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BENEDIC

DES

Roïaume: ce qui obligea les Superieurs d'en envoïer quel- CONGREques unes à Paris pour y faire un nouvel établiffement, qui GATION D pût décharger la Maison de Cambrai: c'est de-là d'où font TINS A N venuës les Benedictines Angloifes duChamp de l'Alouette au fauxbourg faint Marcel, qui font fous la jurisdiction de l'Archevêque de Paris.

Quoique ces Religieux n'aïent pas de Maisons en Angleterre,leur Congregation eft néanmoins divifée en deux Provinces ; fçavoir de Cantorberi & d'Yorck: on élit dans les Chapitres Généraux, des Provinciaux & des Affiftans pour ces deux Provinces, qui ont jurifdiction fur les Miffionnaires qui y travaillent. La Congregation, comme nous avons dit, eft gouvernée par un Préfident Général, & par trois Deffiniteurs, qui font élus tous les trois ans. Aucun Religieux ne peut faire profeffion qu'il n'ajoûte à la Formule ordinaire un quatriéme vœu d'aller en Miffion en Angleterre, & d'en revenir quand les Superieurs le trouveront à propos. Leur habillement eft femblable à celui des autres Benedictins Réformés, excepté que le capuce eft plus ample, & pend beaucoup par devant.

Quant à leurs Obfervances, ils mangent, par difpenfe du faint Siége, de la viande trois fois la femaine; fçavoir le Dimanche, le Mardi & le Jeudi. S'il fe rencontre un de ces jours-là une abstinence ou un jeûne ordonné jeûne ordonné par l'Eglife,ils mangent en ce cas de la viande le Lundi ; mais jamais le Mercredi. Les Novices font toûjours maigre pendant leur année de Noviciat, afin qu'ils fçachent que lorfqu'il plaira à Dieu de rétablir la Foi en Angleterre, ils retourneront dans l'Obfervance étroite de la Regle de faint Benoît. Par cette même raison ils ne mangent point de viande les jours de Pâques,de Noël & de la Pentecôte; mais feulement le lendemain, pourvu que le jour de Noël arrive le Dimanche : car l'abstinence du Mercredi eft inviolable, auffi-bien que celle du Vendredi & du Samedi. Ils ont obtenu cette difpenfe par rapport à la pauvreté de leurs Maisons.

Cleyment Reyner, Apoftolatus Benedictin. in Anglia. & Memoires donnés par le R. P. Benoît Weldon, Religieux de sette Congregation.

Nous joindrons aux Benedictins Anglois les Religieux Ecoffois ou Irlandois du même Ordre. Quelques Auteurs

GLOIS.

S. MAUR

CONGRE prétendent qu'ils ont formé une Congregation particuliere GATION DE & même Trithême la qualifie d'Ordre des Ecoffois. Ce qui INFRANCE a donné lieu de croire cela, c'est que plufieurs Religieux Ecoffois étant paffés en Angleterre, en Allemagne,& en d'autres païs où ils eurent beaucoup de Monafteres, ils s'y distinguerent des autres Benedictins,non feulement dans les Rites & Coûtumes, qui different de beaucoup de ce qui fe pratiquoit dans l'Eglife Romaine; mais encore dans leurs habits qui étoient blancs: ce qui fit donner aux Moines Benedictins Anglois le nom de Moines Noirs, pour les diftinguer des Ecoffois qui demeuroient en ce Roïaume. Comme ils avoient éclairé l'Allemagne de la lumiere de l'Evangile, ils y furent toûjours en grande estime, & on leur donna des Monasteres à Wurftbourg, à Ratisbonne, à Vienne, à Ertford, & en d'autres lieux, dont il leur en refte encore fept. Ils font préfentement habillés de noir comme les autres Benedictins, & non pas de vert, comme les a representé Schoonebeck,après Abraham Brun.

CHAPITRE

XXX V I I.

Des Benedictins Réformés de la Congregation de faint

D

Maur en France.

E toutes les Congregations de l'Ordre de faint Benoît, il n'y en a point de plus illuftre, plus feconde en perfonnes fçavantes, & qui rende plus de fervice à l'Eglife, que celle de faint Maur en France. Elle doit fes commencemens à la Congregation de faint Vanne, dont la réputation se répandant de tous côtés, invita plufieurs Abbaïes de France à embraffer le même genre de vie. La premiere qui demanda à fe foûmettre à l'étroite Obfervance, fut celle de faint Auguftin de Limoges. Elle avoit été fondée environ l'an 542. par faint Rurice le jeune Evêque de Limoges qui y avoit établi des Chanoines; mais les Danois aïant entierement détruit ce Monaftere, il fut rétabli l'an 934. par Turpion auffi Evêque de Limoges, qui au lieu de Chanoines, y mit des Religieux de l'Ordre de faint Benoît. L'Obfervance Réguliere s'y maintint jusqu'à ce que cette Abbaïe étant tombée en commende, & les revenus en aïant été diffipés par le peu

EN

d'œconomie des Abbés, le relâchement s'y introduifit & CONGREellé étoit dans un état déplorable lorfque Jean Regnault der-CATION D nier Abbé Commendataire la foûmit l'an 1613. à la Congre- FRANCE. gation de faint Vanne. Plufieurs autres Abbaïes s'y foumirent auffi; comme celles de faint Faron de Meaux, de faint Julien de Noaillé, de faint Pierre de Jumieges & de Bernay. Dom Didier de la Cour & les autres Superieurs de la Réforme de faint Vanne y envoïerent des Religieux qui travaillerent avec fuccès à y établir la Réforme. Mais les difficultés qu'ils trouverent à réünir fous une même Congregation ces Abbaïes & d'autres plus éloignées qui demanderent auffi la Réforme, leur fit prendre la résolution d'en faire deux differentes, dont l'une feroit érigée en France & à laquelle les Monasteres déja Réformés ferviroient comme de fondement. Ce projet fut approuvé dans le Chapitre Général qui se tint à faint Manfuy de Toul au mois de Mai 1618. Ils permirent dès lors aux Religieux qu'ils avoient envoïés en France de faire un nouveau corps de Congregation compofé des Monafteres où ils avoient porté la Réforme & de ceux qui voudroient l'embraffer dans la suite ; & afin d'entretenir dans les deux Congregations une union & une amitié inviolable,ils drefferent un acte, par lequel ils fe mirent les uns aux autres la participation aux prieres & aux autres bonnes œuvres, ce qui s'eft toûjours pratiqué de puis.

pro

Dom Laurent Benard Prieur du College de Cluni,& qui avoit été à faint Vanne dans l'intention, ou d'unir fon College à cette Congregation, ou de s'y faire Religieux, aïant renouvellé fa profeffion en préfence de tout le Chapitre, conformément à celle qui fe pratiquoit déja dans cette Congregation, & s'étant foûmis à l'obéïffance des Superieurs qui la gouvernoient, retourna par leur ordre à Paris afin d'y travailler de tout fon pouvoir à l'execution du deffein qu'on avoit formé dans ce Chapitre tenu à faint Manfuy. Il étoit fecondé par les Peres Dom Anfelme Rolle, Dom Colom ban Regnier, Dom Adrien Langlois, Dom Maur Taffin, Dom Martin Taifniere & Dom Athanafe de Mongin, tous Religieux de faint Vanne & d'un merite diftingué. Ils obtinrent au mois d'Août de la même année 1618. des Lettres Patentes du Roi Louis XIII. pour l'érection de la nouvelle

CONGRE Congregation, à laquelle ils donnerent depuis dans leur preGATION DF miere Affemblée Générale le nom de faint Maur, aimant FRANCE. mieux prendre pour Patron ce Bienheureux Disciple de

S MAUR EN

faint Benoît que tout autre faint Titulaire de quelque Abbaïe particuliere, de peur de donner de la jaloufie fur tout aux plus grands Monafteres qui auroient voulu peut-être avoir la préference.

Si-tôt que les Lettres Patentes du Roi eurent été expediées plufieurs perfonnes du premier rang s'offrirent d'elles mêmes à Dom Laurent Benard pour accelerer le fuccès d'une affaire qu'elles prévoïoient bien devoir tourner à l'utilité de l'Eglife & à l'honneur du Roïaume. Les principales de ces perfonnes furent les Cardinaux de Retz & de Sourdis, les Préfident Nicolaï & Hennequin & le Procureur Général Molé,qui fut dans la fuite premier Préfident & Garde des Sceaux. Le premier fruit de cette protection fut l'introduction de la Réforme dans le Monaftere des BlancsManteaux qui appartenoit aux Guillelmites. Le Cardinal de Retz le fit agréer au Roi & les Benedictins en prirent poffeffion le cinq Septembre 1618.Comme Dom Laurent Benard Prieur du College de Cluni se mêloit de cette affaire, c'est peut-être la raifon pour laquelle ces Benedictins Réformés qu'on ne connoiffoit pas encore pour être de la Congregation de faint Maur qui n'étoit pas formée, font appellés de l'Ordre de Cluni, dans la Requête que le Provincial des Guillelmites préfenta au Roi pour rentrer dans la poffeffion de ce Monaftere, auffi-bien que dans le Plaidoïer de Du Bouchel pour l'Univerfité de Paris, qui prit la défense des Guillelmites. M. Baillet, dans la Vie de faint Guillaume, dit que ce furent les Religieux de faint Vanne qui établirent la Réforme dans le Monaftere des Blancs- Manteaux. Il est vrai que ce furent les Religieux de cette Congregation qui y fu rent introduits ; mais c'étoit au nom de la nouvelle Congregation de faint Maur, qui n'étoit pas encore tout-à-fait formée, comme nous avons dit, & ainfi ni les Religieux de Cluni ni ceux de faint Vanne,n'ont point été en poffeffion de ce Monaftere, mais bien ceux de la Congregation de faint Maur, qui y ont toûjours demeuré depuis qu'on obligea les Guillelmites à le quitter.

La Réforme étant établie dans un Monaftere de la Capi

tale

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