NESSES DE MONT. CHANOI- fondées au nombre de quatre-vingt, toutes de noble extraREMIRE- &tion, faifant le service continuel, & qu'elles avoient été reduites à foixante par les oppreffions & les grandes guerres : qu'elles avoient coûtume d'avoir leurs Prébendes pour leur fubfiftance ;& qu'elles fe font maintenuës ainfi, en faisant leur devoir affez long-tems, étant paifibles, tant fous la protection du Duc Charles fon aïeul, que de fes prédeceffeurs. Mais que depuis environ feize ans, à l'occafion des guerres furvenues aux païs voifins, elles étoient réduites à une fi grande pauvreté,qu'elles n'étoient plus que dix-fept Dames, qui avoient même peine à vivre, & que par neceffité & indigence, l'Abbeffe & la plus grande partie de fes Religieufes étoient obligées de fe retirer & d'abandonner leur Eglife, & que celles qui reftoient feroient auffi obligées de quitter dans peu, s'il n'y étoit pourvû. C'eft pourquoi ce Prince ordonna à fes Officiers de faire fignifier & publier à toutes perfonnes & par tous les lieux où il feroit befoin, qu'il prenoit les Dames de Remiremont en fa Sauvegarde, & qu'il défendoit qu'on leur fit aucun dommage, ou qu'on usât de voïe de fait à l'encontre d'elles, de leurs gens, de leurs fujets, de leurs Terres & de leurs Seigneuries. Ainfi il y a bien de l'apparence que ces Dames qui s'étant retirées chez leurs parens, Y vivoient en Seculieres, fe font accoûtumées à cette maniere de vie, qu'elles ont trouvée plus douce que celle qu'elles pratiquoient auparavant, & qui étoit conforme à la Regle Ibid. Layette 1. 147. de faint Benoît. En effet ce doit être à peu près dans ce tems-là ou peu d'années après qu'elles donnerent le titre de Collegiale à leur Epinal, Eglife,puifque l'on voit par un Acte paffé le 22 Juillet 1466. que les Dames Chanoineffes d'Epinal avoient auffi donné le même titre à leur Eglife, & renoncé à la qualité de Filles de S. Benoît: ce qu'elles n'ont fait felon toutes les apparences, qu'à l'imitation de celles de Remiremont, qui, quoiqu'elles euffent donné le titre de Collegiale à leur Eglife, ne renonéerent pas d'abord à la qualité de Religieufes; puifque dans le ferment que le même Duc de Lorraine prêta à l'Eglife de Remiremont le 17. Mai 1465. pour la garde de cette Eglife & de la ville, elles y font qualifiées de Nobles & Religieufes Dames ; & qu'en 1508. Mathie de Grancey fe qualifiant de Religieufe de Remiremont, préfenta Requête à René Roi le REMIRE de Sicile & Duc de Lorraine,pour être maintenuë en la pol- CHANOLfeffion de l'Office de Souriere: elles envoierent une Lettre NESSES DE miffive en forme de Requête, au nom de l'Abbeffe, des Reli- MONT. gieufes & du Chapitre de Remiremont à Meffieurs du Confeil du Parlement de Dol, étant pour lors à Nancy, pour prier d'empêcher le Capitaine de Fauconier de molefter les gens du Valdajo: il y a des Lettres paffées sous le scel de L'Eglife de Remiremont le 26. Decembre 1511. par lefquelles les Dames Alix de Choiseul & Religieufes de Remiremont présenterent au Duc de Lorraine Renaut Droüin pour être confirmé dans l'Office de Forestier de leurs bois: enfin il paroît par plufieurs autres titres, qu'elles prenoient dans ce tems-la la qualité de Religieuses. Il est resté quelques anciennes peintures dans l'Eglife de Remiremont qui font connoître qu'elles étoient anciennement Religieufes, & cela par la forme de leur habit, qui confiftoit en une robe ou tunique & manteau de couleur gris blanc : elles avoient auffi une guimpe & un voile blanc, à l'exception de l'Abbeffe qui avoit un voile noir,avec un bord blanc de la largeur d'un doigt, & leur manteau étoit doublé de fourures blanches. C'est ainsi que quelques-unes font représentées dans une vitre de la Chapelle de faint Michel dans cette Eglife, & dans un tableau qui eft à une des Chapelles de la nef, à côté de la porte du Chœur. Elles ont confervé un refte de cet habit jufqu'à préfent, en ce que la barbette (c'est ainfi que les Dames de Remiremont appellent un petit morceau de quintin qu'elles mettent devant elles le jour de leur apprébandement) leur est donnée à leur reception, comme une marque apparemment qu'elles ont été autrefois Religieufes; puifque ce morceau de linge est une efpece de guimpe. Et tous les Dimanches il y a une de ces Dames qui communiant les befoins fpirituels & temporels de leur Abbaïe, eft obligée de porter cette barbette. On appelle cette cérémonie le beau Sire Dieu; & toutes les autres Dames vont faire à celle qui a cette barbette, une civilité à fa place, pendant la lecture du Martyrologe. pour pour P. Mabil Les Vicaires Apoftoliques qui furent commis par le Pape Lettre du vifiter cette Abbaïe,furent tellement convaincus qu'el- lon à un de les avoient été Religieufes de l'Ordre de faint Benoît, qu'ils fes voulurent que la memoire de ce Saint fût confervée dans les amis rou chant Remirement, CHANOI divins Offices, auffi-bien que de faint Romaric & de faint NESSES DE Amé. Ce fut pour lors qu'ils accorderent aux Chanoinesses REMIRE MONT. de quitter le Breviaire Monaftique qui avoit été en ufage dans cette Maison jufqu'alors, & leur permirent de fe fervir du Breviaire Romain; & perfuadés que de toute antiquité la Regle de faint Benoît avoit été gardée en cette Abbaïe, ils ordonnerent que l'Abbeffe continuëroit à faire profession fuivant la forme qui lui feroit prefcrite par le Pape, & que les cinq premieres Officieres feroient des vœux fimples. L'Abbeffe eft élue par tout le Chapitre. Elle a la qualité de Princeffe de l'Empire, honneur qui fut accordé aux Abbeffes de cette Maison, à la priere de Thibaut Duc de Lorraine l'an 1307. par l'Empereur Albert I. qui en revêtit Clemence de Wifeler, pour lors Abbeffe,à laquelle il envoïa des Lettres d'Inveftiture de fes Droits Regaliens. Dans ce tems-là les Abbeffes de Remiremont étoient obligées après leur élection de prêter ferment de fidelité aux Empereurs, & de recevoir d'eux l'Inveftiture pour l'administration de leur temporel ou Droits Regaliens, pour raifon de quoi elles étoient obligées de leur donner foixante & cinq marcs d'argent, comme il paroît par les Lettres de l'Empereur Rodolphe de l'an 1290. Henri Roi des Romains l'an 1310. donna à Thibaut Duc de Lorraine & à ses fucceffeurs, en augmentation de Fiefs, le pouvoir de conferer ces Droits Regaliens aux Abbeffes de Remiremont: ce qui fut confirmé par Jean Roi de Bohême, Comte de Luxembourg l'an 1344. Cependant Henriette Damoncourt les reçut en 1415. de l'Empereur Sigifmond; & Ifabelle de Mangeville l'an 1442. des mains de Jacques Archevêque de Tréves, qui en avoit reçu Commiffion de l'Empereur Frideric III. La feconde Dignité du Chapitre de Remiremont eft la Doïenne, qui se fait auffi par élection. Elle juge en feconde instance tous les differends des habitans de la ville de Remiremont, lorfqu'ils appellent pardevant elle des jugemens rendus par la Justice ordinaire de la ville; & s'il y a auffi appel de fes Sentences, la connoiffance en appartient à l'Abbeffe. La Doïenne a droit d'affembler le Chapitre,lorfqu'elle en a reçu l'ordre de l'Abbeffe. Elle reçoit les Lettres & les Requêtes qui font adreffées au Chapitre, prononce les Deliberations qui y ont été prises, & les fait Îçavoir à l'Ecolâ |