Imágenes de páginas
PDF
EPUB

T.VI.P.327

Ancienne Benedictine de Notre 8Dame de S.Paul de Beauvais avant la reforme

DICTINES

MEES DE

S.

porel fous la direction de l'Evêque de Beauvais: fi-tôt qu'elle RELIGIEUeut fes Bulles & qu'elle eut été benite par Henri d'Efcou- SES BENTbleau de Sourdis Evêque de Maillezais fon oncle, elle tra- REFOR vailla par le confeil de ce Prélat & du Cardinal de Sourdis PAL DE fon frère à remettre en vigueur dans cette Maison la BEAUVAIS. parfaite Obfervance des Regles: elle fut beaucoup aidée dans cette entreprise par les Peres Benedictins Réformés de la Congregation de faint Vanne & par le Pere Ange de Joïeule Capucin, auffi-bien que par le Pere Honoré de Champigni du même Ordre. La clôture y avoit déja été retablie par fes foins, malgré les oppofitions tant du dedans que du dehors;ainfi il ne reftoit plus qu'à réformer quelques abus qui s'étoient gliffés dans les Obfervances Régulieres. Elle commença par remettre l'ufage des chemises & des draps de ferge auffi-bien que celui de dormir avec l'habit: elle rétablit le travail en commun qui commença à fe faire dans fa chambre en filence,après lequel elle ne manquoit pas de leur faire une exhortation pour les animer à la pratique de la Regle. Elle établit les Matines après minuit, fuivant l'ancienne pratique de cette Maison. Elle s'étudia fur tout à faire célébrer l'Office Divin avec l'honneur & la majesté convenables ; & elle ôta certains privileges d'exemption par lefquels les Religieufes prétendoient avoir droit de fe difpenfer certains jours de Matines & des Heures Canoniales. Elle retrancha auffi les abus des converfations féculieres dans les tours & dans les parloirs, qu'elle fit fermer le jour & la nuit, afin que perfonne ne parlât fans fa permiffion. Quant à l'abstinence perpetuelle de la viande,elle avoit deffein de l'introduire; mais elle en fut diffuadée par l'Evêque de Beauvais & par quelques autres perfonnes qui lui confeillerent d'en permettre l'ufage trois fois la femaine tant à caufe de la délicateffe & de l'infirmité de la plupart des Religieufes de fa Communauté qui fouffroient beaucoup de l'air incommode & malfain de leur Monaftere, qu'à caufe de la difficulté qu'il y avoit d'avoir du poiffon pour le grand nombre qu'elles

étoient.

Il y avoit encore à réformer l'habit que l'on y portoit de puis cent ou fix-vingts ans, qui confiftoit en un furplis de toile noire par deffus la robe. Quelques Religieufes s'oppoferent fortement à ce changement, l'Evêque de Beauvais

SES BENE

DICTINES

RELIGIEU ne l'approuvoit pas non plus, mais elle furmonta encore toutes ces difficultés& fit prendre à fes Religieufes l'habit qui RATOR- eft commun aux autres Religieufes de cet Ordre qui conS PAUL DE fifte dans la robe, le fcapulaire & la coule. Enfin elle BIAUVAIS n'omit rien pour faire revivre l'efprit de faint Benoît dans

MEES DE

fon Abbaïe en en retranchant les abus qui s'étoient gliffés durant le malheur des guerres. Elle fit dreffer un Formulaire des Constitutions qu'elle fit obferver à la lettre après les avoir fait recevoir par la Communauté qui s'engagea à ne faire jamais aucun changement dans la pratique de tout ce qui y étoit contenu. Cette acceptation fe fitle 10. Février de l'année 1660. La fainteté de ces Religieufes fe répandit de tous côtés, plufieurs Superieures de differens Monafteres prierent l'Abbeffe de faint Paul de leur envoïer de fes filles pour y rétablir la régularité : ce qu'elle accorda à quelquesunes, entr'autres à celles de fainte Auftreberte près de Montreüil, & de faint Amand de Roüen. Elle envoïa auffi les Réglemens qui avoient été faits pour le bien de fon Monaftere aux Abbeffes de Ville-Chaffon, de Neubourg, de Bellefonds & de quelques autres Monafteres qui les avoient demandés. Enfin l'Abbeffe de faint Paul, après avoir gouverné ce Monastere pendant foixante & neuf ans, & y avoir établi une parfaite Obfervance, mourut le 10. Avril 1665. étant âgée de 85. ans.

Chroniq. Général. de l'Ord. de faint Benoît. Tom. 6.

CHAPITRE XLIII.

Des Religieufes Benedictines du Val-de-Grace à Paris, avec la Vie de la Reverende Mere Marguerite d'Arbouze leur Reformatrice.

L

'ABBAIE du Val-de-Grace à Paris, auparavant nommée le Val-Profond, doit fa fondation aux liberalités d'une Reine de France, qui la fit bâtir dès le neuviéme fiécle dans la Paroiffe de Bievre-le-Châtel, à trois lieuës de Paris. La Regularité s'y conferva jufqu'en l'an 1300. ou environ, qu'elle commença à tomber dans un fi grand defordre, tant pour le fpirituel que pour le temporel, qu'à peiney voïoit-on les traces des Obfervances Regulieres. Elle étoit

dans

DICTINES

VAL-DE

dans cet état lorsque le Roi Louis XIII. y nomma pour Ab- RELIGIEU beffe Marguerite de Venix d'Arbouze, afin d'y rétablir la SES BENERegularité. Elle nâquit en Auvergne au château de Ville- RIFORmont le 15. Août 1580. Son pere fut Gilbert de Venix d'Ar. MEES DU bouze, Seigneur de Villemont, & fa mere Jeanne de Pinac, GRACK. fille d'un Lieutenant de Roi en Bourgogne. Elle reçut une fi bonne éducation, & fut prévenuë d'un fi puiffant attrait de la grace, qu'elle fut dès fon enfance un modele de modeftie & de devotion.

A ïant perdu fon pere à l'âge de neuf ans, elle entra comme Penfionnaire dans l'Abbaïe de faint Pierre de Lyon, & trois ans après elle y prit l'habit, & y fit fa profeffion à l'âge de dix-neuf ans. Elle apprit les Langues Latine, Italienne & Efpagnole, aufquelles elle s'appliqua fi fort, qu'elle fe les rendit familieres ; mais ce qui étoit admirable en elle, c'est que cette étude ne la détournoit point de fes autres exercices. Comme elle fouhaitoit garder dans toute fa rigueur la Regle de faint Benoît, à laquelle fa profeffion l'avoit liée, & que fon Monaftere n'étoit pas réformé, elle prit la refolution de paffer dans une Maison plus réguliere. Elle vint pour cet effet au Monaftere de Montmartre l'an 1611. où l'Abbeffe Marie de Beauviliers avoit rétabli les Obfervances Regulieres, comme nous avons dit. Elle y fit un fecond Noviciat, & après fon année de probation, elle fit une nouvelle profeffion fous le nom de Marguerite de fainte Gertrude,le 11. jour

d'Août 1612.

Pendant le tems qu'elle demeura dans cette Maison,elle y donna de fi grands exemples de vertu, que l'Abbeffe la choifit pour être du nombre de celles qu'elle envoïa l'an 1613. faire le nouvel établissement du Prieuré de la Villepour l'Evêque: elle y fut établie Maîtreffe des Novices,& enfuite Prieure. Elle fit paroître dans ces deux Emplois un fi grand zele pour l'Obfervance Reguliere,que les Religieufes à fon exemple étoient animées d'une ferveur qui les rendoit l'admiration de tout le monde ; & pendant les trois ans qu'elle gouverna cette Maison, elle y établit une fi exacte difcipline, qu'elle devint très floriffante. Elle s'acquit elle-même tant de réputation par fa pieté, qu'elle fut souvent visitée par la Reine Anne d'Autriche, & les Princeffes Elifabeth, Henriette & Chriftine de France,fœurs du Roi Louis XIII.

[merged small][ocr errors]

RELIGIEU Le tems de fa Superiorité étant fini, elle fut rappellée à SES BENE- Montmartre, où elle eut beaucoup à fouffrir de la part de REFOR- quelques Religieufes ; mais quelque tems après le Roi la MEES DU nomma à l'Abbaïe du Val-de-Grace, fituée à Bievre-le

DICTINES

VAL-DI

GRACE.

Châtel. Elle fortit l'an 1618. du Monaftere de Montmartre, avec trois Religieufes, qu'elle prit pour l'aider à rétablir les Obfervances dans fon nouveau Monaftere, qui étoit tombé dans un grand relâchement; & fes Bulles étant arrivées, elle fut benite l'an 1619. en presence de la Reine, & de la Princeffe de Piémont ; & cette cérémonie fut faite par l'Evêque d'Angers, Charles Miron, qui fut depuis Archevêque de Lyon.

Elle travailla d'abord à la réforme de ce Monaftere ; & afin d'affermir le bon ordre qu'elle y avoit établi, on lui confeilla de le transferer à Paris, afin qu'il ne fût plus expofé aux defordres de la guerre,comme il l'avoit été par le passé. La Reine Anne d'Autriche approuva ce deffein, & voulut être la Fondatrice du nouveau Monaftere. Cette Princeffe aïant acheté pour cela l'Hôtel du petit Bourbon au fauxbourg faint Jacques, le donna à la Mere Marguerite d'Arbouze, qui y mena fes Religieufes l'an 1621. après qu'elle eut obtenu des Lettres Patentes du Roi, qui autorifoient cette tranflation. Elles ne furent neanmoins enregistrées au Parlement de Paris que l'an 1624. Le Pape Gregoire XV. dès l'an 1622. avoit accordé une Bulle qui approuvoit & confirmoit auffi cette tranflation ; & la même année 1624. ces Religieufes commencerent à bâtir un Monaftere, où la Reine mit la premiere pierre le 3. Juillet.

La Mere d'Arbouze qui avoit dreffé les Conftitutions de fa Réforme dès l'année 1623. se voïant bien établie dans fon nouveau Monaftere, commença à les faire observer, auffibien que la Regle de faint Benoît, qu'elle rétablit dans fa plus grande perfection, malgré les follicitations de plufieurs perfonnes, qui tâchoient de lui perfuader de ne prendre qu'une Regle mitigée. Elle obligea fes Religieufes à l'abftinence perpetuelle de viande, excepté dans les maladies, à ne porter que des chemifes de laine, à ne coucher que dans des draps de ferge, & même à ne manger que dans de la terre. Cette aufterité, qui felon le fentiment de ceux qui n'en jugeoient que felon la chair, & les fens, devoit bien-tôt abbattre fa

« AnteriorContinuar »