SUR

UNE SCENE

Que j'avois faite entre l'Amour & Pyché. PSYCHE' IR I S.

MA

A chere Soeur, nous ne nous devons rien,'
En même cas nous fommes l'une & l'autre,
Votre Amant fait parler le mien,
Et le mien fait parler le vôtre.

MADRIGAL

J

E veux chanter en vers la Beauté qui m'engage,
J'y penfe, j'y repenfe, & le tout fans effet;
Mon cœur s'occupe du fujet,
Et l'efprit laiffe là l'ouvrage.

AUTRE

AUTR E.

“U fais quel est l'Objet, Amour, dont j'ai fait choix,

T

Fais que de fes beaux yeux j'éprouve feul les armes, Ne crains point d'être injufte à l'égard de fes char

mes,

En ne foumettant pas mille cœurs à fes loix;
Mon cœur eft affez, tendre, il eft affez fidelle,
Pour t'acquitter envers elle
De tout ce que tu lui dois.

SUR

UNE PASSION CONSTANTE,

Sans être malheureuse.

UN jour aux pieds d'Iris l'Amour alla fe rendre
Refpectueux, timide, & n'en ofant attendre
Que des rigueurs & du dédain;

Iris fe trouva moins fevere,
Et l'Enfant retourna foudain
A fon naturel témeraire.
Cependant par tous les dégrez
Il fut conduire fon audace.

Enfin, je prévois bien que vous en douterez,
Siecles futurs, enfin Iris même l'embraffe.

Mais dans l'inftant qu'entre fes bras

Il goûtoit, éperdu, des douceurs fi nouvelles,
Iris en trahison lui coupoit les deux aîles,
Et l'Amour ne le fentit pas.

Ce tour-là fut, fur ma parole,

Le mieux pensé que j'aie encor connu, Car l'Amour bien traité d'ordinaire s'envole Plus vite qu'il n'étoit venu.

L'ANNIVERSAIRE.

DAD

Ans un lieu fombre & tenebreux; Le dixieme Janvier, s'affemblerent les Sages, Cenfeurs du monde, & prefque Anthropophages, Gens fans amour, & rêvants toujours creux. De longs habits de deuil la Troupe étoit couverte, De deuil, étoit tendu le funefte féjour;

L'an précedent à pareil jour

D'un de leurs Compagnons ils avoient fait la perte, Il avoit déferté; quand un Sage déferte,

Ne le cherchez que chez l'Amour.

Dans des chants où regnoit une trifteffe extrême, De celui qui manquoit ils déploroient le fort.

Helas! difoit avec transport

Un Orateur à face maigre & blême,

C'étoit

C'étoit pour notre Corps un fujet, excellent;
Quel pareffeux! quel indolent!

Quel ennemi du foin & de la veille!

Qu'il eut pour ne rien faire un merveilleux talent!
Qu'il dormoit bien fur l'une & l'autre oreille!

A peine quelquefois paroiffoit-il galant;
Je fai qu'il faifoit mal d'en faire le femblant,
Mais que cette apparence étoit peu

criminelle,

Auprès de cet amour fincere & violent

Qui nous en a fait un rebelle !

Le Difcoureur en étoit-là,

Quand le Sage défunt parut & le troubla,
Comme un Spectre forti du ténebreux rivåge.
Meffieurs, leur dit-il, me voilà.

Et voilà celle qui m'engage;

Critiquez ce Portrait, vous favez critiquer,
Et comme un peu de tems vous fera néceffaire,
Je ne veux pas vous en laiffer manquer,
Je reviens dans un an, à l'autre Anniversaire.
En attendant, je vous déclare à tous

Que j'aime, que l'on m'aime, & que vous êtes fous.

SUR

SUR

DES DISTRACTIONS

Dans l'Etude de la Géometrie.

Lorfque je tiens les horribles Ecrits

Des Succeffeurs d'Euclide & d'Archimede;
Contre la joie infaillible remede,
Rude fupplice aux plus triftes Esprits,
Je vois l'Amour, & je fuis tout furpris
Qu'il me vient là faire une parenthese;
Penfe un moment, dit-il, à ton Iris,
Tu penferas un peu plus à ton aife.
Très-volontiers, lui dis-je, mon Mignon,
Je fai trop bien qu'on ne lui dit pas, non.
J'accomplis l'ordre, & d'affez bonne grace.
Puis je reprens mes Savans, & l'Eunui,
Priant l'Amour de leur ceder la place,
La compagnie eft mauvaise pour lui.
S'en va t-il? non. Parenthese nouvelle,
Encore Iris. Encore une fois, foit,
Deux, s'il le faut. On peut faire pour elle
Sans faire trop, un peu plus qu'on ne doit.
Mais à la fin, lorfque je m'en crois quitte,
Que mon devoir eft fait, & par de-là,
Mon enragé, mon traître eft encor là,
Et fon Iris. En vain je me dépite.

Au