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M. Jacqueline de Blemure, année Benedicline. Sainte- RELIGIE Marthe, Gall. Chrift. Tom. 4. pag. 885.

CHAPITRE XL.

Des Religieufes Benedictines de Bourbourg, Eftrun, Messine, autres Monafteres Nobles de cet Ordre, en Flandres, &en Italie.

N

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Ous avons déja parlé de plufieurs Monafteres d'hommes de l'Ordre de faint Benoît où l'on ne reçoit que des perfonnes nobles, il y en a eu auffi plufieurs de filles tant en Allemagne & en Lorraine qu'en France, en Italie & en Flandres. La plupart de ces fortes de Benedictines nobles d'Allemagne & de Lorraine ont renoncé à la Regle dé saint Benoît, & ne voulant plus s'affujetir à des vœux folemnels, vivent en Chanoineffes Séculieres, avec la liberté de pouvoir se marier, telles font les Abbaïes d'Obermunfter & Nidermunster à Ratisbonne,de fainte Marie du Capitole à Cologne, & plufieurs autres en Allemagne, de Remiremont Pouffay, Bouxieres, & Epinal en Lorraine, de Maubeuge, Nivelle, Denain & quelques autres en Flandres,fans parler de celles qui ont embraffé l'Heréfie de Luther & de Calvin en Allemagne & dont nous avons parlé dans la premiere partie, comme étant préfentement Chanoineffes Séculieres. Heft néanmoins refté quelques-uns de ces Monafteres nobles en Flandres, & en Italie, où les Religieufes ont toûjours fait gloire de fe dire filles de faint Benoît ; & fi dans quelques uns elles ne gardent as une clôture exacte, elles s'engagent au moins à la profeffion Religieufe par des vœux: folemnels.

L'Abbaïe de Bourbourg en Flandres autrefois du Diocêle de Teroüane & à prefent de celui de faint Omer, eft de ce nombre. Elle fut fondée par le Comte Robert dit le Jerofolymitain & la Comteffe Clemence fa femme l'an 1102.fous la dépendance immediate du faint Siége, pour des filles de la premiere nobleffe du païs. L'Evêque de Teroüane confentit à cette fondation & l'approuva,& le Pape Pafchal II. la con firma l'an 106. Le Pape Calixte II. qui lui fucceda & qui étoit frere de la Comteffe Clemence, renouvešla ce

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SES BENE

DICTINES
NOBLES

DE BOUR-
BOURG.

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RELIGIE même privilege, prenant ce Monaftere fous la garde & dé-
SES BENE fenfe du faint Siege, & l'exemtant de tous les droits que l'E-
NOBLES DE Vêque auroit pû y prétendre, lui en accordant encore d'au-

DICTINES

BOUR

BOURG.

tres exprimés dans fa Bulle de l'an 1119. ce que fit auffi Innocent 11. par une autre Bulle de l'an 1138. & plufieurs Souverains Pontifes dans la fuite confirmerent de nouveau les privileges de cette Abbaïe.

née

Elle étoit autrefois fort riche ; mais aïant été fouvent ruipar les guerres, fes revenus font beaucoup diminués, ce qui n'empêche pas que les Religieufes n'y foient recuës fans dot, pourvû qu'elles aïent fait preuves de leur nobleffe qui doit être de feize quartiers, tant du côté paternel que maternel. Elles ne veulent pas qu'on les appelle Dames, mais Demoiselles, ce nom fignifiant davantage la nobleffe ancienne, à caufe qu'autrefois on ne le donnoit qu'aux filles de Princes & de Grands Seigneurs, de Barons & de Chevaliers. Voici de quelle maniere on les reçoit. Après que les preuves ont été examinées, quelques jours avant la prise d'habit, le Gouverneur de la ville de Bourbourg présente la poftulante à l'Abbeffe, à la Prieure & aux autres Demoifelles qui font affemblées dans le quartier Abbatial, Le Gouverneur aïant fait fon compliment, fi les Demoifelles témoignent agréer la poftulante, elles font feulement une révérence. La veille du jour qu'elle doit prendre l'habit, on lui donne du pain & du vin dans l'Eglife, où fe trouvent l'Abbeffe, les Demoifelles & tous les parents de la poftulante. Le lendemain on l'habille le plus magnifiquement que l'on peut. On lui laiffe les cheveux épars, on lui met une couronne de diamans fur la tête, & elle eft conduite dans une falle où on lui donne le Bal. Sa famille danfe quelque tems en présence de l'Abbeffe, des Demoifelles & du Juge de l'Abbaïe, aprés quoi la jeune demofeille demande la bénédiction à fon pere & à fa mere, leur dit à dieu & à toute sa famille.

On la mene enfuite à l'Eglife précédée de violons, hautbois, & autres inftrumens. De petites demoiselles marchent devant la postulante,l'une porte une corbeille pleine de fleurs, une autre tient un cierge, & une autre porte la queuë de fa robe. La Meffe eft chantée en mufique, le pere de la fille la mene à l'offrande, où elle eft fuivie de toute fa famille, &

T.VI.P.308

Benedictine de Bourbourg

en

habit ordinaire dans la maison

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