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NOINES SIS

SICULIERIS

ΕΝ
RAL.

GENE

DIS CHA la défapropriation; parce que, dit il, fi ces Chanoineffes dont parle le Cardinal étoient venuës de la décadence de quelque Inftitut Regulier, en condamnant leur irregularité, comme il paroît par le Texte du Chap. 31. de fon Hiftoire, (que nous avons déja rapporté) il n'auroit pas manqué cette circonftance? Mais cela n'eft pas une preuve qu'elles aïent été Seculieres comme elles le font aujourd'hui: au contraire en voïant les Regles qui furent dreffées pour elles par le Concile d'Aix-la-Chapelle ( qui fans doute n'auroient pas été telles qu'elles font, fi les Peres du Concile les avoient reconnuës pour Séculieres: car, felon ces Regles,elles étoient obligées de vivre en commun) elles faifoient des vœux perpetuels, & ne pouvoient plus retourner au fiécle: la porte du Monaftere étoit foigneufement gardée: on n'en permettoit l'entrée qu'aux Irêtres & aux Ecclefiaftiques pour dire la Meffe, & leur adminiftrer les Sacremens: elles portoient des voiles, & leur habit étoit noir : toute la difference qu'il y avoit entre elles & les autres Religieufes plus aufteres, c'est qu'elles vivoient d'une maniere plus large & plus commode, mangeant de la viande, aïant chacune leur Servante, & autres femblables privileges, qui ne leur donnoient pas le droit de renoncer aux voux de Religion,d'en quitter l'habit, de convertir leurs places en Prébendes, de retourner au fiécle, & de fe marier quand bon leur femble, comme elles font aujourd'hui.

Ainfi tout bien examiné, quand bien même elles feroient de celles pour lefquelles le Concile d'Aix-la Chapelle fit ces Reglemens, la confequence du Pere Thomaffin ne les mettroit pas à couvert d'avoir abandonné l'état Religieux dans lequel elles ont été inftituées,d'autant plus que dans ces derniers fiécles elles obfervoient encore la vie commune, & dormoient dans un même Dortoir: car l'an 1549. le fecond des deux Conciles de Cologne ( qui furent tenus fous Paul III.) ordonna aux Abbeffes des Chanoineffes de ne point fortir de leur Monaftere, afin de mieux veiller à la conduite de ces Vierges, qui lui étoient foûmifes, & de prendre garde qu'elles ne découchaffent point du Dortoir; qu'elles fuffent modeftement habillées, & qu'elles obfervaffent leurs Regles. Cet état de Chanoineffes Secu'ieres a fi peu de fondement que quoique le Pape Boniface VIII. femble (comme a remarqué

SICULIE

RES

EN

GENERAL.

marqué le Pere Thomaffin) approuver tacitement leur In- DES CHA ftitut par les Reglemens qu'il a faits pour la Difcipline de NOINESSES ces Chanoineffes, & pour l'âge que doit avoir l'Abbesse, qui doit être de trente ans au moins jil déclare pofitivement qu'il ne prétend point pour cela approuver leur Inftitut. C'elt ce que dit auffi le Pape Clement V. en les foumettant à la vifite des Evêques, comme Ordinaires, fi elles ne font pas Exemtes. Quant à ce que le Pape Boniface or donne touchant l'âge de trente ans pour les Abbeffes, cela ne s'observe pas exactement car la Princeffe Dorothée-Marie de Salms Abbeffe de Remiremont, étant morte en 1703. les Chanoinefles élurent pour lui fucceder la Princeffe Gabrielle de Lorraine, âgée feulement de deux ans & demi, fille de Leopold premier Duc de Lorraine, & d'Elifabeth Charlotte de France: ce qui n'étoit pas une nouveauté dans cette Abbaïe, où l'on avoit déja vu Elifabeth d'Orleans, éluë Abbesse à l'âge de deux ans, Marie-Anne de Lorraine, qui n'en avoit que fept, & la Princeffe de Salms, qui étoit seulement âgée de dix ans.

Quoique les Chanoineffes Seculieres foient obligées de faire des preuves de Nobleffe pour être reçuës dans ces fortes de Chapitres : les Papes n'ont point encore approuvé cette pratique, au contraire ils l'ont regardée comme un abus ; & le Pape Honorius IV. étant à Tivoli, & y aïant appris que des Chanoineffes Seculieres avoient été autrefois établies à Andenne par Gui Comte de Flandres, à condition qu'on y Rainald. feroit des preuves de Nobleffe, tant du côté paternel que final an maternel, & que fept perfonnes Nobles l'affureroient avec ferment; il caffa ce Statut, comme donnant occafion à une infinité de parjures.

Annal.

1285. n. 81*

Aubert le

Il paroît néanmoins par un titre qu'Aubert le Mire a donné, que ce fut Philippe Marquis de Namur qui l'an Mire, Diplom. Belg. 1207. ordonna qu'à l'avenir l'on ne recevroit à Andenne que lib. 1. c.70 des Chanoineffes Nobles,& qui auroient fait preuves de leur & Not Nobleffe.

Il y a plusieurs de ces Chanoineffes en Allemagne, en Flandre & en Lorraine : il y en a même de Proteftantes en Allemagne. Nous nous contenterons dep arler feulement des plus confiderables dans les Chapitres fuivans, &nous commencerons par celles de Remiremont en Lorraine.

Tome VI.

Eee

Eccl. Belg

c. 188,

CHANOI

NESSES DE
REMIRE

MONT.

CHAPITRE L I.

Des Chanoineffes Seculieres de Remiremont en Lorraine.

'ABBAÏE de Remiremont en Lorraine fut fondée l'an

L'A

620. par faint Romaric qui étoit un riche Seigneur d'Auftrafie. Aïant été converti par faint Amé Religieux de l'Abbaïe de Luxeu, il se rendit auffi Religieux au même lieu avec un grand nombre de ses esclaves. Il y porta une partie de ses biens & donna l'autre aux pauvres, n'aïant réTervé qu'une Terre peu confiderable dans un lieu defert& inhabité, & où il n'y avoit qu'un refte de vieux château nommé Habbond C'étoit pour la convertir en ufage de pieté tel que celui qu'il en fit dans la fuite en fondant l'Abbaïe qui a depuis porté fon nom, aïant été appellée Romberg, ce qui parmi les Allemans veut dire montagne de Romaric, & parmi nous Remiremont, à caufe qu'il fit bâtir cette Abbaïe fur la montagne, dans le château même d'Habbond.

Ce Monaftere fut d'abord double, l'un pour des filles, qui étoit le principal, & dont Macteflede fut premiere Abbeffe; & l'autre pour des hommes qui furent d'abord gouvernés par faint Amé qui en fut premier Abbé,& à qui faint Romaric fucceda. Le zele & la ferveur de ces Religieufes étoient si grands dans les commencemens, que plufieurs perfonnes de leur fexe charmées de leur fainteté, abandonnerent le fiécle & firent un facrifice à Dieu de leurs biens & des plus grands avantages de la fortune pour fuivre Jefus-Chrift dans la compagnie deces faintes Vierges: ainfi leur nombre s'étant beaucoup augmenté, faint Amé les partagea en fept bandes de douze chacune, & les difpofa de telle forte, qu'elles fourniffoient la nuit & le jour à l'Office Divin fans interruption. Il y a de l'apparence que chaque bande avoit fon Oratoire particulier, parce que l'on voit encore à présent les veftiges de fix Oratoires fur cette montagne à laquelle l'on a donné le nom de Sacré mont ; & le feptième étoit fans doute au lieu où les Benedictins ont leur Monaftere,qui leur a été cedé par des Chanoines Réguliers qui l'ont occupé jufqu'en l'an 1623. car trois cens ans après fa fondation cette Abbaïe aïant été ruinée par les Huns ou Hongrois, & enfuite réta

blie dans la plaine par Loüis I V. fils de l'Empereur Arnoul, fur le rivage de la Mozelle, au lieu où elle eft prefentement fituée auffi-bien que la ville de Remiremont ; celui où elle avoit été premierement bâtie fur la montagne, fut abandonné, & les Chanoines Reguliers s'y établirent dans la fuite,& l'ont confervé jufqu'au tems qu'ils la cederent aux Benedictins. Deux cens ans après ce rétablissement, l'Abbaïe ceffa d'être double : on mit des Prêtres Seculiers au lieu de Moines, pour célébrer la fainte Meffe, & adminiftrer les Sacremens aux Religieufes, qui demeurerent dans les Obfservances Regulieres jufqu'à la fin du quinziéme fiécle, qu'elles commencerent à vivre avec beaucoup de licence; & vers l'an 1515. elles prirent le nom de Chanoineffes Seculieres.

L'an 1613. le Pape Paul V. voulant remedier aux abus qui s'étoient introduits dans cette Abbaïe, nomma des Commiffaires Apoftoliques pour y faire la vifite, qui furent Guillaume Archevêque de Corinthe, Suffragant de Belançon ; Jean Evêque de Toul, & Adam Evêque de Tripoli,Suffragant de Strasbourg. Ils fe tranfporterent à Remiremont, en execution de ce Bref. Mais la Doïenne, & quelques autres Chanoineffes, s'appercevant que les Commiffaires avoient deffein de retrancher les abus qu'elles faifoient de leurs Prébendes, elles en firent revoquer deux à Rome, qui furent l'Archevêque de Corinthe & l'Evêque de Toul. Le Pape nomma en leur place l'Evêque de Grenoble & l'Evêque de Genéve, qui étoit pour lors faint François de Sales. Elles recuferent auffi ces Prélats ; mais le Pape pour éviter de pareilles récufations,envoïa la Commiffion à l'Evêque d'Adrie, fon Nonce en Suiffe, pour fe tranfporter à Remiremont, & y faire feul la vifite de cette Eglife, & les réformes & Reglemens qu'il jugeroit à propos, comme il eft porté par le Bref de ce Pontife du 18. Mars 1614. L'Evêque d'Adrie executa fa Commiffion, & fit un Reglement qui contient cinquante trois Articles, qu'il prononça aux Dames de Remiremont dans le Choeur de leur Eglife le 10. Juillet de la même année : il en commanda l'execution fous peine d'excommunication, & ordonna à l'Abbeffe de veiller foigneufement à ce que ce Reglement fût obfervé, lui donnant à cet effet tout pouvoir neceffaire.

L'Abbeffe, qui étoit pour lors la Princeffe Catherine de

CHANOI

NESSES
REMIRE-

MONT.

DE

NESSES DE

ΜΟΝΙ.

CHANOI Lorraine, s'y foûmit ; mais la Doïenne & quelques Chanoi RIMIRE. nesses en interjetterent appel : ce qui obligea le Pape à établir une Congregation des Cardinaux Mellini, Lancelloti & Suani, pour examiner & juger cet appel. A la referve de quinze Articles, qu'ils mirent en furféance,ils confirmerent le Reglement fait par l'Evêque d'Adrie, & commirent l'Evêque de Tripoli pour executer les Articles qu'ils avoient confirmés. La Doïenne & les Chanoinesses de fon parti accepterent ce jugement en 1615. Elles reçurent l'Evêque de Tripoli comme Executeur du Decret des Cardinaux, & s'en rapporterent au jugement de ce Prélat pour les Articles qui avoient été mis en furféance. Mais cet Evêque s'étant contenté de donner en 1616. une Sentence Arbitrale fur les Articles mis en surféance, & de donner des delais pour l'execution de ceux qui avoient été confirmés par les Cardinaux, l'Abbeffe, qui n'étoit pas contente de ce delai, fit nommer en 1617. les Evêques de Toul & de Verdun à la place de l'Evêque de Tripoli. Ces Prélats s'excuferent de recevoir cette Commiffion,auffi-bien que l'Evêque de Châlons, qui fut nommé en 1618. & l'Evêque de Dardanie l'aïant acceptée en 1619. s'en déporta quelque tems après. Le Pape Gregoire XV. aïant fuccedé au Pape Paul V. nomma pour Executeur des nouveaux Articles du Reglement de l'Evêque d'Adrie, l'Archevêque de Corinthe, qui en fit le Decret & la fulmination dans fon Palais de Befançon. Les Chanoineffes s'en plaignirent comme d'une furprife, & obtinrent en Cour de Rome une nouvelle Congregation des Cardinaux Mellini, Muti & Crefcenzi, pardevant lefquels elles firent affigner en 1623. la Princeffe Catherine de Lorraine leur Abbeffe. Cette nouvelle Congregation confirma par une troifiéme Sentence les mêmes Articles du Regle ment de l'Evêque d'Adrie, qui avoient été approuvés par la premiere Congregation, & décretés par l'Archevêque de Corinthe; & pour éviter tous les obftacles que l'on apportoit à la fulmination fur les lieux, les Cardinaux la firent euxmêmes à Rome, & en envoïerent le procès verbal executorial à Remiremont en 1625.

L'Abbeffe fit executer ces Reglemens malgré les réfiftances de fon Chapitre, & quoique petite Fille de France, focur & tante de trois Souverains, elle fit profeffion solemnelle, &

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