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CHANOL

GANDERS

état embraffé l'Héréfie de Luther. Telles font les Chanoinesses de Gandersheim, de Quedlimbourg, d'Herford, & NESSES DE quelques autres en Allemagne, dont nous allons rapporter HIM. l'origine, n'aïant deffein de parler que de celles qui prennent la qualité de Chanoineffes: c'eft pourquoi je ne dirai rien de quelques autres Monafteres, qui fe trouvent dans le Roïaume de Dannemarck, où les Religieufes aïant renoncé à la Foi Catholique, ont toûjours vêcu en Communauté fous l'obéiffance d'une Superieure, & gardé une uniformité dans l'habillement, comme ont fait les Religieufes de l'Ordre de faint Dominique à Copenhague, qui après avoir embraffé l'Héréfie, ont toûjours gardé la vie commune,& font habillées de même que les Filles de la Communauté de fainte Géneviève à Paris, qu'on appelle les Miramiones,dont nous donnerons une Eftampe dans le 8. Tome de cette Hiftoire..

L'Abbaïe de Gandersheim, dans la Principauté de Wolfembutel, à trois lieuës d'Eymbek, & à fix de Goflar, dans l'Evêché d'Hildesheim, a été l'une des plus confiderables d'Allemagne & Yepez la met au nombre des quatre Abbaïes Princieres, où l'on ne recevoit que des filles de Princes. Elle fut fondée vers l'an 852. par Lutolph le Grand Duc de Saxe, & Ode fa femme, dont trois de leurs filles furent fucceffivement Abbeffes. La premiere fut Hatmode, la feconde Gerberge, & la troifiéme Chriftine. La Princeffe Sophie, fille de l'Empereur Othon II. en entrant dans ce Monaftere pour y être Religieufe, y caufa de grands troubles. Elle fit bien paroître qu'elle n'y entroit pas dans un efprit d'humilité: car croïant que ce feroit un deshonneur pour elle, comme fille d'Empereur, de recevoir le voile des mains d'un Prélat qui n'eût pas le Pallium, elle ne voulut pas le recevoir de l'Evêque d'Hildesheim, auquel ce Monaftere avoit toûjours été foûimis depuis sa fondation, & elle voulut que ce fût l'Archevêque de Mayence qui le lui donnât. Ofdage, qui étoit Evêque d'Hildesheim, s'y oppofa, & les Evêques qui étoient venus pour affifter à cette cérémonie avec l'Empereur Othon,favorifant l'Evêque d'Hildesheim, on convint que ce Prélat & l'Archevêque de Mayence lui donneroient enfemble le voile après que telon la coûtume elle auroit promis l'obéïffance & la foûmiffion à l'Evêque d'Hildesheim. Les chofes demeurerent en cet état fous le refte du Tome VI..

Kkk.

NESSES DE

HEIM.

CHANOI Pontificat d'Ofdage & de Gerdage, & fous les premieres GANDERS années de celui de Bernard,qui monta fur le fiége Epifcopal d'Hildesheim l'an 992. Pour lors le relâchement qui s'étoit déja introduit dans l'Abbaïe de Gandersheim, alla jufqu'à un tel excès,que les Religieufes y vivoient fans aucune fubordination. Le luxe & la vanité y regnoient, & l'on n'y reconnoiffoit plus l'autorité de l'Evêque. La Princeffe Sophie malgré l'Abbeffe qui s'y oppofa fortement, fe rendit auprès de l'Archevêque de Mayence, & demeura plus d'un an dans fon Palais. L'Évêque d'Hildesheim l'avertit plufieurs fois de retourner dans fon Monaftere; mais fes remontrances furent inutiles. Elle anima l'Archevêque de Mayence contre lui, & oubliant ce qu'elle lui avoit promis le jour de fa confecration, elle publia qu'elle n'avoit point reçu le voile de ses mains; mais bien de celles de l'Archevêque de Mayence, que Gandersheim n'étoit point de fa jurifdiction, & qu'elle ne devoit pas lui obéïr,& étant retournée en fon Monastere, elle excita auffi les autres Religieufes à ne point reconnoître l'Evêque d'Hildesheim.

En effet le tems approchant qu'on devoit faire la Dédicace de la nouvelle Eglife de ce Monaftere, la Princesse Sophie à qui l'Abbeffe avoit donné le foin de pourvoir à tout ce qui feroit neceffaire pour la cérémonie, invita l'Archevêque de Mayence, & le jour fut fixé à la Fête de l'Exaltation de la fainte Croix. L'Evêque d'Hildesheim,qui de fon côté avoit été prié par l'Abbeffe de faire ce jour-là la cérémonie, promit de s'y trouver. Mais l'Archevêque de Mayence voulut differer jufqu'à la Fête de faint Matthieu, & le fit fignifier à l'Evêque d'Hildesheim, qui ne pouvant s'y trouver ce jourlà, vint à Gandersheim le jour de l'Exaltation de la Ste Croix, pour confacrer l'Eglife, comme il en avoit été prié par I'Abbeffe: mais au lieu d'y trouver ce qu'il falloit pour la cérémonie, il y trouva au contraire des perfonnes apoftées pour l'infulter: il dit néanmoins la Meffe en présence des Religieufes, qui étoient fort animées contre lui, & les obligea à porter leurs offrandes & recevoir la benediction. Le Prélat au milieu de la Meffe fit une exhortation pour confoler le peuple, qui murmuroit hautement de ce qu'on traitoit son Evêque fi indignement, & à la fin du difcours il défendit que l'on fît la Confecration de l'Eglise fans fon consente

DE

GANDERS

HEIM.

ment: ce qui irrita fi fort les Religieufes, que lorfqu'elles CHA NOIprésenterent leurs offrandes, elles les jetterent par terre avec NESSES indignation, en difant des injures à leur Evêque. L'Archevêque de Mayence vint à Gandersheim le jour de faint Matthieu pour faire la Dédicace. L'Evêque d'Hildesheim ne s'y trouva pas, & envoïa à fa place EK Kéhard, Evêque de Slefwich, que les guerres avoient obligé d'abandonner fon Diocêfe. Il s'oppola au nom de l'Evêque d'Hildesheim à toutes les entreprifes de l'Archevêque, & la confecration de l'Eglife fut fufpenduë. Bernard eut recours à Rome; l'on y tint un Synode l'an 1001. pour terminer ce differend, & l'on y donna gain de caufe à ce Prélat ; mais à fon retour de Rome étant allé à Gandersheim, il y trouva des gens en armes, tant de la part de la Princeffe Sophie que de l'Archevêque de Mayence, qui l'obligerent de fe retirer. L'on tint encore plufieurs Affemblées d'Evêques en Allemagne pour le même fujet,& cette affaire ne fut terminée que l'an 1007. la Jurifdiction de ce Monaftere fut entierement adjugée à l'Evêque d'Hildesheim, qui fit enfin la Dédicace de l'Eglife, & l'Archevêque de Mayence aïant reconnu fa faute dans le Concile de Francfort, renonça à toutes les prétentions qu'il pouvoit avoir fur Gandersheim, & pour témoignage il donna à l'Evêque d'Hildesheim une Croffe ou Bâton Pastoral. Aribe Archevêque de Mayence, voulant renouveller cette querelle en 1024.l'Empereur Conrad II. l'en empêcha ; mais la Princeffe Sophie qui avoit été faite Abbesse de Gandersheim après la mort de Gerburge, ne ceffa point d'inquiéter les Evêques d'Hildesheim au fujet de la Jurifdiction. Elle reconnut fa faute avant que de mourir, & elle alla trouver l'Evêque faint Godard, qui tenoit pour lors le fiége d'Hildesheim. Elle lui promit toute forte de fatisfaction; & ce Prélat qui étoit malade, lui aïant répondu qu'il examineroit cette affaire, il lui donna terme jufqu'à la Fête de la Purification de la fainte Vierge: Sophie qui appréhendoit la mort lui dit: Plût à Dieu que ce jour-là nous trouve en bonne fanté l'un & l'autre !L'Evêque à ces paroles lui répliqua: Notre vie eft entre les mains de Dieu mais quelque chofe qui arrive nous difcuterons certainement cette affaire devant le veritable Fuge au jour de la Fête de la Purification de la fainte Vierge. La chofe arriva comme le Saint K K K ij

CHANOI Tavoit prédit : car i mourut huit jours après, & l'Abbesse Sophie le jour de la Purification de la fainte Vierge de l'an

NESSIS DE
GANDERS-

HEIM. 1038.

qua

L'on ne put réparer les défordres que cette Abbeffe avoit caufés à Gandersheim. Les Religieufes qui à fon exemple vivoient en feculieres s'accoûtumerent à cette maniere de vie, & aïant renoncé à la Regle de faint Benoît,aux Observances régulieres, & aux vœux folemnels dès le onziéme fiécle,elles cmbrafferent facilement l'Heréfie de Luther lorfque toute la Saxe en fut infectée,ce qui arriva fous le gouvernement de l'Abbeffe Claire, fille d'Henri III.dit le Jeune, Duc de Brunfwich, qui époufa dans la fuite Philippe de Brunfwich Duc deGubenhagen fon coufin,& mourut en 1595. Il y a eu auffi plufieurs autres Princesses de la même Maifon qui ont été Abbeffes de Gandersheim; comme Dorothée Augufte morte en 1611.Chriftine Sophic de Brunfwich qui époufa en 1681. Augufte Guillaume fon coufin germain. La Princeffe Henriette Chriftine de Brunfwich Wolfenbutel lui fucceda; mais l'an 1712. cette Princeffe, après avoir renoncé à la lité d'Abbeffe de Gandersheim, abjura le Lutheranisme entre les mains de l'Abbé de Corvey, & reçut le Sacrement de Confirmation à Ruremonde par les mains de l'Evêque de la même ville. Ce Monastere a été si confiderable que Brufchius qui écrivoit en 1550. dit que dans ce tems-là, il avoit encore pour Vaffaux non feulement des Princes de la Maifon de Brunfwich, mais auffi de celle de Saxe & de Brandebourg & plufieurs Barons & Seigneurs d'Allemagne. L'Abbeffe eft Princeffe de l'Empire, mais non pas immediate, & elle n'envoïe pas des Députés aux Dietes. La Religieufe Rofwid qui s'est renduë célébre par les ouvrages qu'elle a compofés en vers & en profe, étoit Profeffe de ce Monaftere. Elle parloit le Grec & le Latin avec facilité. Elle écrivit en vers à la priere de l'Empereur Othon II. & par ordre de Gerberge fon Abbeffe un Eloge Hiftorique de la vie d'Othon premier, & depuis,le martyre de faint Denis & de faint Pelage avec d'autres ouvrages. Elle mourut l'an

967.

Joan. Mabill. Annal. Bened. Tom. III. & IV. & Gafpar. Brufchius, Chronolog. Monafter. Germ.

L'Abbaïe d'Herford,fituée dans la ville de ce nom,fur la

NESSES

D'HER

riviere de Vehra dans le Comté de Ravensbourg, a eu le CHANO même fort que celle de Gandersheim. Elle fut fondée par HER Louis Roi de Germanie l'an 822. ce Prince aïant fait bâtir FORD pour des hommes l'Abbaïe de Corbie la neuve fur le modelle de celle de Corbie en France, voulut auffi avoir un Monaftere de filles en Allemagne femblable à celui de Nô- · tre-Dame de Soiffons, d'où il fit venir Tette qu'il fit premiere Abbeffe de l'Abbaïe d'Herford dont l'Eglife fut dédiée à fainte Pufine, aprés que l'on eut apporté de France en Allemagne le Corps de cette Sainte. Ces deux Monafteres en produifirent beaucoup d'autres non feulement en Allemagne, mais encore en d'autres Provinces. Celui d'Herford fut premierement ruiné par les Huns ou Hongrois l'an 933. & après qu'il eut été établi, il fut pillé par l'avarice de Thiedmart, frere de Bernard Duc de Saxe & de Godefte qui en étoit Abbeffe: il en emporta les tréfors; mais MainWerc Evêque de Paderborn l'aïant fait comparoître dans un Synode, le condamna à reftituer à ce Monaftere trente talens, & Thiedmart ne pouvant païer une fi groffe fomine, ceda à ce Monaftere des terres qui lui appartenoient. Cette Abbaïe fut rétablie dans fa premiere fplendeur, & l'Abbeffe Godefte y renouvella les Obfervances Régulieres que les Religieufes abandonnerent au commencement du douzième fiécle, & elles ont eu enfin le malheur de tomber dans l'Heréfie qu'elles embrafferent l'an 1613. n'aïant pas imité l'Albaïe de Corbie la neuve qui a toûjours confervé la pureté de la Foi avec les Obfervances Régulieres fous la Regle de faint Benoît. L'Abbeffe d'Herford eft Princeffe de l'Empire & a rang parmi les Prélats du cercle de Weftphalie, envoïant des Députés aux Dietes de l'Empire. Elle fournit pour fon contingent en tems de guerre fix fantaffins. Elle étoit aurrefois Dame d'Herford, mais l'Electeur de Brandebourg s'ent empara en 1647. comme étant de la dépendance du Comté de Ravensbourg.

Joan. Mabill. Annal. Ord. S. Benedict. Tom III. & IV. Annal. & Monument. Paderbon. & Annal. Weftphal.

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DE

L'Abbaïe de Quedlimbourg fituée dans la ville du même CHANOTnom qui confine les Principautés d'Anhalt & d'Halbe ftad FOLIMavec le Comté de Blakembourg, a imité celles d'Herford 3JURG. & de Gandersheim. Elle fut fondée l'an 930. par Henri KKK iij

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