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S. Cyrille apprit par des gens dignes de foy, qui AN. 419vinrent à Alexandrie,le chagrin que Neftoriusavoit IV. contre luy. D'ailleurs il receut une lettre du pape lettre de S. S. Celeftin & de plufieurs évêques qui étoient avec Cyrille à lui,apparemment affemblés en concile. Ils l'avertif- Neftorius foient qu'ils avoient reçû les copies des fermons de Epift. 1.ad Neftorius; & demandoient s'il en étoit effective- Net. ment l'auteur, témoignant en être fort fcandalifes. Il venoit auffi de toutes les eglifes d'Orient des perfonnes qui en murmuroient. S. Cyrille voyant tout Epift. ad cela, fut tenté de declarer à Neftorius par une lettre Caleft..14. fynodale qu'il ne pouvoit demeurer dans fa communion s'il ne changeoit de langage & de fentimens; mais il fit reflexion, comme il dit, qu'il faut tendre la main à nos freres pour les relever quand ils font tombés;& il fe refolut à lui écrire pour effayer de le ramener. Comme Neftorius fe plaignoit principalement de fa lettre aux folitaires, il dit: Ce tumulte n'a pas commencé par ma lettre, Epi. ad Neft, c.& mais par les écrits qui fe font répandus, foit qu'ils. foient de vous ou non ; & qui faifoient un tel defor dre, que j'ai été obligé d'y remedier. Vous n'avez pas raifon de vous plaindre & de crier contre moy, vous qui avez excité ce trouble: corrigés plûtôt votre difcours, & faites ceffer ce fcandale univerfel en nommant mere de Dieu la fainte Vierge. Au efte ne doutez pas que je ne fois preparé à fouffrir tout pour la foi de Jefus-Chrift, même la prifon &

la mort.

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Neftorius ne vouloit point repondre à cette lettre: mais le prêtre d'Alexandrie, que S. Cyrille en avoit charge, le preffa tant, qu'il ne put s'en difpen fer. Sa reponfe n'eft qu'un compliment affecté fur cette douce violence. L'experience fera voir, dit-il, quel fruit nous en tirerons, pour moi je conferve la patience & la charité fraternelle, quoique vous ne l'ayez pas gardée à mon égard, pour ne rien dire de plus fâcheux. Cette lettre fit voir à S. Cyrille qu'ile, 14n'y

A 5

AN. 429.n'y avoit rien à efperer de Neftorius, & ce qu'il apprit enfuite le montra encore plns clairement.

V.

de Netto

rius.

Il y avoit à C.P.un évêque nommé Dorothée, Violences intereffe, flateur, étourdi: qui en pleine affemblée, Neftorius étant affis dans fa chaire, fe leva & dit à haute voix: Si quelqu'un dit que Marie eft mere de Dieu, qu'il foit anathême. Tout le peuple fit un grand cri & s'enfuit hors de l'églife, ne voulant plus communiquer avec ceux qui tenoient de tels difcours. En effet excommunier ceux qui nom6. 22. ad moient la fainte Vierge mere de Dieu, c'étoit ex

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s. 10.

€.30.

7.2.

Li

communier toutes les églifes, tous les évêques vivans,qui parloient ainfi par tout le monde, & tous les faints morts qui avoient parlé de même. Or on ne pouvoit douter que Neftorius n'aprouvât le difcours de Dorothée, puifque non feulement il ne lui en avoit rien dit, mais il l'avoit admis fur le champ à la participation des faints myfteres.

Quelques-uns des prêtres de C. P. aprés avoir bell. Bafil.averti plufieurs fois Neftorius publiquement dans leur affemblée, voyant qu'il perfiftoit toûjours à ne pas nommer la fainte Vierge mere de Dieu, & J.C. Dieu vraiment & par nature, fe feparerent ouvertement de fa communion: d'autres s'en retirerent fecretement. D'autres pour avoir prêché contre ce nouveau dogme, dans l'églife de la paix maritime furent interdits de la predication: ce qui fit que le peuple privé des inftructions catholiques qu'il avoit coûtume d'entendre, s'écria: Nous avons un empereur, mais nous n'avons point d'évêque. Quelques-uns de ce peuple furent arrêtés & batus dans la prifon. Quelques-uns reprirent Nef torius en face dans l'églife & devant le peuple, & furent trés-maltraités. Un moine des plus fimples pouffé de zele fe mit au milieu de l'églife, où le peuple étoit affemblé, & voulut empêcher Neftorius ay entrer, comme étant un heretique: il fut battu & mis entre les mains des prefets, qui le firent

encore

encore fouetter publiquement, un. crieur mar- AN. 429. chant devant lui; & il fut envoyé en exil.

Bafile diacre & archimandrite, Thalaffius lecteur 3. & moine & quelques autres allerent trouver Nestorius à l'evéché fuivant fon ordre, pour s'affurer s'ils avoient bien entendu ce qu'ils avoient oui dire de lui. Aprés les avoir remis jufques à trois fois, enfin il leur demanda ce qu'ils vouloient. Vous avés dit, dirent-ils, que Marie n'eft mere que d'un homme de même nature qu'elle; & que ce qui eft né de la chair eft chair: ce qui n'eft point orthodoxe en ce fens. Auffi tôt il les fit prendre, & une troupe d'officiers les mena battant jufques dans la prifon de l'évêque, où ils furent depouillés, attachés à des poteaux, puis étendus par terre & frappés à coups pieds. On les y garda long-tems leur faifant fouffrir la faim. Puis ils furent livrés au prefet de C.P. qui les fit mettre dans une autre prifon chargez de chaînes. Il les fit enfuite amener à fon pretoire, & comme il ne fe prefenta point d'accufateur, il les renvoya par fes officiers à leur premiere prifon. Enfin Neftorius les fit venir, & aprés une explication captieufe de fa doctrine il les renvoya.

de

Bafile & Thalaffius prefenterent une requête à sa l'empereur en leur nom & de tous les moines: où aprés avoir expofé toutes ces violences de Neftorius, ils prient l'empereur de ne pas fouffrir que l'églife foit corrompue de leurs tems par les heretiques. Ce n'eft pas pour nous vanger, ajoutent-ils," Dieu le fait: mais afin que la foi en J. C. demeure inébranlable. Nous vous prions donc d'ordonner ici maintenant l'affemblée d'un concile écumenique, pour reünir l'églife & retablir la predication de la verité, avant que l'erreur s'étende plus loin., Que cependant il ne foit permis à Neftorius d'ufer, ni de violence ni de menaces contre perfonne: jufques à ce que l'on ait reglé ce qui regarde la foi," & que ceux qui voudroient infulter aux catholiA 6

ques

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AN.429.ques, foient réprimés par le prefet de C. P. Que fi vous meprifés nôtre requête, nous proteftons devant le roi des fiecles qui viendra juger les vivans & les morts, que nous fommes innocens des maux qui pourront arriver. Ils fe plaignent dans cette requête que Neftorius n'employe pas feulement pour fe foûtenir fes clercs & fes fyncelles, mais encore quelques-uns des autres diocefes: qui fui-. vant les canons devroient fe tenir en repos dans les villes où ils ont été ordonnés. On appelloit fyncelles, les clercs qui étoient les plus attachés à l'évêque, & qui couchoient dans fa chambre être de fidels temoins de la pureté de fes mœurs.. Marius Mercator donna vers le même tems Memoire un memoire contre Celeftius chef des Pelagiens de Merca- qui étoient à C.P. Il le donna à l'églife de C. P. for contre non pas à l'évêque, mais au clergé catholique & giens. à plufieurs perfones de picté: il le prefenta auffi d. Garn. à l'empereur Theodofe, & l'ayant donné en grec

VI.

les Pela

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pour

qui étoit la langue du païs, il le traduifit en latin qui étoit fa langue naturelle. Il eft daté du confulat de Florent & de Denis, qui eft l'an 429. Mercator y rapporte fommairement ce qui s'étoit paf fé à l'égard de Celeftius & de Pelage depuis vingt ans, c'eft à dire depuis le commencement de leur herefie. Il marque leurs erreurs, leur condamnation, leurs diverfes tentatives; & il conclut en ces. termes: Pelage & Celeftius étant convaincus de ces erreurs fi impies, Julien & les autres qui font avec lui, doivent au moins à prefent les condamner pour fatisfaire à l'églife: & s'ils accufent quel-qu'un d'avoir de mauvais fentimens contre la foi, ils doivent le defigner par fon nom: on leur repondra fuivant l'ordre de l'églife, car plufieurs de ceux qui étoient affociés à Julien l'ont quitté. pour condamner Pelage, & fe foumettre au fiege apoftolique, & renonçant à leurs erreurs ils ont été jugés dignes de mifericorde.

Nefto

Neftorius

Merc.

Neftorius ne tint pas grand compte de cette de- AN.429. claration, qui ne s'adreffoit pas àlui, & ne le re- VII. connoiffoit point pour évêque:mais il prit occafion Lettre de de ces Pelagiens qui étoient à C. P. pour écrire au à Celeftin. pape S.Celeftin, & tâcher de le prevenir en fa faveur. 1.part. Voicy les termes de fa lettre: Julien, Florus, Oronce Conc. Eph.. & Fabius, qui fe difent évêques d'Occident, fe font. 16. Ap. fouvent addreffés à l'empereur, fe plaignant de Garn. p.. fouffrir perfecution, encore qu'ils foient catholi-66. part. 1. ques: ils ont fait les mêmes plaintes devant nous; & ayant été fouvent rejettés ils ne ceffent de crier. Nous leur avons dit ce que nous pouvions, fans être inftruits de la verité de leur affaire: mais de peur qu'ils n'importunent d'avantage l'empereur, & que nous ne nous divifions pour leur défenfe faute de les connoître, quoique peut être vous les ayez comdamnés canoniquement: ayés la bonté de nous en informer, car les nouvelles fectes ne meritent aucune protection de la part des vrais Sup. liver XXIV. pafteurs. Ce difcours de Neftorius n'étoit fincere, & il ne pouvoit ignorer que les Pelagiens" avoient efté condamnés à C. P. a par Atticus fon predeceffeur, huit ou dix ans auparavant, auffi montre-t-il le vrai fujet de fa lettre en continuant ainfi:

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pas

25.

De-là vient qu'ayant auffi trouvé ve en cette vil le une alteration confiderable de la vraye do- LY &trine en quelques-uns, nous employons tous les jours pour les guerir la rigueur & la douceur. C'eft une maladie approchante de celle d'Apollinaire & d'Arius. Ils reduifent l'incarnation du Seigneur à une efpece de confufion: difant que le Dieu verbe confubftantiel au pere a été edifié avec fon temple, & enfeveli avec fa chair, comme s'il avoit pris fon origine de la Vierge mere de Chrift Chriftotocos; & ils difent que la même chair n'eft pas demeurée aprés la refurrection, mais qu'elle a paffé dans la nature de la divinité. Ils ne craignent pas de nom A 7

mer

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