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long tems en poffeffion d'avoir des Rois: & quoique celui de qui nous apprenons ces circonftances foit un Lé-gendaire, on ne doit pas refufer de le croire, puifqu'il ne dit rien qui ne foit conforme à tout ce que j'ai prou vé jusqu'ici fur le témoignage des plus graves Auteurs, & en particulier à ceque Gregoire de Tours vient de nous infinuer, qu'avant la mort de Clovis les Bretons étoient gouvernés par des Rois, fauf à examiner que! fut leus gouvernement depuis ce tems.

IL

Budic, on Bindic, ou Bodoix fut un de ces Rois Bretons Armoriquains.

Voilà donc déja deux Auteurs qui mettent Budic au rang des Princes Arinoriquains, & qui lui donnent le titre de Roi. Le premier eft l'Auteur de la brieve Chronique citée déja tant de fois, qui dit qu'il étoit fils d'Audren après lequel il regna, & défendit cou rageufement fon pays contre les attaques des ennemis. C'eft tout ce qu'on cite de cette Chronique, très-abregée. fur fon chapitre, comme fur celui des

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autres Rois les prédeceffeurs. L'autre Auteur qui nous fournit des preuves de Budic, & qui s'étend beaucoup plus fur les circonftances de fon regne, eft celui qui nous a laiffé la vie de faint Oudocée. Ufferius en plufieurs endroits, & Bollandus fous le neuviéme de Février, nous font affez connoître qu'ils comptent fut cet ouvrage. Voici ce qu'on y lit. Budic fut fils de Cybfdan; il prit naifance dans la Cornuaille; chaffe qu'il fut de fon pays, il vint avec la flotte dans celui des Demettes du tems d' Aircol Lanhir Roi de ce même Royaume. Pendant qu'il demeuroit dans ces lieux il prit pour épouse Anaumed fille d'Enfic; fa mere s'appelloit Guinhaf fille de Limonuus. Il eut d'Anaumed Hifmaël, & Tiffei Martyr, qui repose à Pennalun. Il étoit dans ce pays, lorsqu'on lui envoya des Ambaffadeurs de la Cornuaille, lien de fa naissance, afin de l'engager à venir inceffamment avec toute fa famille, &quelques troupes auxiliaires des Bretons, pour reprendre le Royaume des Armoriquains. Après la mort de leur Roi ils vouloient l'avoir pour lui fucceder parce qu'il étoit de la famille Royale. Après avoir tenu Confeil, dans lequel tous furent d'avis de donner audience

aux Ambaffadeurs, & d'accepter lear offre, il prit fon éponse qui etoit enceinte, toute fa famille, & vint avec fa flotte aborder dans fa patrie, & regna dans toute l'Armorique,qui de fon tems s'étendoit encore jufqu'aux Alpes. Son épouse accoucha d'un fils, qui fut nommé Oudocée, qu'il envoya pour être inftruit dans les belles lettres auffitôt qu'il fut dans un âge mûr, comme il l'avoit promis auparavant à Saint Theliane, lorfqu'il étoit dans la grande Bretagne, que s'il avoit un fils il l'offriroit à Dieu, comme il avoit offert fes deux freres, dont nous avons deja parlé. Saint Oudocée commença depuis fon enfance de faire de grands progrès dans les fciences & dans l'éloquence: il l'emportoit par la pu reté de fes mœurs, & par fa fainteté, fur tous ceux de fon âge, qui étoient auffi fes condifciples. Après un tems in fini la pefte, qu'on appelle jauniffe, se répandit dans la grande Bretagne.Ce précieux fragment, dont aucun de nos Hiftoriens n'ont profité jusqu'ici, nous découvre plufieurs chofes très-fingulieres. Il nous apprend que le pere de Budic, que les Catalogues des Comtes de Cornuaille nomment Daniel Dremrus, & que les autres nomment Audren, s'ap

pelloit auffi Cybfdans,comme je l'ai déja fait voir dans le Chapitre précedent. Il nous apprend encore que Budic ne fucceda pas immédiatement à fon

pere, comme tous nos autres Hiftoriens l'avoient cru jufqu'ici; qu'il fut obligé de fortir de fon païs fans qu'on fçache le fujet de cette fuite; que la retraite dans la Grande Bretagne fut d'affez longue durée, puifqu'il y prit une épouse, & qu'il en eut deux enfans, qui étoient déja grands avant fon départ : & ces chofes ne demandent pas moins de 15. ou 20. ans. Nous apprenons encore de ce fragment que tout cela fe paffoit fous le regne d'Aircol Lauhir; qu'Ou docée ne vint au monde qu'après que fon pere cut monté fur le Trône de fes Ancêtres; & enfin que la pefte ne se fit fentir qu'un tems infini après que ce Saint enfant eut fait de grands progrès dans les Sciences, & fur-tout dans la pieté circonftances qui toutes ferviront beaucoup à régler la Chrono❤ logie du regne de Budic. Ce même Auteur ajoûte quelques lignes plus bas que la Cornuaille fut depuis appellée Cerniu Budic du nom de ce Prince, & j'eftime que celui de Cornubia, dont on s'eft fervi dans la fuite, n'en

eft qu'une alteration ou

un abre

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Autres preuves du regne de Budic.

Tout ce détail fuffit pour nous faire connoître, que ce Budic eft le même que celui qui fe trouve placé dans les Catalogues des Comtes de Cornuaille avant Jean Reich, & précisément après Daniel Dremrus, dont un de ces Catalogues dit affez nettement qu'il fut fils; & tous les deux reconnoifoient qu'il avoit un frere nommé Maxent. S'ils ne lui donnent que le titre de Comte de Cornuaille, cela ne doit pas nous empêcher de croire, qu'il fut véritablement Roi, comme Daniel Dremrus fon pere, & Grallon prédéceffeur de Daniel, le furent effectivement, quoique ces Catalogues ne les appellent que Comtes; parcequ'il ne s'agiffoit dans ce moment que de donner la Lifte de ceux qui avoient été Comtes de Cornuaille, foit que dans la fuite ils fuffent devenus Rois, foit, qu'il n'euffent jamais eu d'autre titre, que celui de Comte. Quelques Mo-, dernes regardent auffi le Budic dont il

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