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ORDRE DIS

MITIS.

aller

pour des hommes, qui étoit dédié à l'Apôtre faint Jacques. GUILLEL- Ainfi la Congregation de Pulfano étoit compofée de Monafteres de l'un & l'autre fexe. Saint Jean gouverna cette Congregation jufqu'en l'an 1139. qu'il quitta la terre terre pour dans le Ciel recevoir la récompenfe de ses travaux. Ce fut dans le Monastere de faint Jacques qu'il mourut le 20. Juin. Ses Religieux voulurent le porter à Pulfano: mais quoique le tems fût fort ferein, comme ils vouloient le mettre fur le chariot qui avoit été préparé, il vint un fi grand orage,mêlé de grêle, que perfonne n'ofa fortir de l'Eglife. Les Religieux fe reffouvinrent pour lors qu'il leur avoit dit qu'il vouloit être enterré dans cette Eglife: ainfi fes dernieres volontés furent executées.

Son Chef fut depuis porté à Pulfano, où il est en grande veneration, & où il s'eft fait beaucoup de miracles par l'interceffion de ce Saint, & de plufieurs autres Religieux de cette Congregation, qui y font enfevelis, & aufquels on a donné le titre de Bienheureux. Cette Eglife fut confacrée par le Pape Alexandre III. on ne fçait point le tems qu'elle tomba en Commende; mais les Abbés Commendataires y ont mis à leur volonté de tems en tems des Religieux de differens Ordres ; & quoique l'Abbé joüiffe de plus de feize mille ducats de revenu, il n'y a préfentement qu'un petit nombre de Religieux Conventuels qui deffervent cette Eglife: ainfi l'Ordre de Pulfano a été éteint & aboli ; & afin d'en conferver la memoire, les Continuateurs de Bollandus promettent d'inferer dans leur Supplement du mois de Juin les Bulles & les Privileges qui concernent cet Ordre, s'ils en

peuvent recouvrer.

Bollandus, Tome IV. Junii die 20.

CHAPITRE XVII I.

Des Moines Guillelmites, avec la Vie de faint Guillaume le Grand, Ermite de Malaval leur Fondateur.

D

E tous les Auteurs qui ont écrit de l'Ordre des Guillelmites & de leur Fondateur, il y en a très peu qui l'aïent fait conformément à la verité, faute apparemment de s'être donné la peine de la chercher dans l'Histoire, où

non pas

MITES.

de faire une jufte combinaison des lieux, des tems & des ORDRE DES perfonnes qui faifoient la matiere du fujet qu'ils traitoient. GUILLSL Mais entre ces Auteurs M. Herman, Curé de Maltot, est celui qui a le plus erré dans ce qu'il dit de cet Ordre ( dans fon Livre de l'établiffement des Ordres Religieux) tant au. sujet du nom de Blancs-Manteaux ( qu'il prétend leur avoir été donné par rapport aux manteaux qu'ils portoient de cette couleur) qu'au fujet de leur Fondateur. Sa premiere erreur au fujet du nom, eft facile à détruire, puifqu'il n'eft pas vrai que ces Religieux aïent jamais porté de manteaux blancs, & qu'il eft très sûr qu'il n'y eut que ceux qui demeuroient dans le Monaftere de Paris qui portaffent ce nom, par rapport aux Religieux qui l'avoient occupés avant eux, qui étant Servites ou Serfs, portoient des manteaux blancs, & laifferent le nom de Blancs-Manteaux au Monaftere, & à la Congregation qui vint s'y établir après eux,dont le veritable nom étoit celui de faint Guillaume du Defert, comme il eft facile de le voir par l'Acte de la confecration de l'Eglife des Billettes à Paris, faite l'an 1408. par un Evêque de Naffau, qui demeuroit pour lors à ce Monaftere de faint Guillaume, Joannes miferatione divina Epifcopus Naffovienfis P. refidens in domo Religioforum fancti Guillelmi de Defertis, alias de Albis Mantellis. La feconde erreur de cet Ecrivain n'eft pas moins grande, lorfqu'il dit que les Auteurs ont confondu leur Fondateur avec celui du MontVierge. Il ne cite aucun de ces Auteurs ; & il a raison en cela, car il auroit bien de la peine à en nommer aucun : il confond lui-même, puifqu'il n'eft pas vrai que les Auteurs aïent confondu faint Guillaume de Malaval avec S. Guillaume, Fondateur du Mont-Vierge ; mais bien avec un autre Saint du même nom, Fondateur du Val-des-Ecoliers comme le remarque fort bien le Pere Henschenius, dans la Differtation qu'il a fait ajouter à la Vie de faint Guillaume Ermite, qui fe trouve dans le fecond Tome de Février des Actes des Saints de Bollandus au 10. de ce mois.

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Ce n'est pas feulement avec faint Guillaume, Fondateur du Val-des-Ecoliers, que l'on a confondu faint Guillaume, Fondateur des Guillelmites, puifque Krantius, dans fon Hiftoire de Saxe, Liv, V. dit qu'il croit qu'il étoit Guillaume IV. furnommé le Fier à bras. Quelques-uns l'ont pris

MITES.

ORDRE DIS pour Guillaume VIII. Duc de Guïenne: quelques autres GUILLEL- pour fon fils Guillaume IX. & plufieurs pour Guillaume le Debonnaire, Fondateur de Cluni: en forte qu'il n'y a prefque aucun Duc de Guïenne, à commencer depuis Guillaume II. dit Téte d'Etoupe,qui n'ait été pris pour le Fondateur des Guilelmites. Enfin fi l'on veut croire les Religieux de cet Ordre, ils n'ont point eu d'autre Fondateur que S. Guillaume IX. Duc de Guïenne, converti par faint Bernard: mais ils ne font pas mieux inftruits que les autres car ils n'en ont point eu d'autre que celui du defert de Malaval, furnommé le Grand; comme il paroît par cet Acte de l'Evêque de Naffau, que nous avons rapporté ci-deffus.

Il eft vrai qu'il eft fort difficile de débroüiller la verité, du grand nombre de fables dans lesquelles elle fe trouve enveloppée, par la faute de plufieurs Auteurs, qui attribuant les actions de faint Guillaume I. Duc d'Aquitaine, & de faint Guillaume IX. Duc de Guïenne, à faint Guillaume de Malaval, & appropriant réciproquement les actions de celui-ci à ces deux faints Ducs, les ont tellement con fondus, que des trois ils n'en ont fait qu'un, auffi-bien que l'Auteur des Leçons de l'Office de faint Guillaume, qui fe trouve dans le Breviaire des Ermites de faint Augustin,qui ne pouvant fouffrir les contrarietés qui s'y trouvent, ont cru être obligés de les corriger : mais dans l'idée qu'ils ont que c'est faint Guillaume IX. qui eft de leur Ordre, ils ont corrigé

une erreur par une autre erreur.

Il faudroit une trop grande Differtation pour faire voir ces erreurs, auffi-bien que celles des Auteurs qui ont écrit fur ces Saints. Bollandus dans l'endroit que j'ai cité à la page précédente, traite cette matiere fi amplement, que le Lecteur y trouvera de quoi s'y fatisfaire. Pour moi il me fuffit de croire avec cet Auteur que le Fondateur des Guillelmites est different de ces deux Saints Ducs : ce qui n'est pas difficile à concevoir, fi on examine attentivement quelques traits de l'Hiftoire qui font particuliers à chacun de ces Saints principalement pour ce qui regarde leur converfion, & le tems & le lieu de leur mort: je les rapporte ici en deux mots, pour la fatisfaction de ceux qui ne voudront pas fe donner la peine de lire tout ce que dit Bollandus à ce sujet.

Le premier de ces Saints eft faint Guillaume I. Duc d'Aquitaine

ORDRE DES

MITES.

quitaine, contemporain de Charlemagne, qui mourut dans l'Abbaïe de Gellone en Languedoc, où défabufé des gran- GUILLEL deurs de la terre, il s'étoit fait Moine avec l'agrément de ce Prince,qui crut devoir fon confentement à l'amitié qu'il avoit toûjours eue pour le Duc, auffi-bien qu'à la reconnoiffance des grands fervices qu'il lui avoit rendus & à fon Etat, par les victoires qu'il avoit remportées fur les Sarrafins, dont il avoit délivré la France, en les obligeant de repaffer les Pyre

nées.

Le fecond étoit Guillaume IX. Duc de Guienne & d'Aquitaine, qui étant converti par faint Bernard, fut fi repentant d'avoir perfecuté l'Eglife, & de la vie scandaleuse qu'il avoit menée pendant fa jeuneffe, que renonçant à toutes chofes, il entreprit le voïage de faint Jacques en Galice, où il mourut en 1137. après avoit fait fon Teftament,par lequel il laiffoit fes Etats à Louis le Jeune Roi de France, furnommé le Debonnaire, à condition qu'il épouferoit fa fille Alionore.

Enfin le troifiéme eft celui qui fe retira dans la vallée de Malaval, où il eut pour Difciple & pour Compagnon Albert, entre les bras duquel il mourut l'an 1157. après avoir vêcu quatre ans dans ce defert, où il donna le commencement à l'Ordre des Guillelmites, comme il eft facile de le voir par fa vie que je rapporte telle que nous l'avons reçuë d'Albert, qui en aïant été le témoin, doit nous convaincre de la difference qu'il y a entre faint Guillaume de Malaval & tous les autres de ce nom, & que cet Ordre n'a point eu d'autre Fondateur que lui.

Nous ne dirons rien de fa naiffance; le peu de connoiffance qu'on en a euë auffi-bien que de fa famille, des occupations de fa jeuneffe & de tout ce qu'il a fait dans le monde jufqu'à fa converfion, eft caufe qu'on lui a attribué une partie des deréglemens de Guillaume IX. Duc de Guienne. On croit, mais fans aucune certitude, que ce Saint étoit un Gentilhomme Francois qui aprés avoir vêcu avec beaucoup de licence dans la profeffion des armes, fut touché de Dieu & fe confacra à son service par le confeil de quelques Solitaires. Il entreprit quelques pelerinages foit à faint Jacques en Galice foit dans la Terre-Sainte: ce qui eft encore traité confufément par les Hiftoriens de fa vie, les uns pré

Tome VI.

T

ORDRE DIS

MITES.

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tendant que ce fut à faint Jacques qu'il alla, & d'autres que GUILLEL ce fut le voïage de Jerufalem qu'il entreprit par les ordres du Pape Eugene III. auquel il s'adreffa étant à Rome,où il alla d'abord pour vifiter les tombeaux des Saints Apôtres. Quoiqu'il en foit,ce fut au retour de fon pelerinage vers l'an 1153. qu'il vint en Tofcane pour y chercher quelque desert où il pût fervir Dieu dans la folitude, éloigné du commerce des hommes. L'Ile de Lupocavio dans les terres de Pise lui parut favorable à fon deffein;il y fixa fa demeure, & y commença un genre de vie fi édifiant & fi faint,qu'en peu de tems plufieurs perfonnes fe joignirent à lui pour vivre fous sa conduite. Mais leur ferveur fe ralentit peu de tems après, & leur pieté fe changea en un fi grand dégout pour les chofes fpirituelles, que ne voulant plus écouter fes exhortations ou fuivre fes avis, ils l'obligerent par leur indevotion & leurs mauvaises manieres à quitter cette premiere folitude & à les abandonner.

Il fe retira fur le Mont Pruno, où il bâtit une petite cellule au milieu d'un bois fort épais. La fainteté de fa vie lui attira encore quelques nouveaux Difciples, qui aprés avoir demeuré quelque tems avec lui, ne fe gouvernerent pas mieux que les autres à fon égard.Caraïant conçu de l'envie contre lui,ils le chafferent honteufement de ce lieu,& l'outragerent de paroles:ce qu'il fouffrir avec une moderation veritablement chrétienne & religieufe. Il retourna dans l'ifle de Lupocavio, où n'aïant pas trouvé fes premiers Difciples difpofés à le recevoir, il fixa enfin fa demeure dans une vallée deferte, & dont le feul aspect faifoit horreur aux hommes. Elle s'appelloit alors l'Etable de Rhodes, & on lui a donné depuis le nom de Malaval ou Maleval. Cette vallée est fituée dans le territoire de Sienne au Diocêfe de Groffeto, à une lieuë & demie ou environ de diftance prefque égale, entre les villes de Châtillon, Pescaire, de Buriano, & de Scarino.

Ce fat l'an 1155. qu'il fe renferma dans cette folitude, n'aïant d'abord qu'un trou dans la terre pour se mettre à couvert des injures de l'air, jufqu'à ce que le Seigneur de Buriano aïant pitié de lui, lui fit faire une cellule. Il ne vêcut pendant quatre mois que d'herbes & de racines,n'aïant point d'autre compagnie que celle des bêtes; mais au com

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