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III. Nous ne pouvons compren- Dieu eft un dre Dieu que comme un Efprit li- Efprit. Simbre, indépendant, diftingué de la ma-plic. in Eput,

d'un Dieu véritablement caché, & qui habite une lumiere inacceffible. La foi nous abrege bien du chemin, & nous épargne bien des peines; car il eft des matieres, & celleci furtout eft de ce nombre, où la raifon ne peut marcher avec affurance qu'à la lueur de ce flambeau. En effet, quels ont été à cet égard les progrès de cette raifon fi fiére, durant plus de quatre fiecles, dans les meilleures têtes de la Gréce, dans les Payens les plus illuftres par leur fçavoir, dans les Chefs de leurs plus fameufes Ecoles? Rien de fi abfurde, que la plus grande partie d'entr'eux n'ait avancé. Il y a plus. Ceux qui faifoient profeffion d'une plus haute fageffe, & à qui Dieu avoit manifefté fon unité, n'ont-ils pas retenu cette connoiffance dans le fecret, par une ingrate & timide lâcheté? Un feul s'eftil élevé contre l'impiété, qui avoit fubstitué au Dieu vivant & véritable, des Idoles muettes, & des Figures non-feulement d'hommes, mais de bêtes & de reptiles? Un feul s'eft-il abftenu d'aller dans les Temples, quoiqu'il n'approuvât pas dans fon coeur le culte fuperftitieux qu'il autorifoit par fa présence & par fon exemple? L'unique, je veux dire Socrate, dont la religion fut mise à l'épreune traita-t-il pas de calomniateurs ceux qui l'accufoient de n'adorer pas les Dieux que les Athéniens adoroient? Xenophon fon Apologifte, qui étoit auffi fon Difciple & fon ami, le défend-il autrement, qu'en affu

ve,

Cicer. 1.

tiere, & qui donne le mouvement & la vie à toutes choses.

Quelle difproportion y a-t-il entre Tufcul. n. 66. notre nature & celle de Dieu! La meilleure partie de nous-mêmes eft quæft. prafat. notre ame. Il est tout entier raifon & intelligence. Il ne peut tomber fous

Senec. 1.

7.c. 30.

rant qu'il a toujours reconnu les mêmes Divinités que le Peuple? Et Platon lui-même n'eft-il pas contraint d'avouer que ce láche Prévaricateur ordonna un Sacrifice impie, dans le moment même qu'il étoit prêt d'expirer, après avoir avalé la ciguë? Un petit Extrait d'une Lettre de Platon nous fait voir combien il craignoit de s'expliquer fur la nature & l'unité de Dieu, & combien par conféquent il étoit éloigné de lui rendre graces, dele confefler devant les hommes, & de s'expofer au moindre danger, en lui rendant témoignage, Les actions honteufes qu'on attribuoit aux faux Dieux le faifoient rougir; -mais il fe contentoit de dire, ou qu'ils n'étoient pas coupables de ces crimes, ou qu'ils n'étoient pas Dieux, s'ils les avoient commis, fans ofer dire qu'il y avoit un feul Dieu, & fans avoir le courage de s'éléver contre le culte public, fondé fur les crimes mêmes qu'il avoit en horreur.

Il faut le dire, à la honte du Paganisme,& à la gloire de l'Evangile : Un enfant parmi nous, pour peu qu'il foit inftruit du Catéchifine, eft plus sûr & plus éclairé fur tout ce qu'il faut fçavoir de la Divinité, que tous les Philofophes enfemble de l'aveugle Antiquité.

nos fens, & on ne peut le voir que par la penfée.

IV Comment pouvons nous concevoir Dieu, fi nous ne le concevons

Eternel.
Cicer. 1. de

pas en même tems éternel? La nature nat. n. 25. qui a imprimé dans nous-mêmes la connoiffance des Dieux, y a gravé auffi le principe qui nous porte à croire qu'ils font éternels & bienheureux. Thalès (d) interrogé ce que Diog. Laer. c'étoit que Dieu, répondit : C'est ce in Thal. qui n'a ni commencement ni fin.

V. Il n'y a rien que Dieu ne puiffe Tout-puiffaire, & même fans aucune peine; car fant,

(d) Philofophe, & le premier de ceux qu'on nomma fept Sages de la Gréce: il étoit de Milet, Ville d'Ionie. C'eft de-là qu'on appella Ionienne, la Secte dont il fut l'Auteur. Il naquit la trente- cinquiéme Olympiade. On affure qu'il a pénétré le premier dans les Secrets d'Aftronomie, & que perfonne n'avoit encore prédit avant lui les Eclipfes de Soleil, & réglé le cours des Aftres. Ce fut lui qui remarqua le changement des tems & des faifons, & qui divifa l'année en trois cens foixante-cinq jours. Il mourut la cinquante-huitiéme Olympiade, âgé de quatrevingt-douze ans. Thales laiffa divers Traités en vers, entr'autres un des Météores, un de l'Equinoxe. Un Chrétien à qui on auroit fait la même question qu'à Thalès, auroit-il pu répondre plus conformément à lon Catéchifme que lui?

Cicer. 3. de

nat. n. 92.

Infini.

comme les membres des hommes le meuvent fans aucun effort par la feule pensée & la feule volonté, c'eft ainfi que toutes chofes peuvent fe faire être mues & changées par la toutepuiffance des Dieux.

VI. De quelques côtés que vous Senec. 4. vous tourniez, vous y trouverez Dieu benef. c. 8. à votre rencontre. Aucune portion de l'Univers n'eft exemptè de fon être. Il remplit lui-même tout fon ouvrage par fon immensité (e).

Bon.

Rofc. Amer.

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VII. Tous les avantages que nous Cicer. pro poffédons, la lumiere dont nous jouiffons, l'air que nous refpirons, nous font autant de dons diftribués par la main de Dieu.

2. 131.

Senec, 4.

(f) Les Dieux répandént fur nous benef. c.,4. fans ceffe leurs faveurs jour & nuit ; tantôt ils nous préfentent d'eux-mêmes leurs bienfaits; tantôt ils les accordent à nos prieres. Qui eft l'homme qui n'a pas ressenti la libéralité des

(e) Cette pensée de Seneque me paroît fublime & admirable dans un Payen. Il étoit bien perfuadé, comme l'on voit, de l'unité d'un Dieu, quoiqu'il n'osât pas en faire une profeflion ouverte, puifque s'il y en avoit plufieurs, l'un détruiroit l'autre.

(f) Il est étonnant que des Payens ayent connu des vérités, dont les Chrétiens ne

Dieux ?

Dieux? Aucun des mortels n'eft exempt des graces céleftes. Il n'y a perfonne d'entr'eux, vers qui il ne coule quelques gouttes de cette fource intariffable de bonté.

veulent reconnoître, pour ainsi dire, que l'om-' bre. Ils étoient perfuadés que l'homme tenoit tout des Dieux; mais aujourd'hui l'orgueil humain veut fe fouftraire à cette dépendance totale, & les faveurs les plus communes que le Ciel nous fait, tels que font les fruits de la terre, le bled, le vin, &c. excitent à peine notre reconnoiffance.

CHAPITRE IV.

Dieu gouverne & voit toutes choses.

I. E Monde eft gouverné par la Cicer. 1. diprovidence des Dieux, & ce

font eux qui conduifent les événemens humains, non-feulement en général, mais encore en particulier (a).

(a) Ce font là de ces vérités que l'impie & le libertin ont intérêt de révoquer en doute, pour étouffer plus aifément les cris de leur confcience, & fe livrer à leurs paffions avec plus de liberté. Il eft indigne, difentils, de la majefté de Dieu, de s'abaiffer jufqu'à prendre foin de tout ce qui se passe en Tome I.

B

vin. n. 117.

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