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PINAL.

l'Abbaïe d'Epinal, c'eft que lorfque les Bourgeois d'Epinal CHANOI las de la domination des Evêques de Metz, fe donnerent l'an NESSES D'E 1444. à Charles VII. Roi de France, & lui prêterent ferment de fidelité, Conrard Bayer de Poppart Evêque de Metz, aïant demandé au Roi la reftitution d'Epinal, & voulant prouver qu'elle avoit toûjours appartenuë aux Evêques de Metz, qui en avoient été les Fondateurs, ne remonta point au tems de faint Goëric pour prouver fon antiquité; mais bien au tems de Thierri I. qui en étoit le premier Fondateur, auffi-bien que de l'Abbaïe.

Thierri I. aïant donc fondé la ville & l'Abbaïe d'Epinal vers l'an 983. comme nous avons dit, fit tranfporter de Metz le Corps de faint Goëric, qui avoit toûjours repofé dans l'Eglife de S. Symphorien, & le mit dans le nouveau Monaftere d'Epinal, auquel il donna le nom de ce Saint. Ce Prélat étant mort avant d'avoir mis dans ce Monaftere des perfonnes qui y chantaffent les louanges du Seigneur, faint A dalberon II. y affembla d'abord des Clercs, & donna ensuite ce Monaftere à des Religieufes de l'Ordre de faint Benoît. C'est ce qui paroît par la Vie de ce Saint, écrite par Richer, Abbé de faint Symphorien de Metz, Auteur contemporain, dont l'original eft chez les Peres Carmes Déchauffés de Clermont en Auvergne, & dont il y a une Copie à la Bibliotheque du Roi. Primo quidam Clericorum Conventum ad Manufcrits omnipotentis Dei honorem coadunavit: poft, gloriam divini- de du Chêtatis quantum in homine eft totis viribus omnique conamine Bibliotheq. geftiens, ancillas Chrifti fub Regulari vita & fub inftitutione du Roi, vol. Patris noftri, beati fcilicet Benedicti, bene edoctas, Deo & 12. fancto Goerico Pontifici fervire deftinavit, dans pradia & poffeffiones, quibus fine inopia & fine indigentia vivere poffent. Les Papes Alexandre III.Honorius III. Lucius III. & plufieurs autres Pontifes, prirent ce Monaftere fous leur protection.

Charles VII. Roi de France aïant pris poffeffion de la ville d'Epinal en 1444. confirma à ces Religieufes tous leurs privileges, franchises, libertés, droits & prérogatives dont elles joüiffoient, par fes Lettres données à Efpinal la même année; & par d'autres Lettres il les prit fous fa protection & fauvegarde, auffi-bien que leurs Chanoines, Chapelains, & autres perfonnes de leur Eglife, & tous leurs Officiers, Ser

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ne

à la

PINAL

des titres de

dès l'an

CHANOI Viteurs & Vaffaux, leur départant pour Gardiens fpeciaux, NESSES D'E- les Baillis & Prévôts de Sens, de Chaumont & d'Epinal. Nous avons dit dans le Chapitre précedent que Inventaire 1466. leur Eglise avoit le titre de Collegiale. C'est ce qui se Lorraine au prouve par un Acte de la prise de poffeffion de la ville d'ETrefor des pinal & de fes dépendances, par Nicolas, Marquis de Pontà-Mouffon, au nom de Jean Duc de Calabre & de Lorraine te, Epinal, fon pere, & du ferment de fidelité & d'obéïffance prêté en1, 147. tre les mains par les Bourgeois d'Epinal qui s'étoient donnés Ibid. n.113. au Duc de Lorraine, après que le Roi de France Louis XI.

Chartes du

Roi. Layct

eut cedé leur ville à Thibaut, Seigneur de Neufchâtel, de Châtel fur Mofelle, & Marêchal de Bourgogne, qu'ils ne voulurent point reconnoître pour Souverain; lequel Acte eft paffé pardevant quatre Notaires, qui prennent la qualité de Notaires Apoftoliques & Imperiaux en l'Eglife Collegiale de faint Goëric d'Epinal. Mais quoique leur Eglife eût le titre de Collegiale, ces Chanoineffes fe difoient toûjours Religieufes car l'an 1474. René Duc de Lorraine, suivant Ibid.n.132. le droit qu'il avoit à fon joieux avenement à fon Duché, de pouvoir placer en chaque Monaftere de fes Etats une Religieufe, préfenta à l'Abbeffe d'Epinal Alix, fille de Loüis, Seigneur de Dompmartin, & d'Ifabelle du Châtelet fon Epoufe, pour être reçue Dame & Religieufe en ce Monaftere, en faisant par elle les droits appartenans à cette Eglife, & lui donner & délivrer tous les biens, profits, honneurs & émolumens que les Dames préfentées par les prédeceffeurs y avoient pris & reçus. Mais dans la fuite elles ont pris le nom de Chanoineffes. Elles font au nombre de vingt. Leur habillement de Chœur eft semblable à celui des Chanoineffes de Remiremont; l'Abbeffe, la Doïenne, & la Secrette, au lieu de couvre-chef, ont une efpece de guimpe,& l' Abbeffe, auffi-bien que les autres Chanoineffes, portent en tout tems & en tout lieu un ruban bleu de la largeur de quatre doitgs, par deffus l'épaule droite jufqu'à la hanche gauche, avec

un noeud au bout.

Joan. Mabill. Annal. Ord. S. Bened. Tom. IV. pag. 21. Muriffe, Hift. des Evêques de Metz; & Inventaire des Titres de CHANOI- Lorraine, au Tréfor des Chartes du Roi.

NESSES DE POUSSAY &

DE GOVXIERES.

Il y a encore en Lorraine deux autres Chapitres de Chanoineffes Séculieres, l'un à Pouffay,proche la ville de Mire

CHANOI

PINAL.

court, l'autre à Bouxieres, à une lieuë de Nancy. Herman, Evêque de Toul, avoit jetté les fondemens du Monaftere NESSES D'E de Pouffay, dans un lieu appellé Port-Suave,qu'on a depuis nommé Pouffay: mais ce Prélat étant mort en 1026. son fucceffeur faint Brunon, qui fut depuis Pape fous le nom de Leon IX. le fit achever, & y mit des Religieufes, qui dans la fuite ont vêcu en Séculieres, fous le nom de Chanoineffes. Celles de Bouxieres furent auffi fondées par un Evêque de Toul, nommé Gozelin, au commencement du douziéme fiécle. Elles étoient autrefois Religieufes de l'Ordre de faint Benoît ; mais elles ont fécoüé le joug de cette Regle pour le fécularifer fous le nom de Chanoineffes. Les Chanoineffes de faint Pierre & de fainte Marie à Metz, ne peuvent pas nier qu'elles n'aïent été Filles de faint Benoît, puifque ce n'eft que de nos jours qu'elles ont pris le nom de Chanoineffes, & qu'elles ont renoncé aux vœux folemnels. L'Abbaïe de faint Pierre est très-ancienne; l'on prétend qu'elle fut fondée par Eleuthere, Duc du Palais des François, fous les regnes de Thierri & de Theodebert, enfans de Childebert, & qu'il affigna à ce Monaftere des fonds fuffifans pour l'entretien de trois cens Religieufes, aufquelles il donna fainte Waldrée pour Abbeffe. Ce Monaitere fut d'abord appellé Haut-Moutier ou Marmoutier, & les Religieufes y vêcurent avec beaucoup de régularité ; mais elles avoient déja quitté la Regle de faint Benoît dans le dixiéme fiécle, lors qu'Adalberon I. Evêque de Metz emploïa l'an 960. l'autorité de l'Empereur Othon pour obliger ces Religieufes à reprendre leur Regle. Elles tomberent encore dans le relâchement quelques années après : ce qui obligea l'Evêque Adalberon II. vers l'an 1000. d'y apporter la réforme. Et comme le grand nombre de Religieufes qui étoient dans ce Monaftere pouvoit caufer de la confusion il fit bâtir un autre Monastère à côté de celui de faint Pierre pour y mettre une partie de ces Religieufes, & fervir de Noviciat à celles qui y voudroient faire profeffion de la vie Monaftique. Il fit bâtir d'abord un Oratoire, qu'il dédia en l'honneur de la fainte Vierge, & y fit mettre un Crucifix, devant lequel les Novices faifoient leurs vœux folemnels : ce qui fit donner le nom de Benit-Vau, à la ruë où ce Monaftere étoit fitué; & les gens fimples appellerent ce Crucifix

NESSES DE Jaint Benit-Vous ce nom lui étant refté jufqu'à préfent. COLOGNE Lorfque l'on bâtit la Citadelle de Metz en 1560. ce MonaET VILKE ftere fut ruiné, & les Religieufes furent transferées en une

Maifon qui appartenoit aux Chevaliers de Malte, appellée le petit fiint fe in. Jufques-là elles avoient été foùmiles au Monaftere de faint lierre, qui fut auffi transferé dans la ville; mais elles fe font fouftraites de fon obéïssance. Plufieurs Evêques ont tâché inutilement de rétablir la Difcipline Reguliere dans ces deux Abbaïes; mais les Religieufes bien loin d'obferver la clôture, & de reprendre les obfervances Regulieres, ont voulu vivre en Séculieres,& en porter l'habit. Elles ont au Chœur,comme les Chanoineffes de Remiremont, de Pouffay & de Bouxieres, un grand manteau doublé d'hermine: celles de faint Pierre vont à certains jours en proceffion avec les Chanoines de la Cathedrale.

Joan. Mabillon, Annal. Bened. Tom. III. & IV. Antoine Yepez, Chron. gener. de l'Ord. de faint Benoit,Tom. II. & V. Murifle, Hift. des Evêques de Metz.

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Des Chanoineffes de Cologne, Lindaw, Buchaw, & autres en Allemagne & en Alface.

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"ABBAÏE de Notre-Dame du Capitole à Cologne, repour Fondatrice, Plectrude, femme de Pepin Heristal, Maire du Palais en Neuftrie, & Souverain en Auftrafie. Ce Prince enflé de fes profpérités, s'abandonna à toutes fortes de plaisirs, & se laiffant vaincre par l'amour im pudique qu'il portoit à Alpaïs, il répudia Plecrude, & époufa Alpaïs, dont il eut le fameux Charles Martel. Ple&rude fouffrant genereufement cette difgrace, & avec une vertu veritablement Chrêtienne, fe retira à Cologne dans le Palais qu'on nommoit le Capitole, vers l'an 689. & le convertit depuis en un Monaftere de Filles : elle le fit bâtir en l'honneur de la fainte Vierge, & y vêcut dans une grande réputation de fainteté, avec Noëtburge fa niéce, fille de sa fœur, jufqu'à ce qu'elle fût rappellée par Pepin.

La Regle de faint Benoît fut obfervée dans ce Monaftere, & il y a de l'apparence que les Religieufes y vivoient encore

dans

pren

NESSES DE

dans une observance exacte de leur Regleau commencement CHANOL duonziéme fiécle,puifque fainte Adelde avant que de pren- CULOGNE dre l'habit Monaitique, & avant même que de fe retirer ET VILIKE dans le Monaftere de Vilike, fut inftruite des Obfervances Régulieres par les Religieufes de Cologne, qu'elle alla trouver pour cet effet. Cette fainte étoit fille de Megengoz Comte de Gueldres, que l'Eglife honore, auffi comme Saint. Ce Comte, entre plufieurs Monumens de pieté qu'il fit ériger à la gloire de Dieu, fonda un Monaftere de Filles à Vilike, fur le Rhin, dans le Duché de Berg, & conjointement avec la femme Gerberg, il lui affigna des fonds confiderables. Ce Monaftere étant achevé, faint Megengoz le remit entre les mains de l'Empereur Othon III. qui lui accorda les mêmes Privileges dont joüiffoient ceux de Gandersheim, Quedlimbourg & Afinde. Sainte Adelde après la mort de sa mere, n'aïant plus rien dans le monde qui pût l'empêcher de fe donner à Jesus-Christ, ne voulut plus differer à dre l'habit Monaftique: mais afin de ne rien faire avec précipitation, elle voulut s'éprouver pendant un an. Elle ne mangea point de viande pendant ce tems-là, & ufoit des mêmes mets qu'elle auroit pû avoir dans le cloître;& quoiqu'elle parût vêtue à l'exterieur comme les autres Dames elle ne portoit fur fa chair que des chemises de laine. Après cette épreuve d'un an, elle alla trouver Bertrade fa fœur qui étoit Abbeffe du Monaftere de Nôtre Dame du Capitole à Cologne, où les Religieufes vivoient dans une grande réputation, & elle s'y fit inftruire des Obfervances Regulieres. Elle voulut perfuader à toutes les filles qui la fervoient de fuivre fon exemple, & de renoncer aux vanités du fiécle: il y en eut quelques-unes qui le firent; mais les autres refterent dans le monde. Sainte Adelde aïant fait profeffion de la Regle de faint Benoît dans le Monaftere de Cologne, alla à Vilike, où elle fut premiere Abbeffe ; & fa fœur Bertrade étant morte l'an 1012. elle eut le gouvernement de ces deux Monafteres pendant · trois ans. Elle mourut dans celui de Cologne l'an 1015. les Religieufes de Vilike, à qui elle avoit fait fçavoir fa maladie,& qu'elle avoit invitées à la venir voir, aïant differé au lendemain, & l'aïant trouvée morte, ne purent fe confoler, qu'en obtenant le Corps de leur fainte Abbeffe, que l'Ar

Tome VI.

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