DICTINIS MONT conduire, & il eft forti de Montmartre du tems de cette Ab- RELGIFVbeffe plus de cinquante Religieufes pour aller réformer, SES BENEétablir, ou gouverner des Maifons de l'Ordre. Le Prieuré KFOR. de la Ville-l'Evêque à Paris fous le titre de Notre-Dame de MEES DE Graces, fut un de ceux à la fondation defquels elle contri- MAKTRE. bua, elle y envoïa l'an 1613. huit Religieufes du Chœur & deux Converses fous la conduite d'une Superieure, & ce Prieuré a été pendant plufieurs années dépendant de l'Abbaïe de Montmartre ; mais a préfent il n'y eft plus foûmis, aïant obtenu de Rome des Bulles de féparation. Après la mort de l'Abbeffe de Beaumont, Marie de Beauviliers qui étoit fa Coadjutrice fut obligée d'y aller : elle partit de Paris le 2. Avril 1614. & y arriva le 18. du même mois; mais elle n'y demeura que fix mois, & retourna à Montmartre qu'elle ne put fe réfoudre d'abandonner, se démettant de l'Abbaïe de Beaumont en faveur d'Anne Babou de la Bourdaifiere fa niéce qu'elle emmena avec elle pour former fon efprit fur les exemples de fes filles, en attendant que fes Bulles fuffent expediées. Aïant reglé toutes chofes dans fon Monaftere, elle fit imprimer fes Conftitutions pour affermir la Réforme, & afin que les filles qui fe préfentoient tous les jours pour être reçuës, fuffent informées d'abord de leurs obligations. Elle fépara enfuite fa Communauté en deux, afin que l'Office Divin fût célébré dans l'Eglife des Martyrs, comme il l'étoit au Monaftere d'enhaut,& elle fit faire une belle gallerie pour la communication des deux Monafteres; mais préfentement les Religieufes demeurent toutes au Monaftere d'en bas & ne vont chanter l'Office à l'Eglife d'enhaut qu'à certains jours. Enfin Marie de Beauviliers faint Aignan après avoir gouverné l'Abbaïe de Montmartre pendant près de foixante ans & y avoir rétabli les Obfervances Régulieres, mourut le 21. Avril 1657. étant âgée de quatre-vingttrois ans. La Princeffe Françoife de Lorraine de Guife lui fucceda & conferva dans cette Maison la Régularité, ce qu'ont fait auffi les autres Abbeffes jufqu'a préfent. Le village de Montmartre où eft fituée l'Abbaïe à laquelle il a donné fon nom, fe nomme en Latin, Mons Martyrum, à cause que faint Denis & fes Compagnons y fouffrirent le martyre. On l'appelloit anciennement le Mont de Mercure 1 DICTINES S. PAUL DE Guil RELIGIAU à caufe qu'il y avoit en ce lieu un Temple dédié à cette fausse Tome. Jacqueline Bouette de Blemur, Eloges des perfonnes illuftres en pieté de l'Ordre de faint Benoit. Thomas Corneille, Dictionnaire Geographique, & Moreri, Dict, Hiftorique. au mot MONTMARTRÉ. CHAPITRE XLII. Des Religieufes Benedictines Reformées de Notre-Dame de faint Paul près Beauvais, avec la Vie de la R. M. Madelaine d'Escoubleau de Sourdis, leur Réformatrice. L 'ABBAÏE de Nôtre-Dame communément appellée de faint Paul à caufe qu'elle eft fituée dans un village de ce nom à une lieuë de Beauvais, eft une des plus anciennes & des plus célébres de France. Ellefut fondée par Chilperic Roi de France vers l'an 580. On ne fçait rien des premieres Abbeffes qui l'ont gouvernée jufqu'en l'an 661. fi ce n'est que fainte Angadrefme y fut envoïée par faint Oüen Archevêque de Rouen pour en être Abbeffe ; & on n'est pas mieux inftruit de ce qui eft arrivé à cette Abbaïe depuis la mort de cette Sainte qui arriva l'an 697. jufqu'en l'an 860. qu'elle fut entierement détruite par les Normans, dont les DICTINES MEES DE Religieufes éviterent la fureur & la barbarie en se réfugiant RELIGIEUdans la ville de Beauvais avec le Corps de fainte Angad relme. SES BENEComme il n'y avoit point d'apparence de les voir bien-tôt ré- REFORtablies, Eudes premier, Evêque de Beauvais, voïant que S. PAUL DE les Seigneurs voifins & autres perfonnes féculieres s'empa- BEAUVAIS roient tous les jours des biens de cette Abbaïe, demanda la jouiffance de ces biens au Pape Nicolas I. & au Roi Charles le Chauve, afin qu'ils fuffent unis & incorporés à la mense Epifcopale ; ce qu'il obtint l'an 863. à condition néanmoins qu'il nourriroit & entretiendroit les Religieufes forties de ce Monaftere, & les rétabliroit le plû-tôt qu'il lui feroit poffible. L'Evêque de Beauvais aïant accepté ces conditions, fe mit en poffeffion du revenu de cette Abbaïe, fans aucune oppofition de la part des Religieufes. Il en difpofa comme de fon propre, ce que firent auffi fes fucceffeurs fans fonger à la réparation ni au rétabliffement de ce Monaftere quoiqu'ils y fuffent obligés; mais Drogon étant monté dans le X. fiécle fur ce Siége Episcopal, fit travailler en diligence au rétablissement de ce Monaftere, & lui rendit tous fes biens, avec le village de faint Paul. La premiere Abbeffe de ce nouveau Monaftere fut une fainte fille appellée Berthe qui y établit les Obfervances Régulieres. Elles y furent maintenuës par celles qui lui fuccederent & il s'y présenta un fi grand nombre de filles dans la fuite, pour y prendre l'habit de l'Ordre de faint Benoît que ce Monaftere de faint Paul, n'étant pas fuffifant pour les contenir toutes, on bâtit quatre Prieurés où on envoïoit des Religieufes qui étoient toûjours foûmises à l'Abbeffe de faint Paul. Le premier fut fondé à Pommereux, le fecond à Ezenuille près Paris, le troifiéme à fainte Bove aux champs, & le quatriéme à Epluques. La clôture fut établie à faint Paul par Pernelle ou Petronille de Coudrene qui avoit été éluë Abbesse l'an 1469. elle dressa auffi des Conftitutions qu'elle fit approuver & confirmer par Jean de Bar Evêque de Beauvais ; mais il y eut des Abbeffes dans la fuite qui négligerent de les faire obferver. La clôture ne fut plus gardée, & fi de tems en tems il y avoit quelques Abbeffes qui rétabliffoient les chofes, il en venoit d'autres qui les détruifoient. Cependant les défordres ne furent pas fi grands dans cette Abbaïe que dans une infinité d'autres où les Religieufes menoient une vie toute féculiere. DICTINES MIES DE reur RELIGIEU. Mais fous le gouvernement de Charlotte de Pellevé niéce du SES BENE- Cardinal de ce nom, le Monaftere aïant beaucoup fouffert REFOR par la famine qui fut prefque univerfelle vers l'an 1586. & S PAUL DI aiant été brûlé deux fois par accident & une fois par la fuBEAUVAIS des Soldats du Comte de Reingrave, les Religieufes furent obligées d'en fortir pour aller chez leurs parens, où elles ne s'embarafferent gueres des Obfervances Régulieres. Mais Madelaine d'Efcoubleau de Sourdis qui fucceda à Charlotte de Pellevé l'an 1596. rétablit dans ce Monastere la parfaite Obfervance & remit cette Abbaïe presque dans le premier état de sa fondation. Madelaine d'Escoubleau étoit fille de François d'Escoubleau Marquis d'Alluis Gouverneur de Chartres, premier Ecuïer de la Grande Ecurie & Chevalier des Ordres du Roi, & d'Isabelle Babou de la Bourdaifiere. Elle nâquit comme par miracle lorsqu'on la croïoit étouffée dans les entrailles de fa mere, qui accouchant au feptiéme mois de fa grossesse & épuisée de forces par les grands efforts qu'elle avoit faits pour mettre au monde une autre filledont elle étoit groffe en même tems, fit désesperer que celle-ci pût venir à bon terme, d'autant plus qu'il y avoit déja un jour que la premiere étoit née fans qu'il y eût aucune apparence favorable pour la feconde. Dès l'âge de fept ans elle fut envoïée à l'Abbaïe de Beaumont fous la conduite de fa tante qui en étoit Abbeffe, & qui l'éleva jusqu'à l'âge de feize ans qu'elle fut nommée par le Roi Henri IV. à l'Abbaïe de NôtreDame de faint Paul près de Beauvais. Il y eut à ce fujet quelques divifions dans cette Maifon,où des Religieufes prétendoient maintenir le choix qu'elles avoient fait d'une Religieufe d'entre elles pour Abbeffe; mais tout fut pacifié à l'arrivée de Madelaine d'Efcoubleau de Sourdis qui prit poffeffion de cette Abbaïe le 11. Avril 1596. elle y fut reçuë avec beaucoup de joïe par toutes les Religieufes qui étoient naturellement portées à la parfaite Obfervance & aux exercices de leur profeffion ; mais comme cette nouvelle Abbesse n'avoit encore que l'habit de Novice, elle ne prit l'adminiftration du temporel,qu'au mois de Septembre fuivant qu'elle fit fa profeffion. Quoiqu'elle n'obtînt fes Bulles que cinq ans après, à caufe de fon jeune âge; elle ne laiffa pas de conduire cette maison tant pour le fpirituel que pour le tem |