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SES DE LA

CALVAIRE.

RELIGIEU- fruftrées de leurs efperances par la mort de leur Fondatrice, s'imaginant que l'Abbeffe de Fontevraud obtiendroit par fon GATION DU credit ce qu'elle demandoit ; mais la présence du Pere Jofeph les raffura: ce bon Pere voïant que le confentement des Feüillans tardoit trop à venir, leur fit quitter les Obfervances des Feüillantines,& leur donna le nom de Filles de NôtreDame du Calvaire,donnant ainfi commencement à cet Ordre auquel il procura une feconde Maifon dans la ville d'Angers. Il y envoïa des Religieufes, & furmonta tous les obftacles qu'y apportoit l' Abbeffe de Fontevraud,qui avoit donné fes ordres pour les faire arrêter en chemin ; mais il prit des mefures fi juftes que ces Religieufes arriverent heureufement à Angers.

L'Abbeffe de Fontevraud fe défifta enfin de fes pourfuites, & permit à fes Religieufes de faire profeffion d'une vie plus auftere: ce qui donna la paix à ces deux Couvens. La Reine Mere qui étoit à Angers lors de l'établissement de ce dernier, témoigna tant d'affection & de bienveillance à cet Ordre nouveau, qu'elle voulut prendre le titre de Fondatrice de ce fecond Monaftere. Le Pere Jofeph qui s'étoit fervi de la confiance dont cette Princeffe l'honoroit pour l'y engager, obtint de fa Majesté un autre Monastere de cet Ordre à Paris;& cette Princeffe,pour plus grande marque de l'eftime quelle en faifoit, le fit bâtir dans la Maison Roïale du Luxembourg l'an 1621. Jufques-là le Pere Jofeph n'avoit agi qu'en vertu du Bref de Paul V. quoique par l'autorité de ce Souverain Pontife les Religieufes euffent quitté l'Encloître pour aller observer à Poitiers la Regle de faint Benoît dans toute fa rigueur : elles n'avoient pas encore fait de vœux folemnels de cette Réforme. Mais quand elles fe virent affranchies de la domination de l'Abbeffe de Fontevraud, elles réfolurent d'un commun confentement de fe lier par des nœuds que la mort feule pouvoit rompre, & s'engagerent folemnellement en prononçant leurs vœux entre les mains du Pere Joseph. Il dreffa pour lors par écrit les Conftitutions de cette Congregation naiffante,& remit à un autre tems à y donner la derniere main, non pas tant à caufe qu'il étoit occupé aux affaires de l'Etat & dans les Miffions, que pour reconnoître plus à loifir fi ces filles pourroient s'accoûtumer aux aufterités qu'il leur faifoit pratiquer.

CONGRE

CALVAIRI

Mais comme tout ce qu'il avoit fait ne pouvoit fubfifter RELIGIEUfans l'autorité du fouverain Pontife, il obtint une Bulle de SES DE LA Gregoire XV. qui érigeoit les Monafteres de Paris, de Poi- GATION DU tiers & d'Angers, & tous les autres fondés & à fonder par les Religieufes de la Mere Antoinette d'Orleans, en Congregation de l'Ordre de faint Benoît, fous le titre de NôtreDame du Calvaire, & fous la conduite de trois Superieurs conftitués en dignité.

Cette Bulle n'étoit pas affez étenduë,& ne nommoit point les trois Superieurs. Le Pere Jofeph ne voulut pas les choifir, quoiqu'il le pût faire : c'eft pourquoi il obtint une feconde Bulle du 20. Juillet 1622. par laquelle fa Sainteté nomma cette premiere fois pour Superieurs (car jufqu'alors M. du Perron Achevêque de Sens, l'avoit gouvernée depuis le Bref de Paul V.) Henri de Gondy Cardinal de Retz, Evêque de Paris; Victor le Bouthillier, qui fut depuis Archevêque de Tours, & le Superieur Général de la Congregation de faint Maur, avec cette claufe, que fi l'un d'eux venoit à décéder, les deux autres en nommeroient un en fa place, & que s'il en mouroit deux, celui qui refteroit, en pourroit élire un autre, & les deux ensemble un troifiéme : enfin que s'il arrivoit que les trois mouruffent en même tems, le Nonce du Pape en éliroit deux, qui enfuite en éliroient un troifiéme.

Le Pere Jofeph fongeant à établir fulidement fa Congregation, lui procura un nouveau Monaftere à Paris au quartier du Marais. La place fut achetée des deniers de la Ĉongregation, & le Monaffere conftruit par les liberalités du Roi, du Cardinal de Richelieu, & de Madame de Combalet fa niéce, qui fut depuis Ducheffe d'Aiguillon. C'est dans cette Maifon que refide ordinairement la Directrice Générale de cet Ordre. Le Pere voulut que ce Monaftere portât le nom de Crucifixion, pour le diftinguer de l'autre, établi déja dans la même ville; & afin d'imiter & d'honorer le Mystere de la Compaffion de la fainte Vierge, aux douleurs de Jesus-Christ, il ordonna qu'à cet effet il y eût jour & nuit fans interruption une Religieufe au pied de la Croix, afin de réparer par une efpece d'amende honorable, & par des actes d'amour & de reconnoiffance,tous les outrages que font les pécheurs à cet Arbre de vie.

Le Pere Joseph donna la derniere main aux Constitutions

SES DE LA

RELIGIEU- qu'il tira de la Regle de faint Benoît & prefcrivit à ces ReliCONGRE gieufes des loix fi fages & fi judicieufes qu'elles y font encore aujourd'hui obfervées fans aucune alteration. Mais comme CALVAIRE. il falloit gouverner plufieurs Communautés foûmises à un

GATION DU

même Chef, il a auffi fallu établir une autorité pour en regler le dehors & le dedans par des loix politiques. A infi cet Ordre eft gouverné par trois Superieurs Majeurs, qui font ordinairement des Cardinaux & des Prélats, un Vifiteur & une Générale : il eft exemt de la jurifdiction des Ordinaires, Les Superieurs Majeurs font pour toûjours, le Vifiteur pour trois ans, après lefquels on le peut continuer, la Générale n'eft auffi que pour trois ans, après lefquels on tient le Chapitre Général dans lequel elle peut être continuée pour trois autres années, & ainfi des autres Chapitres, où on la peut auffi continuer ; mais elle ne peut pas exercer fon Office plus de douze ans de fuite,après lefquels elle eft pendant une année la derniere de la Communauté, & elle ne peut-être éluë Prieure qu'après trois ans. Elle apendant l'exercice de faCharge toûjours quatre Affiftantes, dont on en renouvelle deux tous les trois ans. Elles doivent affifter la Générale de leurs confeils pour le gouvernement de la Congregation; & il y en a toûjours une qui l'accompagne dans le cours de fes vifites!, étant obligée de vifiter tous les Couvens de la Congregation pendant un triennal : ce que doit faire auffi le Vifiteur. Lorfqu'on tient le Chapitre Général, les Prieures des Monasteres & leurs Communautés, dans la perfonne éluë par chacune de ces Communautés, ont droit d'envoïer leurs fuffrages au Chapitre Général par écrit: de forte que le Vifiteur qui préfide au Chapitre Général, avec trois Scrutatrices, éluës par la Communauté où il fe tient, après avoir ouvert les lettres & compté les fuffrages, déclare Générale, Affiftantes & Prieures, celles qui ont plus de voix. Voilà ce que le Pere Jofeph a prefcrit pour le gouvernement de cette Congrega

tion.

Nous nous fommes déja trop étendus fur ce qui regarde ce Fondateur de l'Ordre de Nôtre-Dame du Calvaire, pour parler de tous les Emplois qu'il a eus à la Cour, & des négociations qui lui ont été confiées; nous nous contenterons de dire que les grandes affaires qui l'ont occupé pour le bien de l'Etat, ne l'ont pas empêché de travailler à la converfion

de

REL'G U

CONGRE-
GATION DU

de plufieurs Heretiques, par les Miffions qu'il a faites luimême, ou qu'il a procurées par fon credit, foit en France, SES DE LA foit dans les païs étrangers, principalement dans le Levant. Le Roi, pour le récompenfer des fervices qu'il avoit rendus CALYAIRS, à l'Eglife & à l'Etat, le nomma pour être Cardinal dans la premiere promotion que le Pape feroit; mais il mourut avant que d'être revêtu de cette Dignité, le 18. Decembre 1638. dans fa 61. année, dont il en avoit paffé 42. dans fon Ordre. Ce fut à Ruel qu'il mourut chez le Cardinal de Richelieu ; & comme il avoit été nommé au Cardinalat, le Cardinal de Richelieu voulut qu'on lui rendît les mêmes honneurs qu'à un Cardinal. Il fit porter fon corps avec beaucoup de pompe dans un carroffe à fix chevaux, accompagné de toute fa Maison, jufqu'au Couvent des Capucins de la rue faint Honoré, où il arriva le foir aux flambeaux, & fut porté à l'Infirmerie, où on l'ouvrit, pour en tirer fon cœur qui fuc donné aux Religieufes du Calvaire du Marais. Le Cardinal de Richelieu fit prononcer fon Oraison Funebre par le Pere Leon, Carme Réformé. Plufieurs Princes & Princeffes, Ducs & Prélats y affifterent. Le Parlement s'y trouva en Corps avec toutes les perfonnes les plus diftinguées de la Cour & de la Ville, & quelque tems après l'Evêque de Lizieux nonça auffi une Oraifon Funebre dans l'Eglife du Calvaire, en présence d'une grande Affemblée. Son corps fut mis devant le grand Autel, proche celui du Pere Ange de Joïeuse, & le Cardinal de Richelieu y fit mettre une pierre de marbre, avec une Epitaphe qui marque fon éloge.

pro

La Congregation de Nôtre-Dame du Calvaire eft compo fée de vingt Maisons, dont la premiere eft à Poitiers,deux à Paris, & fept ou huit en Bretagne. Les autres font à Orleans, à Chinon, à Maïenne, à Vendôme, à Loudun & à Tours. L'Abbaïe de la Trinité de Poitiers a été auffi unie à cette Congregation, auffi- bien que le Monaftere des Benedictines de Baugé. Ces Religieufes, comme nous avons dit,obfervent la Regle de faint Benoît dans toute fa rigueur. Voilà la Formule de leurs Voeux. Je Saur N. dite au fiécle N. fille indigne & très humble Servante de la Vierge Mere de Dieu; fais vau à Dieu tout puissant, & promesse à la glorieuse Vierge Marie, & à mon glorieux Pere faint Benoît, d'obferver tous Les jours de ma vie, la premiere & exacte Regle de S. Benoit,

Tome VI.

Aaa

SES DE LA

RELIGIEU-& promets la converfion de mes mœurs,clóture perpetuelle,pauvreté, chasteté & obedience, felon les Statuts de la CongregaGATION EU tion érigée à l'honneur de Notre-Dame du Calvaire, par le CALVAIKE. Pape Gregoire XV. en foi de quoi j'ai figné cette Cedule de ma

CONGRE

propre main, en vótre prefence, notre très Reverende Mere Superieure de ce Monaftere de Paris, &c. Leur habillement confifte en une robe de couleur brune, avec un fcapulaire noir, qu'elles mettent par deffus la guimpe, comme les Carmelites Déchauffées : au chocur elles mettent un manteau noir, & elles font Déchauffées depuis le premier Mai jusqu'à la Fête de l'Exaltation de fainte Croix.

Jofeph. Marot. Ciftert. reflorefcent. Chronolog. Hift. Chryfoftom. Henriquez, Menolog. Cift. Pierre de S. Romuald, Trefor Chronolog. Tom. III. Hilarion de Cofte, Vies des Dames Illuftres. Niquet, Hift. de Fontevraud. Richard, Vie du Pere Jofeph, & Memoires Manufcrits.

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Des Religieufes Benedictines de l'Adoration perpetuelle du faint Sacrement, avec la Vie de la Reverende Mere Mecthilde du faint Sacrement leur Inftitutrice.

Nration pe

Ous avons déja parlé d'un Ordre fous le titre d'adoration perpetuelle du faint Sacrement, dont les Religieufes fuivent la Regle de faint Auguftin, & ont eu pour Fondateur le Pere Antoine le Quieu. En voici encore un autre fous le même titre, dont les Religieufes fuivent la Regle de faint Benoit dans toute fa rigueur, & dont la Mere Mecthilde du faint Sacrement a été Fondatrice. Elle nâquit à faint Dié, petite ville du Duché de Lorraine, le 31. Decembre 1614. d'une Famille confiderable par fes alliances; mais encore plus recommandable par la pieté dont elle faifoit profeffion. Son pere fe nommoit Jean de Barrd, & fa mere Marguerite Guyon. Elle reçut le nom de Catherine fur les Fonts de Batême. Dès la plus tendre jeuneffe elle imita fi bien fes parens, que l'on peut dire qu'elle fuça la pieté avec le lait. Il n'y avoit rien en elle qui tînt de l'enfance; & à peine eut-elle atteint l'âge de raifon qu'elle commença à se consa

crer à Dieu.

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