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la ligne de direction par la bafe; & le centre de pefanteur fe retrouve auffitôt fur un point d'appuy. Mais pourquoi un poids immenfe fe meut-il fans peine en divers fens, quand le centre de pefanteur eft suspendu en l'air?

EUDOXE. C'est qu'alors vous n'avez niles inégalités d'un plan rabotteux à détruire, ni la force de la pefanteur à vaincre. Mais qu'arriveroit-il fi le centre de pefanteur n'étoit ni fufpendu ni foûtenu ?

ARISTE. Il est évident qu'il tomberoit; puifque la caufe de la pefanteur le poufferoit en embas, fans que rien empêchât fa chûte; & dans fa chûte, il entraineroit le refte du corps felon votre premiére régle de pefanteur.

EUDOXE. Vous voyez fans doute dans ce principe, pourquoi dans la démarche des animaux à deux pieds, le corps panche & fe jette tantôt à droite, tantôt à gauche ?

ARISTE. C'eft afin que la ligne de direction paffant toûjours par un pied, tandis que l'autre eft en l'air, le centre de pefanteur, d'où part la ligne de direction, fe trouve appuyé fur ce pied. Si le centre n'étoit appuyé fur rien, il tomberoit, & porteroit avec lui par terre Tanimal à deux pieds, raifonnable, ou

non. Mais de grace, qu'eft ce, qui apprend aux petits oifeaux perchés fur un arbre la nuit, à ferrer la branche précifément d'un pied, à retirer l'autre pied fous leurs plumes, à porter de l'autre côté la tête à & la cacher fous une aîle pour dormir tranquillement?

EUDOXE. C'est la nature qui le leur apprend, afin que la ligne de direction paffe par le pied qui ferre la branche, & que le centre de pefanteur, portant fur ce pied, ne les inquiéte point, ne les oblige point d'interrompre leur fommeil, & de s'envoler pour éviter leur chûte.

ARISTE. C'eft donc auffi la nature, qui par des leçons fecrettes apprend aux porte-faix & aux boffus à fe courber en avant, lorfqu'ils ont un poids confidérable fur le dos; ou bien en arriére, quand ils portent le poids devant eux, comme les perfonnes de beaucoup d'embonpoint, ou les femmes enceintes.

EUDOXE. La nature leur fait fentir qu'il faut prendre cette fituation, pour que la ligne de direction paffe par les jambes, & que les jambes foutiennent le centre de pefanteur; fans quoi l'on verroit de frequentes chûtes plus dan gereufes que rifibles. Mais quand la poLiteffe incline la partie fupérieure du corps

& fait pancher la tête en avant › pourquoi la méchanique naturelle, auffi bien que la politeffe, avance-t-elle un pied?

ARISTE. Elle avance un pied par où la ligne de direction puiffe paffer, & qui foûtienne le centre de pefanteur, de crainte que par un exces de politeffe, on n'ail le donner du nez en terre, comme fait à coup fûr, faute d'appuy, quiconque ayant les deux pieds contre une muraille, effaye de ramaffer une épingle, ou de cueillir une fleur à fes pieds.

Néanmoins dans un animal à quatre picds, par ex. dans un cheval, qui va le galop, le centre de pefanteur qui fe trouve vers le milieu du ventre, femble porter fur rien, fur rien, & il ne tombe pas. Pourquoi ?

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EUDOXE. Dans le cheval qui galole centre de pefanteur porte, com me la diagonale folide où il fe trouve, fur deux jambes, fur la jambe droite de devant, & la jambe gauche de derrière; ou fur la jambe gauche de devant, & la jambe droite de derriere; puifque les unes & les autres portant toûjours à terre alternativement, foûtiennent la diagonale folide qui va d'une jambe droite, à une jambe gauche, & où répond le Centre de pefanteur,

Me diriez-vous avec la même facilité pourquoi les corps, dont la base eft plus grande, peuvent plus impunément demeurer panchés ?

ARISTE. C'est que tandis que la ligne de direction A, B, C, Fig. 27. paffe par la bafe C, D, E, le centre de pefanteur B, appuyé fur la bafe C, ne peut tomber; & tandis qu'il ne peut tomber, les parties F, G, qui l'environnent & qui font bien liées enfemble, & avec lui, lui demeurent fidélement attachées par la premiére Régle de la fanteur. (a)

,

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Dé-là, ces fameufes tours de Boulogne & de Pife, dont la cime panchée femble menacer ruine à tout moment, fubfiftent toûjours, & bravent les efforts de la pefanteur & du vent.

EUDOXE. Je m'en tiens à votre (a) L'Egypte fi célébre par le nombre & la grandeur de fes Pyramides, en voit encore, foit dans le defert, foit à 12. milles environ du grand Caire, une quarantaine élevées fur des bafes proportionnées. Gemelli qui monta jusqu'au haut de la plus grande, dit qu'elle a cinq cens vingt pieds de hauteur perpendiculaire fur cinq cens quatre-ving-deux de bafe. La Pyramide finit par une platte-forme de feize pieds & demi en quarré.

Gemelli, Tour du monde. Mémoires de Trev, #721. p. 336.

penséc

Fig.27.

A

F B

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