CONGRI Changer de vie, jugea qu'il feroit plus à propos de donner une GATION DF autre Abbaïe à Jean de Meden afin qu'il pût contenter son BURSFELD. zele & executer le jurement auquel il s'étoit obligé : c'eft pourquoi l'Abbaïe de Clufe au Diocêfe d'Hildesheim venant à vaquer, elle l'en fit pourvoir. Il prit poffeffion de ce Monaftere: & la premiere chofe qu'il fit, fut de propofer à fes Religieux de vivre conformément à la Regle de faint Benoît & à l'observer dans fa pureté ; ceux-ci ne furent pas plus portés pour la Réforme, que l'étoient ceux de Rheinhaufen,& aimerent mieux fortir de leur Monaftere, que de fe foûmettre aux aufterités d'une Regle qui leur étoit inconnuë, quoiqu'ils en euffent voüé les Obfervances ; l'Abbé Jean n'aïant plus d'obstacles à fes deffeins donna l'habit à quelques Novices,les forma de bonne heure à la pieté, & leur fit pratiquer des Obfervances exactes, conformes à la Regle dont ils vouloient faire profeffion. Il n'en reçut pas un grand nombre à caufe de la pauvreté de fa maison: car quoiqu'il obtînt encore du Duc de Brunfvick le Monaftere de Bursfeld, cette nouvelle acquifition n'augmenta pas davantage fes revenus, puifque ce Monaftere étoit fi ruiné qu'il n'y reftoit aucune trace des lieux Reguliers, l'Eglife fervoit d'étable aux bêtes, tous les biens avoient été diffipés par les Religieux qui avoient été obligés de les abandonner, & il n'en reftoit qu'un feul qui pour tout bien, n'avoit qu'une vache, dont il tiroit fa principale nourriture. Ce Monaftere avoit été fondé dès l'an 1098.par Henri Comte de Northeim. La beauté de fa fituation dans une folitude entourée de bois & arrofée de plufieurs ruiffeaux, engagea l'Abbé de Clufe à demander ce lieu ruiné au Duc de Brunfvick, & l'aïant obtenu, il y vint demeurer avec quelques Religieux & y continua la Réforme qu'il avoit commencée àClufe. A juger de l'état de ces deux Monafteres de Bursfeld & de Clufe par leur pauvreté, on n'auroit jamais pu s'imaginer qu'ils deuffent être rétablis : mais Dieu qui promet l'abondance de fes benedictions à ceux qui s'abandonnent à fa divine providence,en ordonna autrement : car la régularité des Religieux qui vivoient fous la conduite de l'Abbé Jean, leur attira de toutes parts des bienfaits confiderables qui les mirent en état non feulement d'y fubfifter com nodément, mais encore d'y entretenir un grand nombre de Religieux. BURSFELD Il y avoit dans ce tems un autre Abbé appellé aufli Jean, CONGREqui gouvernoit le Monaftere de faint Mathias de Treves. GATION DE Othon Archevêque de Mayence l'avoit tiré de l'Ordre des Chartreux pour lui faire prendre l'habit de celui de faint Benoît, afin qu'il réformât ce Monaftere. Il en étoit venu à bout après plufieurs peines & plufieurs fatigues, & même au peril de perdre la vie, à laquelle les Religieux qui ne vouloient point entendre parler de Réforme, avoient fouvent attenté, & afin que la régularité qu'il y avoit établie, nc fût point alterée par des changemens, il avoit dreffé des Conftitutions qui y étoient obfervées avec beaucoup d'exactitude. L'Abbé de Cluse aïant entendu parler de cette Réforme, alla à Treves pour prendre confeil de l'Abbé de faint Mathias, & après avoir vû fes Constitutions, il le pria de lui donner quatre Religieux pour venir à Bursfeld donner la derniere perfection à la Réforme qu'il avoit commencée. L'Abbé de faint Mathias lui accorda fa demande, & en peu de tems le Monaftere de Bursfeld devint en fi grande réputation que plufieurs Monafteres d'Allemagne voulurent embraffer la même Réforme. Le premier Monaftere qui vêcut fous ces nouvelles loix, fut celui de Clufe, où la Réforme avoit pris naissance comme nous avons dit. Celui de Rhinhaufen, qui n'avoit pas voulu d'abord lui fervir de berceau, la reçut auffi. Ce que firent dans la fuite plus de cent quarante autres Monafteres, non feulement de la Province de Mayence, mais encore de Flandres. Mais quoique les premiers Monafteres qui reçurent cette Réforme fe difoient de la Congregation de Bursfeld, ils ne formoient pas pour lors un corps foûmis à un même Chef ou Superieur Général. L'Abbé Jean de Meden étant mort, il eut pour fucceffeur dans le gouvernement de Bursfeld Jean de Hagen qui herita de fon žele pour le maintien de la Réforme, & qui l'étendit dans plufieurs Monafteres. Ces Abbés qui l'avoient reçuë dans leurs Abbaïes, chercherent les moïens de l'y maintenir & n'en trouverent point d'autres, que de faire union ensemble fous un même Chef, auquel tous les Monafteres Réformés & qui voudroient fe réformer dans la fuite, feroient obligés d'obéïr. Le Pape Pie II. approuva cette union auffila réfolution qu'ils prirent de tenir un Chapitre bien que 4 CONGRE tous les ans pour déliberer des affaires de la Congregation. GATION DE Le premier Chapitre Annuel & Général fut convoqué l'an 1464.à Bursfeld,& Jean de Hagen qui en étoit Abbé,fut élu pour premier Président de la Congregation, qui fut le nom qu'on donna au Superieur Général. Avant cette union qui forma la Congregation de Bursfeld le Pape Pie II. l'an 1461. avoit tenté de réünir fous une même Obfervance les trois differentes Réformes de Bursfeld, de Castel & de Meleck, & il avoit donné commiffion à l'Evêque d'Eichftet, d'affembler pour ce fujet quelques Abbés de ces Observances, afin de les faire convenir des moïens de procurer cette union: mais les uns & les autres n'y voulurent point confentir: ceux de Bursfeld trouvoient que les Obfervances des Congregations de Caftel & de Melec étoient trop relâchées, & les Abbés de ces Congregations ne vouloient point fe foûmettre à celles de Bursfeld, qui leur paroiffoient trop aufteres: ainfi cette union n'eut point lieu, & toutes les diligences du Pape & de fon Commiffaire n'eurent point d'autre effet que celui de procurer celle de tous les Monafteres de la Réforme de Bursfeld qui formerent la Congregation de ce nom fous un Chef qui en est le Superieur Général. L'Archevêque de Mayence fit de nouvelles tentatives pour réunir les trois Réformes, il en avoit fouvent follicité Abbés, & l'an 1501. le Préfident & les Déffiniteurs du Chapitre annuel de la Congregation de Bursfeld nommerent quatre Abbés pour comparoître devant l'Archevêque lors qu'il convoqueroit les Peres de ces trois Congregations au fujet de cette union. Ce Prélat les fit venir devant lui l'année suivante 1502. mais ce fut encore inutilement, Ceux des Congregations de Caftel & de Mele K reprochoient à ceux de Bursfeld qu'ils avoient pris le nom d'un miferable Monaftere fitué dans une campagne déferte, au lieu d'avoir pris le nom d'un Monaftere Roïal. Ils n'approuvoient pas ces Chapitres annuels, ni les vifites des Monafteres qu'on faifoit tous les deux ans dans la Congregation de Bursfeld. Ils regardoient comme trop aufteres les jeûnes qu'on y obfervoit, auffi bien que le filence perpetuel; & ils n'approuvoient pas la pratique de recevoir trois fois la femaine la difcipline des mains de l'Abbé ou du Prieur, pendant les tems de l'Avent & |