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ce qu'il eft ailé de faire voir par la Chronique des Rois Bretons Armoriquains. Elle parle des Bretons, comme le titre de cet ouvrage le prouve affez, &.. de Budic leur Roi, qui, comme je le ferai bien-tôt voir, regnoit dans ce même tems; elle ajoûte que ce fut fur les. Princes Armoriquains que les Frifons ufurperent la Letanie,c'est-à-dire,la Bretagne Armoriquaine. Et le Prêtre Ingomar, en parlant de cette même circonftance, fait affez connoître que ces Princes Armoriquains étoient Bretons, puifqu'il dit qu'ils étoient les parens & les amis de Rioval, Prince & Chef des Bretons. Ces peuples étoient donc maîtres de ce pays avant l'arrivée des Frifons: c'est une conféquence néceffaire. Or cette irruption des Frifons, leur féjour dans ces lieux, leur retraite, toutes ces révolutions arriverent plus de quarante ans avant l'an 513. Le Catalogue des Comtes de Cornuaille ti. ré du Cartulaire de Kemper prouve la même chofe; car quand il parle de l'arrivée de Budic, il l'appelle un retour, rediens ab Alemannia. Il y étoit donc alors, & il y avoit été élevé dès fes plus tendres années, puifqu'il n'y re vint qu'après plus de vingt ans d'ab

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fence, comme nous le verrons bientôt. De même quand il parle de l'établiffement de Budic dans ce pays, dit qu'il le recouvra, recuperavit. H faut donc convenir qu'il le poffedoit avant, ou du moins qu'il avoit quelque droit fur ce pays, comme fur l'héritage de fes peres: : car ce not, recouvrer, ne peut s'entendre quedans l'un ou dans l'autre de ces deux fens ; & enfin, quand l'Auteur veut nous marquer le droit que Budic avoit fur ce Royaume, auquel il ne donne que le nom de Confulat, ou Comté, il dit nettement que fon pere le poffedoit avant lui, paternum confulatum recuperavit. L'autre Catalogue de ces Comtes tiré du Cartulaire de l'Andevenec, dit de Jean de Reith la même chofe que celui de Kemper attribue à Budic. Ce qui fait voir clairement, que comme il y avoit des Bretons établis dans ces lieux avant l'arrivée de Budic, c'est-à-dire, avant d'an 490, il y en avoit auffi quelque tems avant l'arrivée de Jean de Reith, c'est-à-dire, avant l'an 513, & tout cela prouvé par des monumens qu'on ne regarde point comme fufpects, & qu'on nous préfente au contraire comme des pieces autentiques.

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I I.

Ces Bretons avoient leurs Rois

particuliers.

Les Auteurs de ces monumens ne nous apprennent rien fur ce point qui ne s'accorde parfaitement avec les termes de Gregoire de Tours, qui, (Livre IV. Chapitre IV.) après avoir dit que Canao Comte des Bretons, fur la nouvelle de la mort de Macliau fon frere, s'étoit emparé de tout fon Royaume, ajoûte ces mots : Car depuis la mort de Clovis, c'est-à-dire, depuis l'an 511, les Bretons ont toujours été fous la puiffance des François, & ont été appellés Comtes, & non pas Rois. Or ce paffage infinue, ce me femble, affez clairement qu'avant cette époque, non feulement il y avoit des Bretons dans ce pays, mais encore, que leurs Princes portoient le titre de Rois : & le terme de Royaume qu'il employe deux fois dans cette occafion, & dans quelques autres, en eft une preuve, au fentiment même de Vignier, qu'on peut regarder comme celui qui a combattu le premier & le plus fortement le fyftênc

de nos premiers Rois. Voici comme il s'en explique à la page 104 de fon traité de l'ancien état de la petite Bregne; Et quant au cas contre lequel il s'efcarmouche fi aprement, il venoit d'appeller Royaume la portion que Maclian avoit en la petite Bretagne, fignifiant que la petite Bretagne avoit été, & s'appelloit encore Royaume, nonobftant que les Seigneurs qui y commandoient, ayant toujours après le trépas de Clovis eté fous la puiffance des Rois de France, ne fuffent plus appelle's Rois, ains Comtes feulement : & page 86, il dit en parlant des Rois Bretons, & penfe ainfi qu'ils perfevererent d'en avoir jusqu'au tems du Roi Clovis, d'autant que je le vois témoigné par Gregoire de Tours, fans toute fois que je veuille ni ofe affermer quels, & combien ils en eurent

& page 89. Neanmoins je ne laisser di pas de dire,qu'il me femble qu'ils fe font maintenus & confervés en l'état qu'ils étoient fous leur Roi Riothim jufqu'an tems dudit Roi Clovis. Ce font les propres paroles de Vignier, qui m'épargnent ainfi lui-même le foin de prouver que le mot latin Regnum du paffage de Gregoire de Tours doit fe prendre dans le fens naturel, & fignifie un

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Royaume, & non pas un fimple Gouvernement, comme quelques-uns pourroient l'interpreter. Bien loin donc que Gregoire de Tours prouve rien contre mon fentiment jufqu'après l'an soo, ou qu'il détruife l'Hiftoire de Conan & de fes fucceffeurs, il pourroit fervir au contraire à prouver l'existence & le titre des Rois Bretons jufqu'au tems de Clovis, & fur-tout des der niers de ces Rois, & à confirmer ainfi tout ce que l'Auteur de la vie de Saint Melaine nous a dit du regne d'Eufebe, comme il confirme ce que la Chronique des Rois Bretons Armoriquains, dit de celui de Budic, & ce que l'Auteur de la vie de Saint Oudocée ajoûte de celui de fes prédeceffeurs; car il nous ap prend que les Armoriquains après la mort de leur Roi jetterent les yeux fur Budic, parce qu'il étoit de la race royale, & qu'ils députerent vers ce Prince, pour lui donner avis de leur deffein & de leur choix. Puifqu'avant Budic les Armoriquains avoient un Roi,après la mort duquel il s'agiffoit de choisir un fucceffeur; puifque celui qu'ils choififfoient pour lui fucceder étoit de la sace royale, ils étoient donc depuis.

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