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PERPETUEL

SACRE

MINT.

RELIGIEU- porte des cellules ou des Offices. C'eft leur premiere falutaSES B NF-tion dans les Lettres, aux grilles, aux tours, ou quand elles DE L'ADO- parlent aux perfonnes du dehors. Ce font les premieres qu'elles prononcent en s'éveillant & les dernieres avant que LE DU S. des'endormir. Toutes les heures de l'Office Divin commencent auffi & se terminent par ces paroles qu'on prononce en Latin, & l'on obferve la même chofe à la fin des graces & au commencement des Conferences communes après le repas. Chaque Religieufe porte devant foi fur le fcapulaire ou fur le grand habit d'Eglife une figure du faint Sacrement de cuivre doré, faite en forme de foleil fur le pied de laquelle font gravées auffi ces paroles: Loüé foit le faint Sacrement de l'Autel à jamais, auffi bien que fur une bague qu'on leur donne à la profeffion.

Tous les Jeudis de l'année par une obligation indifpenfable de l'Inftitut, le faint Sacrement eft expofé pendant tout le jour dans l'Eglife du Monaftere. Ce même jour la Communion eft générale, & les Sœurs s'abftiennent du travail manuel depuis l'expofition jufqu'après le falut. Il n'y a point non plus de Conferences communes après le dîner ni aux autres jours d'exposition afin que les Sours fe rendent plus affidues en fa préfence, d'où elles ne fortent que pour prendre leur réfection & lorsque la neceffité les en retire. L'on célébre la Fête du faint Sacrement & fon Octave avec plus de folemnité qu'on peut, & tous les premiers Jeudis de chaque mois, hors le tems Pafchal, elles en font l'Office double fous le titre de réparation des outrages & des profanations commifes contre le très faint Sacrement.

Tous les ans le jour de l'Annonciation de la fainte Vierge & pendant fon Octave, la Communauté fait amende honorable pendant la Messe pour réparer toutes les negligences & les fautes qu'elles ont commifes contre le faint Sacrement pendant toute l'année, & elles communient en memoire & en action de graces de l'établissement de l'Inftitut qui prit naisfance à pareil jour l'an 1653. Lorfqu'il arrive ou qu'on apprend quelque profanation extraordinaire, outre les penitences que chacune s'impofe en particulier avec permiffion la Prieure ordonne des réparations & amendes publiques & générales, des proceffions la corde au col & le cierge en main, avec d'autres actions de penitence. Au tems de l'ago

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nie d'une Religieuse,la Prieure fait affembler la Communauté RELIGIEUà l'Infirmerie, & toutes les Soeurs étant à genoux, font SES BENEamende honorable en la maniere accoûtumée, pour réparer DE L'ADO les fautes de l'agonifante; & s'il le peut on lui met aufli une corde au col, & à la main un cierge beni. Outre la devotion LE DU S, au faint Sacrement, qui eft l'effentiel de cet Inftitut, il en a MENT. auffi une très particuliere envers la fainte Vierge, que les Religieufes regardent comme leur Mere & leur Protectrice, & qu'elles honorent en cette qualité par differentes pratiques

de devotion.

Après l'établiffement de cet Inftitut, contre lequel on s'éleva, plufieurs perfonnes de pieté fe déclarerent auffi contre la Fondatrice; & le zele indifcret de quelques-unes alla fi loin, que de faire des informations de fa vie. On traitoit fon Inftitut de ridicule, n'étant pas poffible que des filles qui étoient en fi petit nombre, puffent être nuit & jour devant le faint Sacrement, principalement dans les faifons les plus rigoureufes de l'année. D'autres, fans avoir aucun droit, ni Etre envoïés par les perfonnes qui avoient autorité fur cette vertueufe Superieure, venoient l'interroger fur les raifons qui l'avoient portée à entreprendre ce grand ouvrage, & les interrogations ne fe terminoient ordinairement que par des reprimandes humiliantes, la traitant de témeraire, de fuperbe & d'ambitieufe. Elle fouffrit tous ces reproches avec une douceur & une patience admirable. Elle auroit pu fe difpen. fer d'aller fubir ces rigoureux examens, étant autorisée du Roi & de fes Superieurs: mais elle s'eftimoit fi heureuse de participer aux humiliations & aux fouffrances de JesusChrift, & de pouvoir lui témoigner par ces petites mortifications sa fidelité à fon fervice, qu'elle fit vœu de ne se plaindre jamais, & de ne fe point justifier de tout ce qu'on pourroit lui imposer, & dont on pourroit l'accuser.

foit

Quoiqu'elle fût fujette à beaucoup d'infirmités qui la réduifoient quelquefois dans de grandes foibleffes, elle ne laifpas de fuivre les Obfervances communes, comme fi elle eût été en parfaite fanté. Il falloit que la maladie fût bien violente pour la retenir au lit. Elle en a eu très fouvent dont elle n'a été guérie que par miracle, comme il arriva l'an 1659. que cette fainte Fondatrice aïant depuis quelques jours une fiévre continue avec des redoublemens, fon mal ceffa en un Tome VI.

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RELIGIEU- instant, & elle se vit en état de pratiquer avec les autres les SES BENE- Obfervances. L'an 1661. les veilles, les jeûnes, les mortifiDE L'ADO- cations, & autres aufterités, l'avoient reduite dans une telle extrémité, qu'elle en penfa mourir. On chercha tous les LE DU S moïens pour la guérir, & par une obéïssance aveugle elle se foumit à ce que les Medecins ordonnerent pour le recouvrement de sa santé. Elle fut quatre mois dans les remedes; mais inutilement. Comme on fongeoit à lui en faire prendre d'autres, elle pria inftamment qu'avant que de les éprouver on lui permît de faire une retraite, en difant qu'il ne lui pouvoit arriver que d'être mieux, ou plus mal, ou de refter dans le même état. Que fi elle étoit mieux, elle la feroit plus longue qu'à l'ordinaire ; que fi elle étoit au même état, elle ne la feroit que de dix jours ; & que fi elle étoit plus mal,elle la quitteroit pour rentrer dans les remedes. La Communauté aïant confenti à ce qu'elle vouloit, elle entra en retraite le 21. Novembre, & la fit plus longue qu'à fon ordinaire,c'est-à-dire, qu'elle y trouva du foulagement à fes maux; & quand elle fut finie, les Religieufes furent agréablement surprises de la voir dans un embonpoint merveilleux: un teint frais & vermeil avoit pris la place de la pâleur de la mort qu'elle avoit fur fon vifage; & cependant pendant le tems de cette retraite, elle avoit pris fort peu de nourriture. Enfin elle fut tellement changée, qu'elle fe vit en état de foutenir les fatigues de plufieurs nouveaux établissemens, qu'elle eut la confolation de faire avec tout le fuccès poffible, étant secondée en cela par la pieté de plufieurs Evêques, qui fouhaitant d'avoir de ces Religieufes dans leurs Diocêfes, en parlerent à la Fondatrice; mais elle ne put d'abord fatisfaire le zele de tous ceux qui lui en demandoient,faute de fujets : car quoique fa Communauté fût beaucoup augmentée, il auroit fallu un grand nombre de Religieufes pour foutenir l'adoration perpetuelle dans tous les lieux où on les demandoit. Elle aima mieux n'avoir pas tant de maisons, & les établir folidement dans les pratiques de fon Inftitut. Entre plufieurs villes qui furent propofées, celle de Toul fut préférée. La Mere Me&ilde partit de Paris le 24. Septembre 1664. avec quelques Religieufes ; la Comteffe de Châteauvieux voulut les ac compagner dans ce voïage. Quoiqu'on les eût fouhaité avec empressement, elles eurent néanmoins de grandes contradi

SES BENE.

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&tions à elluïer. C'étoit à qui les infulteroit, la populace ne RELIGIEU parloit d'elles qu'avec mépris; mais dans la fuite ces mépris & ces rebuts fe changerent en des loüanges & des éloges qu'on DE L'ADOdonna à leur vertu. La Croix fut plantée fur la porte de leur nouveau Monastere le jour de la Fête de l'Immaculée Con- LE DU S. ception de la fainte Vierge, & la Mere Mecthilde aïant mis ordre à ce qui étoit neceffaire pour le foutien de cette fondation, s'en retourna à Paris,où à peine fut-elle arrivée qu'elle fut follicité par les Religieufes de Rambervilliers d'aller établir fon Inftitut dans leur Monaftere, afin qu'il n'y eût plus de difference entre le Monaftere de Paris & le leur,qui étoit celui où elle avoit fait profeffion.

Comme quelques anciennes avoient fait paroître d'abord de la répugnance pour recevoir l'adoration perpetuelle, elle voulut éprouver leur perfeverance pendant plufieurs mois : c'eft pourquoi elle y refta jufqu'au mois d'Avril 1666. L'Evêque de Toul ne lui donna pas feulement la permisfion d'agreger cette Maifon à fon Inftitut, mais il confentit encore qu'elle reçût les autres Maisons Religieufes de l'Ordre de faint Benoît de fon Diocêfe qui voudroient auffi l'embraffer: ce qui l'obligea à refter encore deux ans dans ce païs.

Elle revint à Paris au mois de Mai de l'année 1668. & elle fut obligée presque auffi-tôt de s'en retourner en Lorraine, pour mettre l'Adoration perpetuelle dans l'Abbaïe de Nôtre-Dame de la Confolation de Nancy. C'est un point efsentiel de l'Institut, de n'admettre jamais d'Abbeffe ni de Superieure perpetuelle dans aucune Maifon; n'étant pas même permis à aucune Religieufe de cet Ordre d'accepter ni Abbaïes ni Prieurés perpetuels. C'eft pourquoi avant que d'agreger l'Abbaïe de Nanci à l'Inftitut, la Mere Meethilde obtint du Pape & du Duc de Lorraine Charles IV. l'extinction du titre Abbatial de cette Maison.

Madame la Ducheffe d'Orleans,Marguerite de Lorraine, comme Executrice du Teftament de la Princeffe Catherine de Lorraine fa tante, qui avoit fondé cette Abbaïe, fe trouvoit chargée de pourvoir à la fubfiftance des Religieufes qui y demeuroient, & de les fecourir dans leurs befoins. II y avoit plufieurs années que cette Princeffe avoit formé le deffein de fonder un Monaftere de l'Inftitut de l'Adoration

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RELIGIIV- perpetuelle dans Nancy, ville de fa naiffance; mais parce SES BENE- que l'état de fes affaires ne lui permettoit pas d'executer ce DE L'ADO- deffein pendant fa vie, elle avoit fait une donation à la Mere Mecthilde de la fomme de dix mille écus païable après sa LF Du S. mort. Cette Princeffe voïant l'union qui avoit été propofée de cette Abbaïe à l'inftitut, confentit que cette fomme y fût appliquée: ce qui fut accepté par nôtre Fondatrice, qui par cet accord fe trouva chargée des dettes & de l'entretien des Religieufes de Nancy: ce qui ne fervit qu'à augmenter ses peines & fes croix : car,comme nous l'avons déja dit,ces dix mille écus n'étoient païables qu'après la mort de la Duchesse d'Orleans. Elle partit de Paris au mois de Decembre 1668. & arriva à Nancy au mois de Février de l'année suivante. Le Duc de Lorraine fecondant les pieufes intentions de la Ducheffe d'Orleans fa fœur, donna tous fes foins, & fe fervit de fon autorité pour faire réüffir cette union. L'Adoration perpetuelle fut établie dans cette Abbaïe, qui quitta en même tems ce titre pour laiffer la liberté d'élire une Prieure tous les trois ans.

Cet Inftitut fe multiplia encore dix ans après cette union. par l'établissement d'un nouveau Monaftere dans la ville de Roüen: il s'en fit un fecond à Paris en 1680. Celui de Caën, dont nous avons parlé, & où la Mere Mecthilde avoit été Superieure,embraffa l'étroite Obfervance de la Regle de faint Benoît,& renonça à la mitigation pour recevoir auffi l'Inftitut qui y fut établi l'an 1685. La Reine de Pologne Marie Cafimire époufe de Jean III. fit venir de ces Religieufes l'an 1687. pour établir cet Institut dans fon Roïaume, & les plaça dans la ville de Varfovie. L'an 1688. la Princeffe de Mekelbourg Dame de Châtillon au Diocêfe de Sens, y fonda un autre Monaftere de cet Inftitut,& vers l'an 1695. l'on propofa de faire un nouvel établissement dans la ville de Dreux au Diocese de Chartres ; mais plufieurs difficultés le firent différer jufqu'en l'année 1700. ainfi la Mere Mecthilde n'eut pas la confolation de voir ce dernier achevé : mais c'est beaucoup que de fon vivant elle ait fait elle même neuf établissemens. Il ne lui reftoit après tant de travaux pour la gloire de Dieu, tant de foûmissions à fes ordres,dans les croix, dans les peines, & dans les perfecutions qui lui avoient été suscitées,après la patience extraordinaire avec la

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