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NESSES

MONT,

DE

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CHANOI Les Ducs de Lorraine ont prétendu avoir droit de fouveREMIRE- raineté dans la ville de Remiremont, à quoi les Dames se font oppofées de tems en tems. Charles 11. Duc de Lorraine aïant voulu contraindre l'Abbeffe & fes Chanoineffes de contribuer aux fubventions & aides du Clergé de Lorraine, elles refuserent de païer, & obtinrent des fauvegardes des Empereurs Ferdinand I. & Maximilien II. & firent mettre les armes de l'Empire fur la porte de leur Eglife. Le Duc de Lorraine les fit ôter, envoïa chez elles des gens de guerre, & fit faifir tous leurs revenus. Ce qui les obligea à reconnoître ce Prince pour leur Souverain le 13. Juillet 1566. & il leur accorda des Lettres de pardon des pourfuites qu'elles avoient faites vers fa Majefté Imperiale & les Etats de l'Empire, pour se fouftraire de la fouveraineté des Ducs de Lorraine.

Ces Chanoineffes font au nombre de foixante-douze. La pratique qu'elles ont pour fe perpetuer les prebendes, eft qu'elles ont droit de préfenter des Demoifelles nobles qu'elles adoptent pour nieces, afin de fervir & faire l'Office avec elles dans cette Eglife & maintenir entre elles une fucceffion legitime. La Dame Chanoineffe qui veut préfenter une Demoiselle, la propose au Chapitre, elle y expofe la Nobleffe de fes parens ; & fi les preuves étant faites, on juge à propos de la recevoir, & qu'elle foit en effet reçue par le Chapitre, quinze jours aprés la Dame Chanoineffe la peut nommer & adopter pour niece, & cette niéce eft cenfée du Corps de l'Eglife, & fuccéde à la prébende de celle qui l'a nommée, après la mort, ou lorfqu'elle quitte cette Eglife pour se marier. Il y a quelques cérémonies particulieres à la reception de ces fortes de niéces, comme de leur donner à manger un morceau de biscuit trempé dans du

vin, &c.

Le plus ancien memoire où il eft parlé de ces niéces dans les anciens Actes & Registres de Remiremont, c'est à l'occafion de l'élection de Catherine de Neuf- Chastel pour Abbeffe, l'an 1474. car dans la fupplique addreffée au Pape Sixte IV. pour ce fujet, les Dames & les niéces difent qu'elles réprefentent la plus faine, & la plus grande partie de la Communauté du Monaftere de faint Pierre -de Remiremont, Ordre de faint Benoît.

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T.VI.P. 419

Chanoinesse de Remiremont

en

habit de choeur

REMIRE

Nous finirons ce qui regarde la fondation des Dames de CHANOI Remiremont, en rapportant les paroles que M. Adam Pertz NESSE DE Evêque de Tripoli, l'un des Vifiteurs Apoftoliques, a in- MONT. ferés dans les Actes de cette vifite, qui font, qu'elles ne doivent nullement rougir, ni avoir honte de reconnoître qu'elles ont été de toute antiquité Religieufes de l'Ordre de faint Benoît: de même que, felon le Pere Mabillon, pas une d'entr'el- Lettre du les ne rougiroit point fi l'on difoit qu'elle fût extraite d'une on à un de plus grande, & plus illuftre lignée qu'elle n'est d'autant que ses amis tou Les accidens humains font tels, qu'il n'y a rien de perdurable fous le ciel.

Ces Dames font habillées au Chœur comme les Séculieres,elles ont feulement un grand manteau noir doublé d'hermine, à queuë trainante de deux ou trois aunes. Elles ne peuvent pas porter des étoffes de couleur éclatante; mais bien modefte, comme le noir, le brun, le blanc, & des rubans de même; & elles font toûjours habillées de noir à l'Eglife. Entre les redevances qui font duës à ces Dames, il y en a une qui eft affez particuliere; c'eft que tous les ans le Lundi de la Pentecôte, le village de faint Maurice fitué au pied de la montagne du Balon,l'une des montagnes de Vofge, leur donne de la neige: on met cette neige dans deux morceaux d'écorce d'arbre au Choeur, l'un devant le fiége de l'Abbeffe, l'autre devant celui de la Doïenne ; & fi le village de faint Maurice manque à donner cette neige, il eft obligé de donner deux boeufs blancs.

Joann. Mabillon Sacul. Benedict. 2. Annal. Ord. S. Bened. Tom. 1. & Lettre à un de fes amis, touchant l'Abbaïe de Remiremont. Antoine Yepes, Chroniq. generales de l'Ordre de faint Benoit Tome II. Bulteau, Hiftoire de l'Ordre de faint Benoit Tome I. Inventaires des Titres de Lorraine au Trefor des Chartres du Roi,& Memoires manufcrits.

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P. Mabil

chant Remi

remont.

CHANOINESSES D'E

PINAL

CHAPITRE LII.

Des Chanoineffes d'Epinal, de Pouffay, & de Bouxiere en Lorraine, de faint Pierre, & de fainte Marie à Met

Es Chanoineffes d'Epinal n'ont pas été moins Reli

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leurs voifines, qu'elles ont imitées,en fécoüant le joug de la Regle de faint Benoît ; & il en eft de même de toutes les autres dont nous parlerons dans la fuite. Elles eurent pour Fondateur Thierri I. Evêque de Metz. Muriffe Evêque de Madaure s'eft trompé, lorsqu'il a dit que faint Goëric, trentiéme Evêque de Metz, qui mourut l'an 654. fonda un Monaftere à Epinal en l'honneur de faint Maurice, & en faveur de fes deux filles, dont l'aînée nommée Precie, fut la premiere Superieure ; & que cette Abbaïe fituée fur le bord de la Mofelle,s'est rendue recommandable par la multitude des Dames ou des Religieufes qui s'y font retirées, par fa grandeur, fon étendue, & les grands biens qu'elle poffedoit: ce qui y a attiré tant de monde, qu'on y a bâti une ville à l'entour, qui fe nomme Epinal, & que quelques Hiftoriens tiennent que c'eft de-là que cette ville appartenoit autrefois aux Evêques de Metz. Il donne affez à connoître qu'il reconnoît auffi ce Saint pour le Fondateur de cette ville, puisque dans la Table des Matieres, parlant d'Epinal, il dit pofitivement que cette ville fut bâtie par faint Goëric. Cependant il eft certain que non feulement la ville d'Epinal, mais même l'Abbaïe qui porte préfentement le nom de ce Saint, n'ont été fondées que plus de trois cens ans après. Ce fut Deoderic ou Thierri I. Evêque de Metz, qui fonda l'une & l'autre vers l'an 983. Ce que l'Evêque de Madaure reconnoît en quelque façon : car lorfqu'il dit qu'il a des Memoires qui portent que Thierri,outre l'Abbaïe de faint Vincent qu'il avoit fondée à Metz, en fonda encore une autre à Chaumont, cette fondation ne peut être autre chose que celle de l'Abbaïe d'Epinal, puifqu'elle fut bâtie au territoire de Chaumont dans le Diocêfe de Toul. Ce qui prouve que faint Goëric n'a point été le Fondateur ni de la ville ni de

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