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Soeur Converse de Notre Dame de la paix

SES BENE

DE N D. D

LA PAII.

leure vie le 29.d'Août 1638.après avoir reçu les Sacremens de RELIGIEUl'Eglife avec une pieté vraïement Chrêtienne & Religieufe. DICTINES Les Religieufes de cette Abbaïe fuivent la Regle de faint REFORME IS Benoît, & leurs Conftitutions font tirées en partie de celles des Benedictines Angloises de la ville de Bruxelles. Elles fe fervent du Breviaire Romain;les Matines fe difent à minuit; elles obfervent les jeûnes de la Regle,& font une perpetuelle abftinence, excepté en tems de maladie. Elles obfervent un filence continuel, à l'exception d'une heure après le dîner; elles ne parlent jamais au Refectoire,où l'Abbeffe eft fervie comme fes Religieufes, fans aucune distinction, ni pour la quantité, ni pour la qualité des viandes. Elles ne vont jamais au Parloir fans Ecoute, & pour lors elles font couvertes d'un voile qui leur tombe jufqu'au menton: elles ont une fi grande fimplicité dans tout ce qui eft à leur ufage, qu'elles ne fe fervent point d'argenterie, non pas même à l'Eglife, excepté les vales facrés. Elles font fi zelées pour l'observance de la pauvreté, qu'elles n'ont rien en propre, non pas même l'Abbeffe: elles font deux heures d'oraifon mentale. Tous leurs autres exercices fe font en commun. Leur habillement eft conforme à celui que l'on portoit autrefois au Monastere de fainte Cecile de Rome, d'où elles en ont fait venir les patrons: il confifte en une robe ou tunique de drap naturellement noir, pendant jusqu'à terre, & de la largeur de deux aunes & demie par le bas, & d'une aune par le haut, fans plis & fans façon: cette robe eft ceinte d'une ceinture de cuir ou de lifiere: les manches font étroites joignant au bras; elles ont un scapulaire de drap pareil à celui de leur tunique ; il eft d'un tiers de large, & tombe jufqu'à terre; elles ne le portent qu'aux heures du travail;pour le refte du tems elles ont une coule d'eftame en Hiver, & de faïe en Efté dont les manches ont un peu plus d'une aune de largeur, & un peu moins en longueur : elles portent ces coules tant de jour que de nuit, couchant même avec leur coëffure est femblable à celle que nous donnons dans l'eftampe fuivante; leurs Sœurs Converfes font habillées de même drap & de même couleur que les Religieufes du Chœur ; mais au lieu de coule elles portent un manteau qui leur tombe jufqu'aux talons elles pratiquent les mêmes exercices que les Religieufes, à l'exception de l'Office Divin.

:

Voiage litteraire de deux Benedictins de la Congregation de Saint Mauri & Memoires envoies de l'Abbaie de la Paix à L'ORDRE Donai.

RELIGIEU

SES DE

DE NÔTRI

DAME.

CHAPITRE XLV.

Des Religienfes Filles de Notre-Dame, ou de la Compagnie de Notre-Dame, aggregées à l'Ordre de faint Benoit, avec la Vie de la Reverende Mere Jeanne de Leftonac leur Fondatrice.

Ly a tant de rapport entre l'Ordre des Peres Jefuites, & celui des Religieufes filles de la Compagnie de NôtreDame, que cela fut caufe que dans le commencement de leur établissement, elles furent appellées fefuitines. En effet elles ont les mêmes Regles & les mêmes Conftitutions que les Jefuites, n'y aïant rien de retranché que ce qui regarde le Général des Jefuites, fes Affiftans, le Procureur Général en Cour de Rome, les Prédicateurs & les Miffionnaires ; & peut être n'auroient-elles pas retranché ce qui regarde le Général, fi le premier projet d'établir auffi une Générale dans leur Ordre avoit fubfifté. Nous aurions pû remettre à parler de ces Religieufes, après avoir rapporté l'origine & le progrès de celui des Jefuites: mais comme les Religieufes de la Compagnie deNôtre Dame font aggregées à celui de faint Benoît ; & qu'elles joüiffent de tous fes privileges, nous avons cru qu'il étoit plus à propos de les ranger au nombre des Congregations de l'Ordre de ce faint

Patriarche.

Cet Ordre eut pour Fondatrice la Reverende Mere Jeanne de Leftonac fortie d'une maison illuftre par fon ancienneté, fes Emplois, & fes alliances ; mais encore plus par une pieté finguliere envers Dieu & par une conftante fidelité à fon Prince malgré tous les troubles, dont la Religion & l'Etat furent agités pendant plufieurs années. Elle nâquit à Bourdeaux l'an 1556. & fut l'ainée de quatre enfans que Richard de l'Eftonac Confeiller au Parlement de Bourdeaux eut de Jeanne Deyquem de Montagne fon époufe, fœur du célébre Michel de Montagne. Sa mere eut le malheur de se

SES DE

DAME

féparer de l'Eglife, & d'embraffer les erreurs deCalvin:c'étoit RELIGEUla coûtume de ce tems-là ( auquel les mariages entre perfon- L'ORDRE nes de differentes Religions étoient permis en France où la DE NOTREReligion Prétendue Réformée étoit pour lors tolerée) de faire un partage entre le pere & la mere des enfans de l'un & l'autre fexe pour les élever chacun dans leur Religion. Selon cette coûtume, ou plûtôt, felon cet abus, cette jeune fille devoit être facrifiée à l'Heréfie,mais Madame de Leftonac n'ofa jamais faire aucune propofition fur ce partage à fon mari, connoiffant fon grand zele & fon attachement pour la Religion Catholique, qui étoient effectivement fi grands qu'il auroit plûtôt facrifié ce qu'il avoit de plus cher au monde que d'avoir confenti à un partage fi injurieux à Dieu & fi préjudiciable au falut de fa fille, fur laquelle il avoit une fi grande attention, que tous fes foins étoient de la prévenir contre les furprises d'une dangereufe éducation:ce qui lui réüllit fi heureusement qu'il fe rendit maître de l'efprit & des fentimens de fa fille, lors même qu'il fembloit en laiffer à fa femme la conduite toute entiere. Michel de Montagne agiffoit de concert avec lui, & n'aïant pû réüssir à la converfion de fa fœur, il emploïa fon beau genie à conferver fa niéce dans le parti de la verité.

Le danger où elle étoit de fe perdre, étoit d'autant plus manifefte que la grande complaifance qu'elle avoit pour fa mere ne lui permettoit pas de la quitter, l'accompagnant par tout où elle alloit,en forte qu'elle fe trouvoit fouvent avec elle au prêche & dans les Affemblées des Calviniftes;mais quoique jufqu'alors elle eût été incapable, par fa grande jeuneffe, de pénétrer dans les dogmes pernicieux de ces Herétiques, fi-tôt qu'on lui eut fait connoître le danger où elle s'expofoit, elle n'y voulut plus retourner : elle commença à aimer la retraite & la priere, elle faifoit paroître en toutes rencontres fon estime & fon attachement pour l'Eglife Romaine, & elle voulut donner les mêmes impreffions à celle qui tâchoit de l'en féparer. Ce ne fut pas une petite furprife pour Madame de l'Estonac de voir fa fille fi oppofée aux principes qu'elle avoit tâché de lui inspirer : alors fa tendreffe de mere diminua, en forte qu'elle ne pouvoit plus fouffrir sa fille, quoiqu'elles continuaffent de vivre ensemble. Mademoiselle de l'Eftonac avoit atteint l'âge de quatorze

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