelier du y AN. 1328. น. 7. XLII. Mort de Charles le Bel. Philipe de Valois roi Cont. Nang. de France. P.725. XLIII. Trionfe. roi de Naples. Mais quand le pape eut apris l'entrée de Louis à Rome & ce qui s'y étoit paffé, il écrivit à Ange évêque de Viterbe fon vicaire pour le fpirituel & au clergé de Rome, loüant hautement leur fidélité & leur constance, & les exhortant à perséverer. La lettre eft du vingt-feptiéme de Février. Le premier jour du même mois mourut Charles le Bel roi de France, aprés avoir regné fix ans & un mois, & en avoir vêcu trente-trois. Comme il ne laissa point d'enfant mâle la courone paffa à fon cousin germain Philipe de Valois fils du comte Charles, frere de Philipe le Bel. Le nouveau roi fut facré à Reims le dimanche de la Trinité vingt-neuviéme de Mai, par les mains de l'archevêque Guillaume de Trie, & il régna vingt-deux ans. 1274. Cette année 1328. mourut Augustin d'Ancone docAuguftin teur fameux de l'ordre des Ermites de S. Augustin, plus connu fous le nom d'Augustin Trionfe. Etant encore jeune il affifta au fecond concile de Lion en Il étoit natif d'Ancone, paffa quelque temps Cave. 1290. dans l'univerfité de Paris, & demeura plufieurs annés à Venise: mais fon principal féjour fut à Naples, où il fut extrêmement cheri du roi Charles & du roi Robert, & y mourut cette année 1328. âgé de quatrevingt-cinq ans. Son ouvrage le plus confidérable eft fa fomme de la puiffance cccléfiaftique dédiée au pape Jean XXII. où nous voïons jufqu'où l'on pouffoit alors la puissance du pape car l'auteur y foutient les propofitions fuivantes. Quaft.1.art.1. art. 3: La puiffance du pape eft la feule qui viene immédiatement de Dieu : ce qu'il explique de la puiffance de jurifdiction, tant au fpirituel qu'au temporel. La pape ar. 7. 8. puiffance du pape eft plus grande que toute autre puifqu'il juge de tout & n'eft jugé de perfone. La puiffance du eft facerdotale & roïale, parce qu'il tient la place de J.C. qui avoit l'une & l'autre : elle eft temporele & fpirituele, parce que qui peut le plus peut auffi le moins. L'auteur ne manque pas de trai- Q.4.ar. 3. ter la question tant agitée à l'occasion de S. Celeftin, favoir fi le pape peut renoncer ; & il conclud, qu'il le peut. Il foutient que le pape ne peut être déposé pour Q.5.ar.1.6.7. aucun autre crime que pour héréfie; & qu'en ce cas il peut être déposé par le concile général, & condamné même après la mort. On ne peut apeler du pape au concile général, parce que le concife reçoit du pape fon autorité. C'est au pape, comme chef de l'églife, 26. a. 6. à déterminer ce qui eft de foi ; & perfone ne peut in- 2.10.4.1.4. former de l'héréfie fans fon ordre. Voilà le fonde ment du tribunal de l'inquifition. Il n'apartient qu'au 14.4.1. 4. pape de canonifer les faints, & il ne peut fe tromper dans le jugement qu'il en fait. a. 4. 5. Le pape feul eft l'époux de l'églife univerfele: il 2.19.1.3. a jurifdiction immédiate fur chaque diocéfe, parce que la jurifdiction de tous les évêques est derivée immédiatement de lui; & quoiqu'il foit plus particulierement évêque de Rome, il peut faire par lui-même ou par fes commis en chaque diocése & en chaque paroiffe, ce que peuvent les évêques & les curés. Il eft plus convenable que le pape réfide à Rome que par 2.21.4.1. tout ailleurs, tant à cause de la dignité de la vilse, que parce qu'il en eft feigneur temporel. Cette décifion eft d'autant plus remarquable, que l'ouvrage eft dédié au pape Jean XXII. résidant à Avignon: mais l'auteur étoit Italien. Il traite enfuite de l'obéïffance 2.22.23.24. Q. 29. a. 1. Q. 28. a. 6. au pape, non feulement par les Chrétiens, mais encore par les païens & par les Juifs. Il foutient qu'il apartient au pape de punir les tyrans, même de peine temporele, en faifant précher contre eux la croîfade. Apparemment il avoit en vûë les petits tyrans dont l'Italie étoit pleine. Le pape feul peut excomunier, parce que lui feul peut féparer de la communion de tous les fidéles: les évêques ne le peuvent que par la jurisdiction qu'il leur a comuniquée & déterminée. Le pape punit les hérétiques, non-feulement de peines fpiritueles, mais encore de temporeles, favoir de confifcation des biens, & de punition corporele par bras féculier. La puiffance du pape s'étend jufques fous terre par le Q.32.4.3. moïen des indulgences, c'est-à-dire fur le purgatoire & fur les limbes des enfans qu'il peut dépoüiller l'un Q.,298 2,33.4.3. 4. 3. 4. & l'autre entiérement. Le pape pourroit élire l'empereur par lui-même, fans le miniftere des électeurs qu'il a établis. Car l'auteur fuppofe comme on le croïoit alors, que le pape Gregoire V. du temps de l'empereur Otton III. avoit établi les fept électeurs de l'empire tels qu'ils font encore: ce qui ne fe trouve dans aucun auteur du temps. Sur le même fondement il prétend que le pape pourroit changer les électeurs & les prendre d'ailleurs que d'Allemagne ; ou rendre l'empire héréditaire. Il foutient auffi que le pape ne tient point de l'empereur fon domaine temporel, quoiqu'il fupose comme 2.36.4. 3. indubitable la donation de Conftantin: parce que ce prince, dit-il, ne fit que reftituer à S.Silveftre ce qu'il poffédoit injuftement avant fon baptême. C'est par l'autorité du pape que l'empire a été transferé des Ro a. 6. 7. a. mains aux Grecs, & des Grecs aux Germains; & il le pourroit de même transférer à d'autres. L'empereur élu doit être confirmé & couroné par le pape & lui prêter ferment de fidelité: fans quoi il ne peut prendre le gouvernement de l'empire. Enfin le pape peut dépofer l'empereur & abfoudre fes fujets du ferment de fidelité,. 2.38。 Q:39. Q.40. a. 3. Tous les autres rois font aufli obligés d'obéïr aux commandemens du pape & de reconoître qu'ils tie- &45.a.1. 2. nent de lui leur puiffance temporele: comme aïant toute jurifdiction au fpirituel & au temporel en qualité de vicaire de J. C. Dieu, & quiconque fe fent grevé par qui que ce foit roi ou empereur, peut apeller de fon jugement à celui du pape. Il peut corriger tous les rois, quand ils péchent publiquement, les dépofer pour jufte caufe, & inftituer un roi en quelque roïaume que ce foit. C'eft fuivant ces maximes Boniface VIII. prétendoit corriger Philipe le Bel. Et ceci fuffit pour montrer jufqu'où les docteurs de ce temps - là pouffoient la puissance du pape, & comme à force de la vouloir relever ils la rendoient odieufe. que Louis de Baviere continuoit cependant à Rome d'agir en empereur, & le jeudi quatorziéme d'Avril il tint une affemblée ou parlement dans la place de S. Pierre étant aflis au haut des degrés de l'églife, & revêtu des ornemens imperiaux, accompagné de plufieurs prélats, de clercs, de religieux, de juges & d'a vocats. Là en préfence du peuple Romain il fit publier une loi portant, que quiconque feroit trouvé coupable d'hérésie ou de lése majesté seroit puni de mort, fuivant les ancienes loix : que tout juge, com 2:46. Sup. liv. |