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CONGRE- main avoit toute jurifdiction fpirituelle & prefque Epifco GATION DR pale dans toute l'étendue de ce fauxbourg,mais il y avoit enFRANCE. Core haute, moïenne & baffe Justice, & y pouvoit donner

DE

des Lettres de Maîtrise à toutes fortes d'ouvriers. Préfente-ment les droits de cette Abbaïe font bien diminués, & par un Concordat paffé avec l'Archevêque de Paris on en a cedé à ce Prélat toute la jurifdiction fpirituelle, à condition que le Prieur de l'Abbaïe feroit Grand-Vicaire né de l'Archevêque de Paris,&que l'Abbé conferveroit fa jurisdiction fpirituelle dans l'enclos de l'Abbaïe qui contient quelques cours où il y a des ouvriers qui y peuvent travailler librement fans être Maîtres. L'Abbé eft Seigneur de Villeneuve-faintGeorges, Antony, Berny & de plufieurs autres villages aux environs de Paris. Cette Abbaïe a plus de 100000. livres de revenus.Cafimir Roi de Pologne mort en France en 1672.en a été Abbé & y eft enterré : elle eft préfentement poffedée par M. le Cardinal de Biffi..

Celle de Fefcamp qui fut auffi unie à la Congregation de faint Maur eft une des plus belles, des plus nobles & des plus riches du Roïaume. Richard II.Duc de Normandie la fit élever fur un ancien édifice qui étoit bas & obfcur, elle est bâtie dans l'enceinte du château qui a fes foffés & pontslevis. Ce Prince y mit des Chanoines Réguliers en la place: des Religieufes qu'il y trouva & qu'on transfera à Montiviliers: il y fit faire un cercueil de pierre où il voulut être inhumé après la mort, & afin de meriter la grace d'en faire une qui fut agréable aux yeux de Dieu en rachetant fes pêchés, par les aumônes, il ne manquoit pas tous les Vendredis de l'année de le faire emplir de froment que l'on diftribuoit aux pauvres avec vingt fols d'argent: ce qu'il continua jufqu'à la fin de fa vie. Robert II. fon fucceffeur augmenta les biens de cette Abbaïe, & y fit venir des Religieux de saint Benigne de Dijon aufquels il donna droit de haute, moïenne & baffe Juftice. Il obtint même du Pape Jean XVI. qu'ils fuffent indépendans de l'Archevêque de Roüen. Cette Abbaie poffede dix Baronies, dix hautes Juftices & dix Sergenteries, entre lefquelles la Baronie de Fefcamp & celle de Vitfleur, qui font la menfe Abbatiale, produisent plus de foixante mille livres de rente à l'Abbé. Non feulement elle aft. exemte de la jurifdiction Epifcopale, mais encore elle

S. MAUREN

exerce une jurifdiction prefque Epifcopale fur les dix Pa- CONGR roiffes de la ville, & fur feize autres fituées dans le Diocêfe GATION de de Rouen, fuivant la conceffion faite à Henri Abbé de Fef- FRANCE. camp,par Hugues Archevêque de Roüen. L'Official de Fefcamp a droit de vifite fur toutes ces Paroiffes,y peut tenir Synode & Affemblée de Curés & y faire des Reglemens..

L'Abbaïe de la Trinité de Vendôme fut fondée l'an 1042. par Geoffroi ou Godefroi Comte d'Anjou,en memoire d'une vifion de trois étoiles qui lui avoient paru tomber dans une fontaine voifine. Il y mit des Religieux de l'Ordre de S. Benoît qu'il fit venir de Marmoutier & non feulement il la gratifia de plufieurs prérogatives, mais auffi il l'enrichit de la précieufe larme que Notre-Seigneur répandit fur le Lazare. Il l'avoit apportée d'Outremer dans un petit vafe qui n'avoit ni foudure ni ouverture, & qui étoit blanc par dehors comme du criftal. Cette Abbaïe eft illuftre par le privilege que le le Pape Innocent III. lui a accordé, que quiconque en feroit pourvû fe pourroit qualifier Cardinal, du titre de fainte Prifce. Nous avons parlé affez amplement des Abbaïes de faint Denis en France, de Marmoutier, de faint Benigne de Dijon, de la Chaize- Dieu, de Sauve-Majour, du Tiron, toutes Abbaïes unies à la Congregation de faint Maur,& qui étoient Chefs autrefois de Congregations aufquelles elles avoient donné leurs noms nous nous étendrions trop nous voulions rapporter l'origine & les prérogatives des autres Monafteres qui compofent cette Congregation de faint Maur. Parmi ces Monafteres il y en a quelques-uns qui no font point en commende comme les Abbaïes de faint Auguftin de Limoges, de Chezal-Benoît, de faint Sulpice de Bourges, de faint Vincent du Mans, & de faint Martin de Séez, qui font gouvernés par des Abbés Triennaux,nommés par le Chapitre Général de la Congregation. Celle de faint Auguftin de Limoges joüit de ce privilege à caufe que la Réforme de France y a pris naiffance. Il lui fut accordé le Roi Louis XIII. Chezal-Benoît & les quatre par autres joüiffoient de ce droit du tems que la Congregation de Chezal- Benoît fubfiftoit, comme nous dirons plus au long dans le Chapitre fuivant,& il a été confervé à la Congregation de S.Maur qui a encore quelques Abbaïes où les Abbés font Réguliers, mais perpetuels & à la nomination du Roi.

GATION DE

CONGRE- Les Religieux de cette Congregation font habillés comme S PLACIDE les Réformés de Cluni. Ils ont une robe & un scapulaire noir, & par deffus, quand ils font au Choeur, ou qu'ils vont par la ville, ils mettent une coule qui n'eft pas fi ample que celles des Moines du Mont-Caffin, ni de ceux de faint Vanne. Ils reçoivent parmi eux des Freres Convers qui font habillés de même, & ils ont encore des Freres commis qui retiennent leur habit féculier. M. Bulteau Auteur de l'Hiftoire Monaftique d'Orient & de l'Hiftoire de l'Ordre de faint Benoît étoit Frere Commis dans cette Congregation. Elle a pour Armes une couronne d'épines au milieu de laquelle il yale mot PAX, furmonté d'une fleur de lis, & trois clouds de la paffion en pointe

Chronic. Générales de l'Ord. de faint Benoît. Tom. 4. Cent. 4. Chapitre 12. Dom Michel Felibien, Hift. de l'Abbaïe de faint Denis. Sainte-Marthe, Gall. Chrift. Tom. 4. Hermant établissement des Ord. Religieux, pag. 409..

CHAPITRE XXXVIII.

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Des Benedictins Réformés de la Congregation de S. Placide aux Pais-Bas

L

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A Congregation de S. Vanne a auffi produit celle de 5%Placide dans les Païs-Bas, où les Religieux de faint Vanne commencerent par réformer l'Abbaïe de S. Hubert: en Ardenne, aux frontieres de l'Evêché de Liege & du Du-ché de Bouillon. Cette Abbaïe fut fondée vers l'an 706. parfaint Beregife Prêtre, qui avoit été élevé dans le Monaftere de Saint-Tron. Aïant obtenu de Pepin Heristal,par le moïen de fa femme fainte Plectrude, un lieu appellé Andagine: il bâtir un Monastere & une Eglife, qui fut dédiée en l'honneur du. Prince des Apôtres, & y mit des Chanoines. Mais l'an 817. Waleand Evêque de Liege, rétablit ce Monaftere, qui étoit déja ruiné, & d'où les Chanoines s'étoient retirés, & le donna aux Moines Benedictins;& afin de rendre ce lieu recommandable, il y mit le corps de faint Hubert,l'un de fes prédeceffeurs, qui a donné fon nom à cette célébre Abbaïe, où l'on va de toutes parts, principalement les perfonnes qui ent été morduës de quelque bête enragée, pour obtenir leur

guerifon

S PLACIDI

guerifon par l'interceffion de faint Hubert. Walean Y mit CONGRA pour premier Abbé Alvé, qui eut pour fucceffeur Mare- GATION DE ward, lequel fut tiré de l'Abbaïe de Prume,& à Mareward fucceda Sevold, fous le gouvernement duquel les Religieux de faint Hubert vivoient dans une fi grande retraite, qu'ils laiffoient entrer difficilement les Seculiers dans leur Monaftere, & les femmes n'entroient dans leur Eglife que le feul jour de faint Hubert. Les Religieux s'étant éloignés dans la fuite des Obfervances Regulieres, elles y furent rétablies par faint Thierri, qui en étoit Abbé l'an 1055. & ce Saint fit rebâtir ce Monaftere avec beaucoup de magnificence. Le relâchement s'y étant encore introduit dans la fuite, il fut du nombre des Monafteres qui compoferent la Congregation de Bursfeld, dont nous avons déja parlé dans le Chapitre XXVIII.& enfin il eut le bonheur d'être le premier de ceux des Païs-Bas, qui embrafferent la réforme de faint Vanne, qui y fut introduite de la maniere suivante.

Il y avoit en ce tems-là dans l'Abbaïe de faint Hubert un faint Religieux appellé Dom Nicolas de Fanfon, qui aïans entendu parler de la parfaite obfervance & régularité de la Congregation de faint Vanne, fit de grandes inftances auprès de les Superieurs pour y être reçu : ce qu'ils lui accorderent. Mais par une providence divine, dont les voïes furpaffent toute la pénétration de la fageffe humaine, l'Abbé de faint Hubert étant mort dans le tems qu'il faifoit fes pourfuites,il fut élu à fa place. Surpris de cette élection,à laquelle il ne s'attendoit pas, il ne fçavoit quel parti prendre. D'un côté il ne vouloit pas refufer la grace que les Peres de faint Vanne lui avoient accordée,& de l'autre il ne fçavoit fi Dieu n'avoit pas permis fon élection, pour fe fervir de lui à rétablir la Discipline Reguliere dans fon Monaftere. Dans cet. embarras, craignant de se flater soi-même, en préferant l'inclination d'une nature corrompuë aux mouvemens de la grace, il aima mieux s'en rapporter au jugement des Peres de faint Vanne,qui lui confeillerent d'accepter cette Charge, afin de pouvoir travailler à la réforme de fon Abbaïe. Ce confeil qu'il regardoit comme la voix de Dieu même, qui luï manifeftoit fa fainte volonté, le détermina à accepter cette Charge, dans l'efperance d'y travailler à fon falut & à celui

des autres.

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PLACIDE.

CONGRE Lorfqu'il en eut pris poffeffion, il demanda des Religieux SATION DE aux Peres de S. Vanne pour venir à S. Hubert y établir leurs Obfervances. Ils jetterent les yeux fur Dom Mathias Potier, ancien Religieux de Semur en Bourgogne, qui étoit venu de Paris à Verdun pour y prendre l'habit,& qui avoit beaucoup fervi à réformer les Monafteres du Comté de Bourgogne : on lui donna pour Compagnon Dom Jerôme Lamy,& quelques autres, qui eurent beaucoup de peine à réüflir dans leur entreprise, aïant eu de grandes difficultés à furmonter, tant de la part des anciens Religieux de ce Monaftere, que des Officiers de l'Evêque de Liege, qui n'omirent aucune chofe pour détruire la réforme. L'Abbé de faint Hubert eut auffi beaucoup de perfecutions à foûtenir, pour avoir voulu remettre fon Abbaïe dans l'Obfervance. On attenta même à fa vie: car on empoifonna le vin avec lequel il devoit dire la Meffe. Mais Dieu qui avoit pris fous fa protection ce faint Abbé, ne permit pas qu'il en mourût, quoiqu'il eût pris toutes les faintes efpeces, & tout le vin de la burette que le Diacre, auteur d'une fi noire action,lui verfa. Il se garantit de ce peril, en prenant du contre-poifon qu'il rencontra par bonheur dans fa chambre, lorsqu'il se sentit saisi d'un froid extrême, & il diffimula ce crime avec une patience toute Chrêtienne & Religieufe.

Malgré tous ces obftacles la réforme fut introduite dans cette Abbaïe, qui fut foumise l'an 1618. aux Observances de la Congregation de faint Vanne. L'on y forma un Noviciat, tant de quelques-uns des anciens Religieux que d'autres qui fe prefenterent pour y être inftruits dans les nouvelles pratiques fous la conduite du Pere Lamy,qui fut établi Maître des Novices, & fous l'obéïffance de D. Mathias Potier, qui fut fait Prieur Claustral.

Les Officiers de l'Evêque de Liege voïant que nonobstant leurs oppofitions, & les traverfes qu'ils avoient fufcitées à l'Abbé de faint Hubert, la réforme avoit été introduite, & y faifoit du progrès, n'inquieterent plus les auteurs de cette Réforme, & ne purent leur refufer les louanges qui étoient duës à leur zele:mais lorsque l'Abbé voulut donner la derniere main à la Réforme, en uniffant fon Abbaïe à la Congregation de faint Vanne, les Officiers de l'Evêque de Liege crurent qu'il y alloit encore de l'interêt de la jurisdiction de

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