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VRAUD.

ORDRE DE ainfi qu'on nomme le Monaftere des Religieux ) pour y entendre la Meffe & aflifter au Chapitre, d'où ils ne fortoient qu'avec la permiffion du Prieur. Ils ne devoient point recevoir d'Eglifes Paroiffiales ni leurs dixmes, ni donner leurs biens à ferme à des Seculiers; il ne leur étoit pas permis de recevoir des femmes dans leur Monaftere pour y travailler: il leur étoit défendu de faire des fermens,de fubir l'examen du feu, de fervir de cautions, & d'être fermiers. Les provifions de vin, le poiffon, l'argent & les autres chofes néceffaires à la vie étoient entre les mains de la Celleriere & diftribuées par l'avis & l'ordre de l'Abbeffe ou de la Prieure. Les Religieux ne pouvoient auffi recevoir perfonne à la Religion, ce droit appartenant à l'Abbeffe.

Le Bienheureux Fondateur fut le premier à fe foûmettre à l'Abbeffe, & pour donner l'exemple à fes Religieux, il vêcut fous fon obéiffance jufqu'à fa mort qui arriva le 25. Février de l'an 1117. Il étoit pour lors dans fon Monastere d'Orfan, d'où fon corps fut porté à Fontevraud avec une pompe extraordinaire par Leger Archevêque de Bourges, qui fit fon Oraifon Funebre, & qui fut accompagné dans le Convoi par l'Archevêque de Tours, l'Evêque d'Angers, le Comte d'Anjou & plufieurs Seigneurs de confideration;fon cœur fut feulement laiffé à fes filles d'Orfan.

CHAPITRE XIII.

Du progrès de l'Ordre de Fontevraud, aprés la mort du
Bienheureux Robert, & de la Reforme de cet Ordre. .

L

E Bienheureux Robert d'Arbriffel avoit vû de fon vivant plusde trois mille Religieufes dans le feul Monaftere de Fontevraud: mais aprés fa mort,ce nombre augmenta:car au rapport de l'Abbé Suger dans une de fes Lettres au Pape Eugene III. au fujet de l'Evêque de Poitiers, qui inquiétoit ce Monaftere,il y avoit à Fontevraud quatre à cinq mille Religieufes. Quoique ce grand nombre diminuât dans la fuite, il ne laiffa pas d'être encore confiderable l'an 1248. que le Pape Innocent IV. aïant impofé un fubfide de dix livres tournois fur cette maifon, aufli bien que fur les Benefices d'Anjou & de Poitou pour l'entretien d'un Evêque de

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Religieux de Font-Evraud

comme

ils étoient ancienement

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VRAUD.

Tiberiade; ce Monaftere s'en excufa fur ce qu'il avoit fept ORDRE DI cens perfonnes à nourir. Ce nombre fe trouva encore diminué en 1297. car fur les plaintes que le Pape Boniface VIII. avoit reçuës qu'on avoit diffipé les revenus de Fontevraud, le Pontife aïant donné commiffion à Gilles Evêque de Nevers, de regler le nombre des Religieufes de ce Monaftere: ce Prélat en aïant trouvé trois cens foixante, les réduisit à trois cens, fans parler du nombre des Religieux, tant Prêtres que Convers. Mais cette Ordonnance de l'Evêque de Nevers ne fut pas apparemment executée, puifque l'an 1360. ce Monaftere aïant encore été taxé pour le même fubfide, l'Abbeffe allegua pour caufe de fon refus qu'il y avoit dans fon Monaftere cinq cens Religieufes. Ce n'étoit pas feulement dans le Monaftere de Fontevraud, qu'il y avoit un fi grand nombre de Religieufes de cet Ordre: car à Bleffac dans le Diocéfe de Limoges, on y en a vû jufqu'à neuf cens.

Cet Ordre acquit une fi grande réputation que des Monafteres entiers de differens Ordres embraffoient celui de Fontevraud, comme le Prieuré de Bragerac pour lors du Diocéfe de Toulouse, à prefent appellé de faint Aignan & du Diocéfe de Montauban, qui étoit de la Congregation du Bienheureux Giraud de Sales, dont le Prieur & les Religieux fe foûmirent l'an 1122.avec tous leurs biens à l'obéïffance de l'Abbeffe Petronille de Chemillé. On demanda de ces Religieufes en Espagne,où on en mit dans trois Maifons. La premiere fe nommoit fainte Marie de la Vega au Diocéfe d'Oviedo, la feconde Notre-Dame de la Vega de la Cerana au Diocéfe de Leon, & la troifiéme le Parament au Diocéfe de Saragoffe, & fous le gouvernement de Audeburge troifiéme Abbeffe de Fontevraud. Henri II. Roi d'Angleterre fit venir en fon Roïaume des Religieufes de cet Ordre l'an 1177. pour rétablir la difcipline réguliere dans l'Abbaïe d'Ambrefberi qu'il leur donna aprés en avoir ôté les Religieufes qui y étoient. Elles eurent encore deux Maisons dans le même Roïaume, l'une à Etonne, & l'autre à Weftuod. Cet Ordre fit auffi un grand progrés en France. Car outre les Maisons fondées du vivant du faint Fondateur, y en eut encore quatre en Normandie, l'une au Diocéfe d'Evreux, & les trois autres dans celui de Roüen: deux en Picardie, le Charme & Maureaucourt: trois dans la Brie

il

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V RAUD.

ORDRE DE & le païs de Valois, le Long-Pré, Fontaine & Colinance: Foici au Diocéle de Troïes, & Longueau au Diocéfe de Reims : Coufanie dans le Faïs du Mayne : Bellomer & les. Epines au Diocéfe de Chartres: Sauvement dans celui de Befançon Cubes & Fontaines dans le Perigord : Vanaffel. & Pons-Choles dans le Limoufin: & Vairville dans le Beauvoifis. Enfin il y en eut un grand nombre dans la Bretagne, l'Anjou, le Berri, l'Auvergne, la Gafcogne, le Languedoc, la Guienne & quelques autres Provinces. La Maifon des Filles-Dieu à Paris, fondée par le Roi faint Louis, & fuffifamment dottée pour l'entretien de deux cens Filles>> étant extrémement déchûë, & le nombre de ces Filles reduit à deux ou trois feulement, Charles VIII. l'an 1483. la donna à l'Ordre de Fontevraud,qui en prit poffeffion fous le gouvernement de l'Abbeffe Anne d'Orleans, fœur du Roi Louis XII. Les Ordres de Cluni, de faint François & un grand nombre de Maifons de Chanoines Réguliers firent auffi focieté avec l'Ordre de Fontevraud pour la participation des prieres.

Un grand nombre de Souverains Pontifes ont accordé des Privileges à cet Ordre & ont témoigné l'eftime qu'ils en faifoient. Calixte II. aprés avoir confacré la grande Eglife du Monaftere de Fontevraud, confirma derechef cet Ordre & toutes les donations qui y avoient été faites par une Bulle de l'an 1119. on voit par cette Bulle combien elles avoient déja été augmentées depuis le Pape Pafchal II. L'an 1145. Eugene III. affranchit les Religieufes & les Religieux de cet Ordre des épreuves de l'eau boüillante, & de l'eau froide, du fer chaud & des autres qui étoient alors en usage ordonnant qu'ils ne feroient plus obligés à juftifier leurs prétentions que par la voie des temoins. Honoré III. les exemta de la jurifdiction des Ordinaires l'an 1224. Clement VI. l'an 1344. conftitua les Archevêques de Tours, & les Abbés de Marmoutier & de faint Cyprien de Poitiers pour juges & confervateurs des biens & des droits de Fonte vraud. Sixte IV. l'an 1483. donna pouvoir à Anne d'Orleans vingt- feptiéme Abbeffe, & à celles qui lui fuccederoient de difpenfer fes Religieux de l'Office Canonial & des jeûnes de l'Eglife, avec le confeil du Medecin & du Con

feffeur

Quoique

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