DICTINES recevoient une fomme d'argent, elle ne doit point exceder R cinq ou fix années au plus de ce qu'il faut pour le vivre & le SES BINveftir d'une Religieufe. Il ne leur eft pas néanmoins deffen- NOBLES du de recevoir les préfens que les parens voudroient faire à la maison, par forme d'aumône ou de gratification, pourvû qu'elles ne les procurent pas par des voïes indirectes ou arti ficieuses. Elles ne peuvent rien poffeder en propre, & pour éviter la moindre apparence de proprieté, les penfions viageres doivent être reçues par l'Abbeffe, comme faifant partie des revenus du Monaftere pour en difpofer comme elle le jugera à propos, & on ne fait aucune diftinction de ces revenus & des autres. Au commencement duCarême chaque Religieufe fait un memoire de tout ce qu'elle a en ufage dans fa cellule pour le porter à la Superieure quand elle l'appelle à cet effet, ce qu'elle fait de cette maniere. La Religieufe fe met à genoux devant l'Abbeffe, aïant les mains cachées dans fon furplis, & lui préfente le memoire, en difant, Madame, Je rends à Dieu, à faint Benoît & à vous tout ce que je tiens fous le vœu d'obéiffance, vous fuppliant très humblement de me pardonner ce en quoi je vous ai offenfé, & celles qui ne font pas Profeffes, au lieu de dire, fous le vœu d'obeiffance, difent, fous la main d'obéiffance. à Elles gardent préfentement la Clôture, ne peuvent fortir qu'avec l'Abbeffe, & ne peuvent aller fans fa permiflion dans fon appartement,qui eft féparé à cause qu'elle y donne manger aux étrangers qui ne peuvent entrer dans l'enclos du Monaftere. L'abftinence de la viande n'étant pas établie dans cette maison, les Religieufes en mangent le Dimanche, Mardi & Jeudi, tant à dîner qu'à fouper, & le Lundi feulement à dîner, à moins qu'il ne fe rencontre ces jours là quelque jeûne d'Eglife ou de Regle. Outre les jeûnes d'Eglife, elles jeûnent encore toutes les veilles des Fêtes de la fainte Vierge, pendant l'Avent & tous les Vendredis, depuis celui qui précéde la Pentecôte jufqu'à celui de devant le Carême exclufivement le jour du Vendredi faint, elles ne mangent que du pain & des pois fans beure, elles font la même chofe la veille de l'Affomption de la fainte Vierge, excepté qu'on y ajoûte du fruit. Si la Fête de Noël arrive un jour d'abstinence, elles ne mangent pas de viande ce jour lì, D'ESTRUN. DICTINES D'ESTRUN. RELIGIEU- non plus que les Samedis d'aprés Noël, jufqu'à la Purifica SES BENE- tion, ni le foir du Lundi & Mardi de la Quinquagefime. NOBLES L'Abbeffe eft obligée d'aller manger auRefectoire à certains jours, & les autres jours elle tient table dans fon appartement où elle reçoit les externes, felon l'obligation qui lui en eft impofé par fa Regle:elle y a pour compagne fa Chapelaine, & elle y peut appeller quelquefois des Religieufes de fa Communauté. 11 y a une Religieufe de cette Communauté, qui tous les jours de Carême, à commencer par la plus jeune, jufqu'à la plus ancienne de celles qui font en état de le faire, ne mange ni lait, ni beure, ni fromage. Le premier Lundi de Carême, on commence auffi par la plus jeune à aller aprés l'Agnus Dei de la grande Meffe, fe mettre à genoux devant l'Abbeffe, pour lui dire : Madame, je me préfente ici pour vous rendre mon obéiffance quand il vous plaira, ce qui fe continue tous les jours, excepté le Dimanche. Pendant la femaine Sainte, elles doivent dire un Pfeautier à genoux,lequel fe divife en trois parties, pour en dire cinquante Pleaumes chaque jour, fçavoir, le Lundi & Mercredi aprés Matines, & le Vendredi Saint à cinq heures du matin. Le JeudiSaint aprés l'Agnus Dei de la Meffe, l'Abbeffe fe met au milieu du Choeur, fe tenant debout pour recevoir les humiliations de fes Religieufes, qui vont les unes aprés les autres se jetter à ses pieds, en lui difant: Donna, ego rogo te miferere mei, & l'Abbeffe en les embraffant leur répond, parcat vobis Deus, aprés quoi elles vont communier. Le même jour aprés les Vêpres, l'Abbeffe va dans la nef de l'Eglife, avec toutes les Religieufes pour laver les pieds à douze pauvres femmes, & aprés midi avant les Ténébres, elle lave auffi les pieds à toutes les Religieufes, & la Prieure lui lave enfuite les pieds & les mains. Le filence leur eft recommandé au Refectoire, dans le lieu du travail, & depuis les Complies, jufqu'au lendemain aprés Primes. Dans toute la maifon elles s'occupent au travail en commun chaque jour pendant trois quarts d'heure. Elles vont au Chapitre avant Complies, pour y faire une lecture fpirituelle, & aprés Complies elles font l'Oraifon Mentale. La Charité envers les pauvres leur eft recommandée, & elles doivent tous les jours nourrir une pauvre femme dans la maison. Telles DICTINES BIGHARD. Telles font les principales Obfervances de ces Religieufes, RELIGIEU qui ont pour habillement une robe noire avec un furplis SES BENE de même couleur fait de toile de cotton ou de lin, leur NOBLES DE guimpe eft ronde comme celles des autres Religieufes, & I'Hyver auffi-bien que dans les cérémonies elles mettent un grand manteau noir bordé de peaux de lapins blancs. L'Abbeffe eft élue par les Religieufes qui choififfent trois fujets qu'elles prefentent au Roi, & fa Majefté nomme l'une des trois, ce qui fe pratique de même à Bourbourg & à Meffine. Gazet,Hift. Ecclef. des Païs-Bas & Conftitut.de l ́Abb.d'Eftrun. L'on ne reçoit auffi que des filles nobles dans l'Abbaïe de Byghard la Grande proche Bruxelles. Elle est ainfi appellée Byghard la Grande pour la diftinguer d'une autre Abbaïe auffi de l'Ordre de faint Benoît proche de la même ville, qu'on nomme Bighard la Petite. La grande fut fondée vers l'an 1133. par fainte Wivine qui en a été la premiere Abbeffe. Cette Sainte,après avoir vêcu quelque tems en folitude auprès de Bruxelles, pria Godefroi Duc de Lorrainé & Comte de Louvain, de lui permettre de fonder au même lieu un Monaftere pour des Religieufes; ce que ce Prince lui accorda. Le bâtiment étant achevé, fainte Wivine avec quelques autres Demoifelles qui l'étoient venu trouver,prit l'habit de l'Ordre de faint Benoît l'an 1133. ce Monastere fut richement doté par le même Duc de Lorraine, qui voulut qu'il prétât obéïffance à l'Abbaïe d' Afflighem, dont nous avons parlé au Chapitre CXXXVIII. Ces Religieufes ont un grand furplis blanc par deffus leur robe, & portent une coule comme les autres Benedictines, leur guimpe eft quar rée. Chron. générale de l'Ord. de faint Benoit. Tom. 7. Il y a à Venife trois Monafteres de l'Ordre de faint Benoît où l'on ne reçoit que des filles de Senateurs & des premieres Maisons de Venife; on les appelle Gentildonne, & en leur parlam on leur donne le titre d'illuftriffimes. Saint Zacharie qui eft le premier de ces Monafteres, fut fondé par Ange & Juftinien Participace, Ducs de Venife l'an 819Ils y mirent le Corps de faint Zacharie, pere de faint JeanBaptifte, qui leur avoit été envoïé de Conftantinople par Tome VI. Rr |