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DE SAINTE

OBLATES Genéral de cet Ordre. Mais l'an 1461. Jerôme Gafpara de Foligni qui étoit pour lors Genéral aïant renoncé à la jurifdiction qu'il avoit fur ce Monaftere, le Pape Pie 11. le foùmit à celle de l'Evêque de Foligni.

FRAN

COISE.

Ludovic. Jacobilli, Chronic. della Chiefa è Monafter. di S. Maria in campis.

CHAPITRE XXVI.

Des Oblates de fainte Françoise, avec la Vie de cette
Sainte leur Fondatrice.

UOIQUE les Oblates de fainte Françoise ne foient pas
Religieufes, & qu'elles ne foient

Q point liées
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par des vœux folemnels, leur étant même libre de fortir de la Congregation pour se marier, nous les mettons néanmoins au rang des Congregations Benedictines, tant à cause qu'elles fuivent la Regle de faint Benoît, qu'à caufe qu'elles ont été fous la jurifdiction des Moines du Mont-Olivet, dont nous avons parlé dans les Chapitres précedens. Sainte Françoise leur Fondatrice nâquit à Rome l'an 1384. & eut pour pere Paul de Buxo, & pour mere Jacqueline Rofredefchi. On rapporte qu'elle fit paroître dès le berceau l'averfion qu'elle avoit pour ce qui pouvoit bleffer tant foit peu la pureté. Elle fuïoit dès l'enfance tous les amusemens puerils, & furmontant les foibleffes de fon âge, elle ne fe plaifoit que dans la folitude. Dès-lors éloignée de tout bruit pour éviter les converfations, elle fe tenoit enfermée dans fa chambre, où elle étoit continuellement appliquée ou à la priere ou à la lecture, & elle y joignoit encore toutes les mortifications dont elle étoit capable.

Elle auroit bien voulu confacrer à Dieu fa virginité. Dès l'âge de douze ans elle fongeoit à fe retirer dans un Monaftere; mais fes parens en difpoferent autrement; elle avoit pour eux une obéiffance fi refpectueufe, que ne voulant pas s'oppofer à leur volonté,malgré l'inclination qu'elle avoit de confacrer fon cœur à Dieu dans un Monaftere,elle con fentit à époufer un Gentilhomme Romain nommé Loüis de Pontianis, qui étoit riche & de grande naissance.

Le chagrin qu'elle conçut de n'avoir pu éviter les engagemens

OBLATES DE SAINTE

gemens du mariage, la fit tomber dans une maladie extré me,de laquelle elle ne put être guerie que par miracle, après FRANque tous les remedes humains eurent été inutiles. Aïant rẻ- §918*. couvré la fanté, elle reprit fes exercices ordinaires de devotion. L'Oraifon continuelle, la vifite des Eglifes, l'affiftance aux Meffes & aux divins Offices, partageoient également les heures du jour, avec le foin qu'elle prenoit pour regler fon Domestique. Pour lors elle embraffa la troifiéme Regle de faint François, avec la permiffion de fon mari, felon ce que difent les Annales du Tiers Ordre de ce Saint; & elle obtint auffi fon confentement pour ne porter plus que des habits de laine. L'amour qu'elle avoit pour lui étoit fi refpectueux, qu'elle lui étoit foumise comme à fon Maître. Elle aimoit fes Domestiques comme fes freres & fes focurs, & agiffoit envers eux plûtôt comme inferieure que comme Maîtreffe, fe reduifant à faire les fonctions les plus baffes & elle n'ufoit jamais à leur égard de fon autorité, que quand elle voïoit que Dieu étoit offenfé ; c'étoit alors qu'elle faifoit rentrer un chacun dans le devoir, avec toute la fermeté d'une Maîtreffe zelée pour la gloire du Seigneur.

Dieu voulut éprouver la vertu par des afflictions domestiques. Rome aïant été affligée du tems du Pape Jean XXIII. par les guerres civiles caufées par le fchifme qui partageoit l'Eglife, fon mari & fon beau-frere Pauluci furent exilés dans une invafion que Ladiflas Roi de Naples fit dans cette Capitale du monde, & fon fils aîné refta en ôtage. Françoise Tupporta avec une constance admirable cette difgrace. Elle ne fit pas paroître moins de vertu & de grandeur d'ame dans la perte qu'elle fit de deux autres de fes enfans, dont l'un nommé Evangelifte, mourut à l'âge de neuf ans,& fut suivi un an après par fa fœur Agnés, qui n'en avoit que cinq; & quoiqu'elle les aimât tendrement, comme elle ne les avoit élevés que pour le Ciel, elle fut ravie de les rendre à celui qui les lui avoit donnés,en lui faisant un facrifice volontaire de l'amour qu'elle avoit pour eux.

Après que la paix & la tranquillité eurent été rétablies dans Rome, par l'abdication volontaire du fouverain Pontificat que fit Jean XXIII. dans le Concile de Conftance,où Martin V. fut élu à fa place l'an 1417. le mari de fainte FranDd

Tome VI.

OBLATES Çoife retourna à Rome, & fes biens lui furent reftitués. Il DE SAINT) fut fi touché des graces que Dieu faifoit à sa femme, qu'il ÇOISE. ne la regarda plus que comme fa four, lui donnant toute

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liberté pour fes devotions: ce qui fit que l'an 1425. elle fe rendit Oblate du Mont-Olivet, fous la direction des Peres du même Ordre. Cet engagement n'étoit autre chofe qu'une efpece de Confrairie (comme dit M. Baillet dans fon Recueil des Vies des Saints) où les femmes étoient reçuës comme les hommes, fans changer ni la condition de Laique, ni l'habit feculier,& fans autre engagement que celui d'une ferme refolution de continuer dans les pratiques de devotion qui y étoient attachées, chacun demeurant dans fon particulier & dans les engagemens de fon état. Mais la Sainte qui cherchoit non feulement le falut de fon ame, mais encore celui du prochain, en voulut former une Congregation de Filles & de femmes veuves, qui vêcuffent en commun fous l'obéïffance d'une Superieure, & fous la jurifdiction des Peres du Mont-Olivet. C'eft ce qu'elle executa l'an 1433.aïant affemblé le jour de l'Annonciation de la fain e Vierge plufieurs filles & plufieurs femmes veuves dans une Maifon qu'on appelle encore la Torre de Spechi,ou la Tour des Miroirs,dans la rue des Cordiers, au pied du Capitole, & au quartier Campitelli: ainfi le nom de Collatine que M. Baillet donne à ces Oblates, & qu'elles ne connoiffent point, ne peut venir ni du quartier ni de la rue où leur Maison eft fituée,comme cet Auteur le croit. La Sainte trouva d'abord de la difficulté dans l'execution de fon deffein ; mais l'aïant furmontée avec l'aide de Dieu,pour la gloire duquel elle travailloit,elle donna à fes Filles la Regle de S. Benoît avec des Conftitutions particulieres, & les foumit aux Religieux de l'Ordre du Mont-Olivet: & afin qu'elle ne fût plus inquietée dans cet établiffement, elle en demanda la confirmation au Pape Eugene IV. .ou plûtôt elle la fit demander par fes Filles; & ce Pontife par une Bulle du mois de Juillet de la même année 1433. donna Commiflion à Gafpard Evêque de Cozenza, qui fe trouvoit pour lors à Rome, de s'informer de la verité de l'expofé, lui donnant pouvoir d'accorder à ces Oblates uneMaifon dans Rome, fi les chofes étoient telles qu'on le lui avoit expofé, dans laquelle Maifon elles pourroient recevoir celles qui fe préienteroient pour y être Oblates, & y vivre

FRAN

avec elles en commun felon leurs Conftitutions. Ce Prélat OBLATES après avoir fait les informations, & avoir pris le confente- DE SAINTE ment de l'Abbé ou Prieur de fainte Marie-la Neuve des COISE. Religieux du Mont-Olivet, qui fit pour ce fujet un Concordat avec les Oblates, leur accorda, entr'autres chofes, par fes Lettres du 21. du même mois de Juillet,la permiflion de demeurer dans une Maison proche l'Eglife de S. André des Cordiers, fituée au quartier de Campitelli, en attendant qu'elles en puffent trouver une plus commode dans quelqu'autre quartier de la ville mais aïant aggrandi cette Maifon dans la fuite, elles y font reftées jufqu'à préfent.

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Monfieur Baillet, qui prétend que cet Ordre des Oblates a «. commencé dès l'an 1425. dit que la benediction que Dieu lui donna le rendit fi fecond,que la Maison que fainte Fran- « çoife lui avoit acquife ne fe trouva pas long-tems en état dè «. loger commodément toutes les perfonnes qui venoient s'y refugier, pour fuir la corruption du fiécle; & que c'eft ce qui obligea la Fondatrice à des mesures plus étenduës, qu'elle tranfporta fes Filles l'an 1433. au pied du MontCapitolin, dans une Maison plus fpatieufe, que l'on appelle della Torre de Spechi, ou de la Tour des Miroirs ; & il ajoûte que ce n'eft que de ce dernier transport qui fe fit le 25.Mars « 1433 que l'on compte le veritable établiffement de cette .. Congregation. Il eft certain néanmoins que la Tour des Miroirs a été leur premiere demeure, & le lieu où la Congregation a commencé. Car nous lifons dans la Vie de fainte Françoife, compofée par Madelaine d'Auguillare, Superieure de ces Oblates, ou par quelqu'autre fous fon noin, ( que M. Baillet a exactement fuivie dans les autres faits) que ce fut pofitivement cette année 1433. que la Congregation des Oblates commença, & que pour cet effet on acheta une maison au quartier Campitelli, dans le lieu où eft la Tour qu'on appelle des Miroirs, que ce n'étoit pas pour y demeurer toûjours, mais en attendant qu'on eût trouvé un lieu plus commode: Tandem datum eft Congregationi princi- vit. sanct. pium, eumque in finem comparata domus in regione Campi- Francifca zelli, eo in loco ubi turris eft, fpeculorum vulgo dicta: non qui-land.To.11. dem ut Ifthac perpetuo remanerent, fed interim dum alia op- Martii. p. portunior, que tunc ftudiofe quærebatur,inveniri poffet. Voilà 192 donc la premiere demeure des Oblates, & non pas la fe

Bol

DE SAINTE FRANÇOISE,

OBLATES Conde, comme prétend M. Baillet, & il y a bien de l'apparence qu'elles ne trouverent pas de quartier plus commode, puifqu'elles y ont demeuré jufqu'a prefent: car elles font encore proche l'Eglife de faint André in Vinchi,c'est-à-dire, des liens ou des Cordiers, où elles demeuroient déja dès le tems de leur fondation, comme il paroît par la permiflion de l'Evêque de Cozenza: Ut commorari poffent in domo vicina Ecclefia S. Andrea funarorium in Campitelli. Si cette Maison avoit été auffi fpatieufe que M. Baillet le dit,elles n'auroient pas eu la pensée de la quitter en y entrant, & d'en chercher une autre plus commode; mais elle étoit pour lors fort petite, & l'Evêque de Cozenza ne leur permit d'y demeurer que jufqu'à ce qu'elles en euffent trouvé une plus commode: Donec commodiorem alteram reperiffent: encore ne leur donnat-il pas le choix de tous les quartiers de Rome, il ne leur en marqua feulement que huit, qui étoient ceux de Ponte, di Parione, della Regola, di Transtevere, di S. Angelo, di S. Eustachio, della Pigna & di C mpitelli. Mais cette demeure aïant été rendue plus fpatieuse par les bâtimens qu'elles y firent faire, elles s'y accoûtumerent infenfiblement, & ne voulurent plus en fortir: elles en folliciterent au contraire la confirmation, qui leur fut accordée fans peine par le même Commiffaire Apoftolique (l'Evêque de Cozenza) l'année qui fuivit immédiatement la retraite de fainte Françoif dans cette Maison, qui fut 1437. car cette fainte Fondatrice aïant perdu fon mari vers le commencement de l'année 1436. après qu'elle lui eut rendu les derniers devoirs, & qu'elle eut mis ordre à fon Domeftique n'aïant plus d obftacles qui l'empêchaffent de fuivre fon attrait pour la folitud.,& l'ardent defir qu'elle avoit de fe confacrer entierement à Jefus-Chrift, el e fe retira avec fes filles, aufquelles elle de manda la grace d'être reçue dans leur fainte Compagnie. E e auroit pu fe fervir de fon droit de Fondatrice: mais une vertu auffi confommée que la fienne ne lui permit pas de demander cette grace, autrement que profternée aux pieds de fes Soeurs, les priant les larmes aux yeux d'avoir pitié d'une pauvre péchereffe, qui cherchoit la voïe du falut & de la penitence: il n'eft pas facile d'exprimer avec quelle fatisfaction ces faintes Filles reçurent une mere fi accomplie, & avec quelle marque de diftinction & de refpect elles lui

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