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CHAPITRE VII.

Les Impies n'appaisent point Dieu par leurs offrandes.

1. 41.

UE les Impies écoutent Pla- Cicer. 2. leg. ton, qui leur défend de douter dans quelle difpofition Dieu doit être à leur égard, puifque même un homme de probité ne voudra pas recevoir le présent d'un méchant. Une perfonne de bien n'accepte- Hierocl. in roit pas avec plaifir des dons qu'il fçau- Pyth, Carmin. roit lui être faits de la part d'un cœur malin. Je ne fçache rien où la piété. a quelque part, qui ne puiffe être agréable aux Dieux, & rien qui ne puiffe leur déplaire où elle manque.

Plaut. in

Les Scélérats fe mettent dans l'efprit, qu'ils peuvent appaifer Jupiter rudence. par leurs préfens & par leurs facrifi ces; mais ils perdent leurs peines & leurs dépenses.

(a) Bias voyageoit un jour fur Diog. Laer. Mer avec des Impies: le vaiffeau s'é-in Bian.

(a) Fils de Teutamus, étoit de Prienne,

Ville de Carie. Il s'adonna à la Philofophie,

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tant trouvé tout-à-coup violemment agité par les flots qu'une tempête im

& fut un de ces fept à qui les Grecs donnerent le nom de Sages. On fçait peu de chofes de lui. Il engagea par adreffe Alyatte Roi de Lidie, à lever le Siége de fa Patrie. Elle étoit fort preffée par la famine. Il fit engraiffer deux mulets, & trouva le moyen de les faire paffer dans le Camp ennemi. Leur embonpoint étonna le Roi,& comme il envoya des Députés dans la Ville, comme pour faire quelques propofitions de Paix, mais en effet pour en obferver l'état. Bias avoit fait couvrir de bled de grands tas de fable. Quand les Députés eurent rapporté au Roi l'abondance où ils avoient trouvé la Ville, il n'héfita plus, & ayant conclu le Traité, il leva le Siége. Bias expira entre les bras d'un de fes petits-fils, en plaidant pour un de fes amis fuivant le rapport de Diogene Laerce. Qui n'admireroit la grandeur d'ame & la courageufe tranquillité de Bias au bord du naufrage? L'état de ces miférables qui voyageoient avec lui, l'inquiétoit plus que le fien. La courte Leçon qu'il leur donnoit alors, telle que l'occafion le permettoit, devoit faire d'autant plus d'impreffion fur eux, que le péril étoit plus preffant. C'est ordinairement dans ces inftans critiques, où la vie ne tient plus qu'à un fil, que l'homme le plus incrédule & le plus endurci leve les mains au Ciel, & reconnoît un Dieu. Ce retour eft-il bien

fincere, & n'eft-il pas plutôt l'effet de la crainte d'un efclave qui tremble à la vue de la juftice & de la vengeance du Maître contre lequel il s'eft revolté, que l'effet de l'amour

prévue fouleva, ces Impies effrayés du péril, invoquoient la miféricorde des Dieux: Taifez-vous, leur dit-il, de crainte qu'ils n'entendent que vous êtes ici. Le même Sage ne répondit rien à un Libertin qui lui demandoit ce que c'étoit que la Religion; & comme il infiftoit, pour fçavoir la cause de fon filence, je me tais, lui répartit Bias, parce que vous vous informez de chofes qui ne vous regardent point (b).

d'un fils, que le fouvenir des offenfes qu'il a commises contre un pere plein de tendreise & de bonté, touche d'un vif repentir, & qui eft prêt à baiser la main qui le frappe?

(b) Cette répartie eft vive & ingénieufe mais elle ne me paroît point conforme à l'efprit de douceur, qui doit faire le caractere propre d'un Chrétien. Comme notre religion nous apprend que nous fommes tous freres, & membres d'un feul corps, qui eft JESUS-CHRIST, nous ne devons point traiter avec mépris ceux qui fuivent une autre Religion que la nôtre. Si nous ne pouvons pas les guérir de leur aveuglement, & les ramener au même bercail nos remontranpar ces & nos charitables inftructions, faut nous contenter de gémir fur leur endurciffement, prier celui qui tourne les cœurs comme il lui plaît, de les toucher, & de faire tomber les écailles de leurs yeux; en un mot, remercier Dieu de ce qu'il nous a fait la grace

P. Syrus.

Cicer. pro Cluentio,

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Terent.

Sec. 5.

n.

II. Le Ciel n'exauce point des mains pleines, mais chaftes.

Les Dieux ne peuvent être fléchis que par la piété, le refpect, & par des prieres pures & innocentes, & non pas par une fuperftition criminelle, ou en égorgeant des victimes qui mettent le comble à l'iniquité.

Æfchine dans Térence, dit à fon Adelp. A. 4. pere: Faites, mon pere,des prieres aux Dieux plutôt que moi; car je fuis sûr qu'ils vous écouteront plus favora blement que moi, parce que vous êtes bien meilleur que je ne fuis.

95.

Senec. Ep.

Sextus. Sen

tent.

Le premier objet que nous devons nous propofer dans le culte des Dieux, eft premierement de croire qu'ils exiftent; enfuite d'être perfuadés que ce font eux qui prennent la tutelle du Genre Humain, & qui ont foin de chaque homme en particulier. Voulez-vous vous rendre les Dieux propices? foyez homme de bien : qui les prend pour modeles, les honore affez.

Celui qui s'étudie à rendre fon ame femblable à Dieu, autant qu'il est de naître dans le fein de la véritable Religion, quoique nous n'en fuffions pas plus dignes qu'eux.

poffible à un Mortel, lui rend un trèsbon culte.

Aimez Dieu plus que votre ame. Si vous ne l'aimez pas, vous n'irez pas à lui. Or vous n'aimerez Dieu qu'en approchant en quelque chofe de fa reffemblance.

Il faut employer tous nos efforts Platonin pour devenir femblables à Dieu, au-Theat. tant qu'il eft poffible à un homme. Or l'homme ne devient femblable. à Dieu que par la prudence, la justice &la fainteté (c).

(c) Il eft forti de la bouche de JESUSCHRIST, l'Oracle de la vérité, une maxime qui me paroît bien conforme à celle-là;

Mes enfans, foyez parfaits, comme votre » Pere célefte eft parfait: Eftote perfecti, ficut »Pater vefter cæleftis perfectus eft». Platon, qui fans doute avoit puifé la plus faine partie de fa doctrine dans les fources facées, y avoit appris que l'homme étoit par fa crgation l'Image de Dieu même; d'où il concluoit par une jufte & raisonnable conféquence, que toute fon occupation fur la terre devoit être de s'efforcer à reffembler à fon Original de plus près qu'il lui étoit poffible. Y a-t'il en effet rien de plus digne de l'ambition de l'homme? Rien pourtant au monde à quoi il s'applique moins. Il rampe terre à terre, & la Créature enleve fouvent tout le culte & J'hommage qu'il ne doit qu'au Créateur,

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