SES BENE aprés la Melle, l'Abbeffe & les Demoifelles vont au Cha- RELIGIEU pitre d'où l'Abbeffe depute deux demoiselles vers la postulante pour fçavoir fa derniere réfolution, & prier fen pere NOBLED de la conduire à la porte du Chapitre, elle y eft receue par BOURG. la demoiselle qui doit être fa maitreffe, & qui la prend par la main pour la conduire à l'Abbeffe,qui lui fait une exhortation devant tout le monde, aprés quoi elle lui ôte ses habits mondains & lui donne celui d'écoliere ou novice de cette maison, qui confifte en une robe blanche, avec des peaux grifes au bas de la robe, un furplis de toile noire par deffus la robe, & un voile noir pour couvrir la tête. par La jeune écoliere étant revetuë des habits de la religion eft conduite à l'Eglife par l'Abbeffe qui la fait profterner devant le faint Sacrement. Elle lui met enfuite une bague de diamans au doigt, en l'époufant au nom de Jesus-Christ. Aprés l'année de probation, la Demoiselle écoliere prononce fes vœux folemnels dans le Chapitre, en présence de l'Abbeffe & des Demoifelles. Il n'y a pas plus de cinquante ou foixante ans que les cinq plus anciennes Demoifelles tenoient ménage féparément, les plus jeunes Demoifelles mangeoient avec elles, & on païoit leurs penfions fur les revenus de la maison ; mais depuis qu'elle a beaucoup fouffert les guerres, & que fes revenus font diminués, les Demoifelles mangent toutes enfemble dans une falle, dans l'appartement de la Prieure, les anciennes aïant toûjours confervé leurs appartemens. Ces Religieufes ont toûjours auffi retenu les cérémonies,l'habit, la coëffure,& l'efprit de leur fondation. Leur habillement ordinaire confifte en une robe noire, avec des manches qui defcendent jufques au poignet, elles font ferrées ou fermées,& couvertes d'une petite manchette de la largeur de deux doigts. Par deffus la robe, elles mettent un furplis fort pliffé de toile de cotton noire : mais au Choeur & dans les cérémonies, elles mettent fous le furplis noir un autre furplis de toile blanche, qui defcend un pied plus bas,jufques fur l'hermine dont leurs robes font bordées, & leurs manteaux font fourés de petits gris. Pour leur coëffure elle eft affez particuliere, comme on la peut voir dans les deux figures que nous donnons, dont l'une représente ces Demoifelles en habit ordinaire, & l'autre en habit de Chœur. RELIGIEU- DICTINES Memoires donnés par Mademoiselle de Salo, Religieufe de cette Abbaie. Les Religieufes de l'Abbaïe de Meffine, qui eft un autre Monaftere noble, de l'Ordre de faint Benoît, fitué dans l'Evêché d'Ypres,ont à peu prés le même habillement, que celles de Bourbourg excepté que la coëffure eft plus ample. Cette Abbaïe fut fondée l'an 1065. par Adelle,fille deRobert Roi de France, & femme de Baudouin Comte de Flandres,dit l'Infulaire, qui fonda auffi au même lieu une Collegiale de douze Chanoines & un Doïen, qui font à la nomination de l'Abbeffe de Meffine. Elle va à certains jours avec toutes fes Religieufes dans l'Eglife de ces Chanoines, qui leur cedent le côté droit du Chœur, & elles chantent l'Office avec eux. Robert Comte de Flandres, fils de la Comteffe Adelle,. confirma l'an 1180. les donations que cette Princeffe avoit faites à ce Monaftere, & les amplifia.. Gazet, Hift. Ecclef. des Païs-Bas, & Chronique generale de l'Ordre de faint Benoît.. les L'Abbaïe d'Eftrun proche Arras a été auffi fondée pour des filles nobles : l'on prétend qu'elle étoit déja fondée vers le tems de Charlemagne, mais qu'aïant été ruinée par Normans, elles fut rétablie environ l'an 1088. par Gerard II. Evêque d'Arras, qui la dota de plufieurs revenus, & que Fulfende qui mourut l'an 1126. en fut premiere Abbeffe, que plufieurs filles nobles y prirent l'habit Religieux, pour y fervir Dieu, fous la Regle de faint Benoît, qu'elles y donnerent leurs biens,& que l'Evêque Lambert obtint du Pape Pafchal. II. la confirmation tant de leurs Regles & obfervances, que de leurs biens & poffeffions. Elles avoient à peu prés les mêmes pratiques & les mêmes obfervances que celles de Bourbourg & de Meffine ; mais elles furent réformées il y a quelques années par M. l'Evêque d'Arras, Gui de Seve de Rochechouart, qui leur dreffa des Conftitutions. qu'elles fuivent à préfent, & qui furent imprimées à Arras en 1679. Selon ces nouvelles Conftitutions elles ne peuvent recevoir que des demoiselles, conformément à leur fondation, & n'en doivent recevoir qu'autant que les revenus de la maifon font fuffifants pour les entretenir. Il ne leur eft pas deffendu de recevoir des penfions; mais fi au lieu de penfions, elles |