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DICTINES

DU VAL-DE

Réforme, en faisant deferter fon Monaftere,eut un effet tout RELIGIEU. contraire: car fa pieté & fon zele furent récompenfés de StS BENEtant de benedictions, qu'elle eut la confolation de voir un REFORME ES grand nombre de filles de qualité qui vinrent la trouver pour GRACE. vivre sous cette étroite Obfervance. Ses Conftitutions furent d'abord approuvées en 1623.par l'Archevêque de Paris, & confirmées en 1625. par le Cardinal Barberin, Legat en France. Mais elle crut n'avoir encore rien fait pour rendre fa Réforme parfaite, fi elle n'y rendoit la Superiorité triennale. C'est pourquoi elle s'en demit, avec la permiffion du Pape & du Roi, entre les mains de fes Religieufes le 7. Janvier 1626. & aïant fait affembler fa Communauté, afin qu'on procedât à l'élection d'une autre Superieure, la Mere Loüife de faint Etienne, qu'elle avoit amenée avec elle de Montlui fut fubftituée. Elle lui obéïffoit avec la même humilité qu'une Novice auroit obéï à fa Maîtreffe. Elle ne voulut point de dispense, de fingularité, ni de prééminence. Elle demandoit permiffion d'écrire,reconnoiffoit fa coulpe au Chapitre, prenoit une Compagne pour aller à la grille, & demandoit d'être emploïée aux offices les plus bas & les plus humilians. Elle fut faite Maîtreffe des Novices; mais comme elle ne fongeoit qu'à s'acquitter de cet Emploi avec fon zele & fa prudence ordinaire, l'Evêque d'Auxerre & la Mere Madelaine de Rochechoüart la demanderent pour aller mettre la Réforme au Prieuré du Mont de Pieté, établi dans la ville de la Charité.

martre,

Elle partit de Paris avec trois Religieufes du Chœur, & une Sœur Converse le 28. Août 1626: après s'être disposée à cette entreprise par une retraite de dix jours. Pendant qu'elle fut en chemin, elle pratiqua exactement la Regle, comme dans le Monaftere, recitant l'Office Divin, faisant l'Oraison, obfervant le filence aux heures ordonnées, & gardant même une espece de clôture, puifqu'elle ne permettoit à perfonne d'entrer dans la chambre où elle fe retiroit avec fes Compagnes. Elle coucha toûjours fur la paille comme dans fa cellule:de forte que la fortie du Monaftere ne fut point pour cette fainte troupe un fujet de diffipation. Elle arriva à la Charité au mois de Septembre, & entra dans le Prieuré du Mont de Pieté le jour de l'Exaltation de la fainte Croix. La clôture y fut mise d'abord; les lieux reguliers

RELIGIEU- furent bâtis en peu de tems, & la Réforme y fut parfaiteDICTINES ment établie.

SES BENE

REFORMEES
DU VAL DE
GRACE.

pas

A peine la Mere d'Arbouze eut-elle demeuré deux mois en ce Monaftere, que l'Abbeffe de Charenton en Bourbonnois la pria de venir dans fon Abbaïe afin d'y rétablir l'union qui avoit été alterée entre fes Religieufes, & les difpofer à recevoir la Réforme. Elle y alla, quoique déja malade & languiffante, & y travailla avec un fuccès fi heureux,que les Religieufes fe reconcilierent avec leur Abbeffe, & embrasferent la Réforme. Elle étoit fi malade, qu'elle ne pouvoit même se foutenir : elle n'avoit néanmoins que fa paillaffe pour lit, une tunique de groffe ferge lui fervoit de chemife, & elle n'avoit point d'autre repos après les travaux continuels, que la priere & l'oraifon. Elle ne demeura à Charenton que trois femaines. Les Medecins voulurent qu'elle en fortît au plûtôt, à cause que l'air lui étoit contraire: elle fe laiffa conduire, & arriva avec beaucoup de peine au bourg de Sery, chez la Marêchale de Montigny, où quelques jours après elle mourut le 16. Août 1616. Son corps fut premierement porté à la Charité, & enfuite à

Paris.

La Reine Anne d'Autriche n'eut pas moins d'affection pour les Religieufes du Val-de-Grace après la mort de cette fainte Reformatrice, qu'elle en avoit eu de fon vivant. Cette Princeffe étant Regente du Roïaume pendant la minorité du Roi Louis XIV. (croïant ne pouvoir rendre affez d'actions de graces à Dieu pour l'heureuse naiffance de ce Monarque, dont elle accoucha le 5. Septembre 1638. après vingt-deux ans de sterilité ) fit jetter les fondemens d'une nouvelle Eglife & d'un nouveau Monaftere. Le Roi qui n'étoit âgé que de fept ans, y mit la premiere pierre le premier jour d'Avril de l'an 1645. & ces bâtimens furent achevés l'an 1665. vingt ans n'étant pas un trop long efpace de tems pour la conftru&tion & l'embelliffement d'un édifice dont on ne fçauroit affez admirer la magnificence.

Quelques Monafteres de Filles de l'Ordre de S. Benoît, ont auffi embraffé la Réforme du Val-de-Grace, depuis le décès de la Mere Marguerite d'Arbouze. Un des plus confiderables eft celui de la Celle en Provence, proche Brignoles, lequel a été transferé dans la ville d'Aix l'an 1660.

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&

Benedictine de Notre Dame de la paix

me année

par

BENE

DICTINES

pour mieux affermir la Réforme qui y fut introduite la mê- RELIGIEUla Mere Marie de Croze, qui prit le nom de SES Saur Marie du faint Sacrement, en recevant l'habit de la REFORME ES Réforme des mains de M. Dauthier de Sifgau, Instituteur DEN.D DZ de la Congregation du faint Sacrement ( & qui fut enfuite Evêque de Bethleem) dont nous parlerons dans la fixiéme Partie de cette Hiftoire. Ce Monaftere de la Celle dépend de la célébre Abbaïe de faint Victor de Marseille.

Ferrege & Fleury, Vie de la Mere Marguerite d'Arbouze. Jacqueline Bouette de Blemur, Année Benedictine. & Giry, Vies des Saints, Tom. II. Hug. Menard, Kalendarium Benedictinum. Les Conftitutions du Val-de-Grace; & Nicolas Borely, Vie de M. Dauthier de Sifgau, Evêque de Bethleem.

CHAPITRE XLIV.

Des Religieufes Benedictines Reformées de Nôtre-Dame` de la Paix à Douai, avec la Vie de la Reverende Mere Florence de Verguigneul leur Reformatrice.

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E Monaftere de Nôtre Dame de la paix à Douai d'où plufieurs autres Monafteres de Flandres ont tiré leur origine,eft redevable de fon établissement à la Mere Florence de Verguigneul,autant recommandable par l'éclat de fes vertus que par la nobleffe de fon fang. Elle étoit fille de François de Verguigneul & deGertrude de Daure tous deux iffus des plus nobles & plus anciennes Familles d'Artois. Elle nâquit le 24. Janvier 1559. & reçut fur les Fonds de Batême le nom de Florence. Dès les premieres années de fa vie elle donna des marques de la fainteté à laquelle elle devoit un jour arriver,& cela par la fidelité qu'elle avoit à correfpondre à la bonne éducation qu'elle recevoit de fes parens qui n'oublioient rien pour l'élever dans la pratique des vertus & dans les exercices convenables à une perfonne de fon fexe & de fa qualitė.

le

Son pere lui voïant de fi heureufes difpofitions pour bien, fe trouvant apparemment chargé d'une groffe famille, jetta les yeux fur elle pour, en foulageant fa famille, en faire un facrifice au Seigneur. C'eft pourquoi il pria l'Abbeffe des Chanoineffes de Monftier fur Sambre qui étoit fa parente, de lui donner la premiere place vacante dans fonChapitre;ce

LA PAIX.

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