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II. Je remarque que les Dieux font Plin. in paplus fenfibles à l'innocence & à la neg. fainteté de leurs Adorateurs, qu'à des Prieres compofées avec art & avec foin, & que celui qui apporte à leurs Autels une ame pure & chafte, est plus agréable à leurs yeux, que celui qui s'en approche avec des chants médités & étudiés.

Senec. Ep.

(c) Le culte des Dieux ne confifte pas à leur immoler des corps gras de 116. 1. benef. Taureaux, il ne confifte pas dans l'or, c. 6. ni dans l'argent, ni dans les aumônes dont on remplit leurs tréfors, mais dans une intention droite & religieufe. C'est pourquoi les bons font refpectueux envers les Dieux, en ne leur offrant même que du gâteau & de la farine: les méchans au contraire n'en font pas moins impies, quoiqu'ils enfanglantent les Autels du fang de Victimes innombrables.

Faites des Sacrifices purs & chaftes Hefiod. ope

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(c) Nous lifons dans le Livre de l'Ecclé faftique à peu près les mêmes paroles. » Le Très-Haut ne regarde point les offrandes des méchans, & la multitude de leurs facrifices n'obtiendra point de lui le pardon de leurs péchés; mais l'oblation du jufte engraiffe l'Autel, & elle eft d'une excellente odeur devant le Seigneur.

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v. 336.

aux Dieux, fuivant vos facultés : appaifez-les, & rendez-les favorables quand vous irez vous coucher, & que le tems de vous lever fera venu (d).

(d) Je trouve dans le même Livre de l'Eccléfiaftique, un précepte femblable à celui d'Hefiode. »Ne paroiffez point devant Dieu » les mains vuides: faites tous vos dons de bon >> cœur,& donnez-lui à proportion de ce qu'il → vous a donné ; car le Seigneur eft libéral en» vers ceux qui lui donnent,& il vous en rendra fept fois autant. Ch. 34». Que de Chrétiens bien inftruits qui violent ce précepte! On donne, mais c'eft dans un tems où l'on n'eft plus le maître de retenir; & fouvent après avoir fait fervir fes biens à toutes fortes d'ufages criminels, on en fait un facrifice à Dieu, dans le moment où il va nous les retirer. De quel oil peut-il regarder ces dons faftueux en apparence, mais peut-être involontaires au fond?

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CHAPITRE VI.

Le Culte de Dieu exige plus de piété

que

de

magnificence.

UE les hommes employent l'in nocence & la piété pour appro

1. Qn

cher des Dieux, & qu'ils en éloignent

les

les richeffes. Cette loi que Ciceron impose, apprend que la probité est agréable aux Dieux, & qu'il faut écarter la dépense du culte qu'on leur rend. En effet, puifque li pauvreté ne doit pas être parmi les hommes un fujet de honte, il ne faut pas non plus la bannir de l'approche des Dieux; furtout rien ne devant moins plaire à Dieu, que de choisir une voye, pour l'appaífer & l'honorer, qui ne feroit pas ouverte à tous les hom

mes.

(a) Socrate en offrant de modi- Xenoph. in ques Sacrifices proportionnés à la. Memor.

(a) Socrate nâquit à Athènes la quatriéme année de la foixante-dix-feptiéme Olimpiade. Son pere étoit Sculpteur, & fe nommoit Sophronifque fa mere étoit Sage-femme, & s'appelloit Phénérette. On voit ici que la baffeffe de la naiffance n'eft point un obftacle au vrai mérite, qui feul fait la folide gloire, & la véritable nobleffe. Il paroît bien par les comparaifons que Socrate employoit affez fouvent dans fes difcours, qu'il ne rougiffoit point de la Profeffion de fes Parens; car il s'étonnoit, difoit-il, qu'un Sculpteur appliquât tout fon efprit à faire qu'une pierre brute devînt femblable à un homme & qu'un homme fe mit fi peu en peine de n'être pas femblable à une pierre brute. Auffi chercha-t-il à s'élever, pour ainsi dire, auTome I.

.C

modicité de fes pouvoirs,comptoit faire autant que ceux qui, abondans en richeffes, immoloient une grande

deffus de l'humanité, par une application férieufe à la Philofophie, & à fe former de bonne heure par les préceptes de la Sageffe. Il'confacra principalement fes travaux à l'inf truction de la jeuneffe, & il forma d'illuftres Difciples. Il n'avoit point une Ecole ouverte comme les autres Philofophes, ni d'heure marquée pour fes Leçons. Il ne faifoit point aprêter des bancs, & ne montoit point en Chaire. C'étoit un Maître de tous les temps & de toutes les heures. Il enseignoit en tout lieu & en toute occafion : dans les Promena, des, dans les Converfations, dans les Repas, à l'Armée, & au milieu du Camp, dans les Affemblées publiques du Peuple ou du Sénat; dans la Prifon même, il philofophoit & inftruifoit le Genre Humain. On juge aifément qu'un homme d'un mérite & d'une vertu tel qu'étoit Socrate, qui démafquoit avec liberté tous les vices, décrioit la doctrine & les mœurs des Sophiftes de fon tems fort accrédités, qui tous les jours augmen toit le nombre de fes Difciples, ne pouvoit pas manquer d'indifpofer les efprits contre fui, & de s'attirer beaucoup d'envieux. C'eft ce qui arriva la premiere année de la xcv. Olimpiade. Ses ennemis ayant juré fa perte accuferent d'impiété ce Philofophe, qui eft fans contredit celui du Paganisme qui a parlé de la Divinité, du culte qu'on doit lui rendre, de la maniere la plus pure, la plus noble & la plus refpectueufe. Quoi qu'il

quantité de victimes: car, difoit-il, il ne conviendroit pas aux Dieux de goûter plus de plaifir dans les grands facrifices, que dans les petits, parce

que

les fcélérats étant ordinairement plus riches que les gens de bien, leurs facrifices deviendroient plus agréables. En conféquence, il estimoit que les offrandes & les préfens des perfonnes pieufes devoient être reçus plus favorablement des Dieux. II. Le culte des Dieux chez les Tit. Liv. L. anciens Romains fe pratiquoit avec 3. cap. 57plus de piété que de magnificence, & leurs facrifices avoient d'autant plus

foit, il fut condamné à boire de la ciguë,
qu'il avala avec une tranquillité merveilleufe,
& avec une douceur qu'on ne fçauroit expri-
mer, en encourageant, inftruifant fes amis
& leur reprochant même leur foiblefle, de
ce qu'ils pleuroient comme des femmes. Telle
fut la fin de Socrate, à l'âge de foixante-dix
ans, dont les vertus & la courageufe mort
ont mérité les éloges de Saint Juftin & de
plufieurs Saints Peres, qui même ne défef-
perent pas de fon falut. Ciceron dit qu'il ne
pouvoit lire la defcription de fa mort, fans
être attendri jufqu'aux larmes. Erafme dit in-
génieufement à ce même fujet, qu'il avoit
bien de la peine à s'empêcher de dire : O Saint
Socrate! priez pour nous; vix mihi tempero quin
dicam: Sancte Socrates, ora pro nobis. Eraf. in con-
vivio religiofo,

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