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REMIRE

MONT.

DE

tre de l'Eglife, qui eft Secretaire ordinaire du Chapitre. CHANOILa troifiéme dignité eft celle de la Secrette ainfi nommée NESSES par corruption, au lieu de Sacriftine qui eft fon veritable nom. Elle fe fait auffi par élection. Son emploi eft de pourvoir à la décoration des Autels & à l'ornement de l'Eglife. Son pouvoir s'étend fur tout ce qui regarde l'Eglife & fur les Sacriftains mêmes, qui dépendent d'elle. Elle poffede en cette qualité plufieurs Jurifdictions temporelles, & a la collation de quelques Bénéfices. L'Abbeffe & les deux Chanoineffes, qui font revêtuës de ces dignités de Doïenne & de Secrette, font diftinguées des autres en ce qu'elles feules ont droit de porter une espece de linge qu'elles appellent couvre chef, quoiqu'elles ne le mettent pas fur leurs têtes ; il s'attache feulement derriere la tête & les deux bouts viennent joindre la petite barbette, qui leur couvre le fein en maniere de guimpe, puis elles mettent fur leurs têtes deux grandes coëffes, l'une de tafetas, dont les deux bouts se noüent sur la barbette & la cachent en partie, & l'autre de gaze ou crefpe, qui pend par derriere : le couvre chef n'elt que de la hauteur de la perfonne, tombant par derriere jufqu'à terre, & eft couvert d'une gaze noire.

Après la Secrette, fuit la Souriere ou Celeriere, qui joüit de plufieurs droits & jurisdictions temporelles qu'elle poffede, auffi-bien que quelques Seigneuries par indivis avec l'Abbeffe. Elle est pour cet effet tenue par forme de reconnoiffanceau Chapitre,de diftribuer à toutes les Dames Chanoineffes à certains jours de l'année, de l'huile, du vin & autres chofes femblables.

L'aumôniere tient le cinquiéme rang. Elle joüit de pluheurs revenus qui font affectés à fa dignité, mais qui lui impofent auffi de grandes charges: car elle est obligée de faire plufieurs diftributions confiderables à tous les pauvres qui fe préfentent indifferemment pendant le tems du Carême & en plufieurs jours de l'année. Elle est chargée de la vifite de l'Hôpital. Elle a droit de préfenter au Chapitre, un Prédicateur pour le tems de l'Avent feulement, & s'il eft agréé, elle le doit loger pendant ce tems-là.

Outre ces cinq dignités qui fe font par élection, il y en a d'autres qui font à la difpofition & nomination de l'Abbeffe ou en fon absence de la Doïenne, telles que font les

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NISSES DE RMIRE

CHANO! deux petites Aumônieres, deux Bourfieres, une Cenfiere, Tréforiere,Maîtreffe de la Fabrique, quatre grandes Chantres & la Lettriere qui eft encore un terme corrompu, & dont l'office eft de lire les lettres & requestes qui font préfentées au Chapitre par la Doyenne ou fa Lieutenante.

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Il y a encore des Demi- Prebendieres qui ont certaines Meffes d'obligation à faire acquitter, & font chargées aux Fêtes doubles & autres jours de l'année de chanter le Kyrie eleifon, les Répons & Profes des Meffes hautes.

Huit Prêtres Séculiers qui prennent la qualité de Chanoines, & deffervent cette Eglife, font Confeillers de la Doyenne lorfqu'il y a quelque procès pendant par devers elles. Les Chanoines qu'on nomme de faint Romaric, de la Croix, & de faint Jean, font diftingués de ces premiers, & ont leur fervice & fondations à part.

Il y a outre cela d'autres Officiers qui font nommés par l'Abbeffe & le Chapitre, dont il y en a quatre plus confiderables que les autres, qui font le grand Prevôt, le grand Chancelier, le petit Chancelier, & le Sourier, qui doivent être des Seigneurs qualifiés & avoir fait preuves de leur Nobleffe, de même que les Dames Chanoineffes. Leur office eft de representer le corps du Chapitre en l'administration des hautes juftices dependantes de cette Eglife. Ils font tenus à certaines redevances & diftributions aux Dames, par forme de reconnoiffance, de trois en trois ans, & ils doivent fournir le dénombrement de leurs Officiers fubal

ternes.

Il y a de plus un Chancelier d'Etat qui a pareillement quelque jurifdiction, dont il joüit fous l'autorité du Chapitre qui a droit de le nommer. Enfin il y a deux grands & petits Miniftraux qui font des offices aufquels la Souriere ou Celleriere nomme. Leur office les oblige de faire des distributions aux Dames & autres perfonnes de l'Eglife de certaines redevances que leur rendent des Officiers qui en font chargés.

Ces redevances étoient autrefois confiderables : car l'an 1403. Jean de BlamontChanoine de Toul, aïant été pourvû de l'Office de Prevôt de l'Abbaïe de Remiremont par l'Abbeffe & les Religieufes, & n'étant pas en état de foutenir les frais & dépenfes à quoi cet office l'obligeoit, Henri de Bla

par CHANOI

NESSES DE

mont fon pere s'obligea le 29. Juillet de la même année Acte paffé par devant deux Notaires Apoftoliques de la Cour REMI de Toul, de païer & fatisfaire à tous les droits dûs à ce Mo- MONT. naftere par ledit Jean de Blamont fon fils, tant qu'il exerceroit l'office de Prevôt, fçavoir aux Dames tous les jours, depuis la Purification de la Vierge jusqu'à la faint Martin fuivant, un bon muid de vin blanc mesure ordinaire, ou vingt fols pour chaque muid s'il excédoit cette fomme, fi mieux n'aimoit païer en deux païemens, quatre cens bons florins d'or moins quatre ou dix fols toulois pour florin ; de plus au jour de Noël, un bœuf gras & vingt fols toulois pour les offrandes de l' Abbeffe ; à la Doïenne le même jour, un cochon & cinq fols; au jour de la Circoncifion vingt quartes de vin & neuf diftributions de grands pains; au jour de la Purification un grand muid de vin; le Dimanche des Bures trente quartes de vin avec du pain ; le Jeudi- Saint demi muid de vin avec des dragées, & cinquante fols fix deniers pour les patés, & le jour de Noël un muid de vin pour la Sauvagire, outre plufieurs diftributions de vin, de pain, & d'argent à plufieurs Officiers de l'Eglife qui font fpecifiés dans cet Acte. Ce qui fait voir que ces offices devoient avoir des revenus confiderables, puifqu'ils étoient chargés de fi groffes redevances, & que les revenus des Dames étoient encore plus confiderables.

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En effet dès les premiers fiécles de la fondation de Remiremont outre plufieurs beaux droits dont cette Abbaïe joüiffoit, elle poffedoit jufqu'à trente deux Prevoftés, tant en Lorraine qu'en Bourgogne & en d'autres Provinces. Il est parlé de ces trente deux Prevôtés dans les Lettres de l'Empereur Henri IV. de l'an 1070. fur lesquelles Prevôtés se devoient prendre les redevances deuës à l'Empereur, lorfqu'il fe trouvoit dans les Villes de Metz & de Toul, & que l'Abbeffe de Remiremont alloit demander justice à ce Prince. Lefquelles redevances confiftoient en quatre vingts muids de froment, quatre cens muids d'avoine, dont il y en avoit cent muids pour les chevaux de l'Abbeffe, foixante cochons gras, vingt vaches, quatre buhons gras, quatre verras, quatre cens poulles, fept muids de la boiffon des fœurs, du poiffon & du fromage à proportion, douze livres de poivre, douze tables de cire, fept chartées de vin & d'autres

CHANOI Chofes; mais il y a de l'apparence que le muid de grains NESSES DE n'étoit pas fi confiderable en ce tems-là qu'il l'eft à préMONT. sent. Il est auffi fait mention dans ces Lettres d'un che

REMIRE

val blanc que cette Abbaïe devoit toutes les années biffextiles au faint Siége, mais l'an 1489. ce cheval fut changé & commué en vingt florins d'or païables tous les quatre ans, après que Gratian de Villeneuve Nonce Apoftolique eut reconnu que l'Abbaïe de Remiremont depuis fa fondation avoit beaucoup fouffert, & que ces revenus étoient diminués des deux tiers. Les guerres & les ufurpations des Ducs de Lorraine y avoient beaucoup contribué, & fi ces Princes ont fait quelques reftitutions de tems en tems, les dommages qu'ils avoient caufés étoient plus confiderables. En 1210. Ferry ou Frederic I. fit un accord avec les Dames de cette Abbaïe, par lequel il demeura quitte de tous les dommages qu'il avoit caufés à cette Abbaïe. En 1223. Mathieu II. quitta à la même Abbaïe pour les torts qu'il lui avoit faits, l'Epervier qu'il avoit accoûtumé de prendre en la vallée d'air. Ferri II. s'obligea de païer en 1255. une fomme de fix cens livres toulois pour les ufurpations qui avoient été faites par la Ducheffe Catherine fa mere. Ce même Prince par fes Lettres de l'an 1294. déclare que, nonobstant les promeffes faites à cette Abbaïe, il n'avoit pas laiffé de lui prendre des biens jufqu'à la valeur de deux mille livres, pour raifon dequoi il avoit été excommunié, & fes terres mifes en interdit par l'Evêque de Toul, à la jurifdiction duquel s'étant foumis, & voulant fatisfaire à tous les dommages qu'il avoit caufés à cette Abbaïe, il cede aux Dames certains droits qu'il avoit aux bans de Champs, d'Irches & autres lieux.

Ces Princes n'avoient aucun droit en ce tems là d'éxiger aucuns deniers des terres & des perfonnes dépendantes de l'Abbaïe de Remiremont ; mais ils étoient tenus de conferver leurs franchises, leurs droits & libertés, fous peine d'excommunication & d'encourir les cenfures de l'Eglife ( aufquelles ils se foûmettoient) s'ils ne reparoient les dommages qu'ils pouvoient avoir faits,comme le reconnoiffent les Ducs Thibaut I. & Ferri II. par leurs Lettres des années 1219. & 1255. De plus, par les fermens qu'ils prétoient à cette Abbaïe, ils reconnoiffoient qu'ils étoient Feables de ce Monaftere, &

qu'ils

CHANOI

NESS S

qu'ils étoient tenus d'aller tous les ans à Remiremont pour y porter en la proceffion folemnelle qui fe faifoit le jour de la REMIRE fête de la divifion des Apôtres, les Corps faints de l'Eglife

de Remiremont.

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L'on trouve encore plufieurs Actes de ces Sermens que les Ducs de Lorraine prétoient à l'Abbaïe de Remiremont, entre autres celui du Duc Charles Premier, paffé l'an 1392. pardevant deux Notaires Imperiaux de la Cour de Toul, portant que le 5. Novembre environ heure de Tierce en la « ville de Remiremont, arriva M. Charles Duc de Lorraine << avec tres noble Chevalerie & compagnie de Chevaliers & « Ecuïers, & qu'au lieu dit la Franche pierre, trouva Nobles « & Religieufes Dames, Madame Jeanne d'Aigremont Abbeffe, Cunegonde d'Oricourt Doyenne, Jeanne de Choifeul Sourriere, Habelle de Rouci aumôniere, Blanche de Mof- « tant petite aumôniere, Agnès de Mont-Cenfiere, Catherine de Blamont, Jeanne de Conferol, Ifabelle de Chauvirey, & « Beatrix de Vallefaut, toutes quatre Chantres, avec autres “ perfonnes de ladite Eglife, pour recevoir le ferment que devoit faire le Duc pour la garde de l'Eglife & de la ville de Remiremont; lequel Duc voulant faire fon devoir, étant à genoux, fit fon ferment en présence de tout fon baronage, fur les faints Evangiles, qu'il feroit feable au Monaftere & à " l'Eglife de Remiremont, & à toutes les perfonnes dediées à icelle qu'il garderoit & défendroit tous fes fujets, & garderoit leurs franchises & libertés, & les bourgeois & habitans de la ville. Reconnut encore qu'il étoit tenu tous les ans de porter en la proceffion folemnelle le jour de la divifion des " Apôtres les corps faints de l'Eglife de Remiremont, ainfi " qu'il eft contenu aux anciennes Chartes de fes prédeceffeurs qu'il confirma & ratifia: puis le Duc étant à l'entrée de la “ grande porte de l'Eglife, fit le fecond ferment de la même maniere, & enfuite devant le grand Autel il fit le troifiéme ferment, le tout en préfence de M. Ferri de Lorraine fon frere, Nobles Jacques d'Amance Maréchal de Lorraine, Jean de larroye Sénéchal, Liebaut du Chatelet, Bailly de Nancy, Jean Seigneur de Ville, Ancel de Darnieules, Guy" de Haroüé, Warry de Savigny, Henri d'Ogivillers & autres perfonnes.

Mais les chofes ont bien changé dans la fuite des tems-
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Tome VI.

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