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& des cieux. Que feroit-ce, fi l'on pénétroit plus avant qu'on vît les refforts qui font paroître tant de merveilles? Mais c'eft là le privilége, & le plaifir propre des Phyficiens. Attentifs aux mouvemens & aux démar ches de la nature, ayant toûjours l'expérience & la raifon pour guides, ils font payés de leur attention par des lumières, qu'on croit quelquefois au-deffus de la portée de notre esprit, précitément, parce qu'on ne les a pas ou qu'on craint de les devoir aux refléxions d'autrui.

Les Phyficiens ne fçavent-ils point par quels principes la Méchanique furmonte en mille ma. niéres les efforts de la pefanteur ? Ne voient-ils pas ce qui détermine les eaux à jaillir, à s'élever quelquefois au-delà du niveau même de leur fource, pour al

ler arrofer & embellir les lieux les plus inacceffibles ; & faire des endroits les plus incultes, les féjours les plus charmants? L'optique nous montre les routes fecretes par où les rayons réfléchis ou détournés viennent nous offrir les plus belles couleurs, & caufer dans nos fens les douces illufions de la Perfpective. L'anatomie fixe notre vûë fur ce qu'il y a dans nous de plus intime; & au moment qu'elle nous expofe la ftructure intérieure de notre corps, elle nous donne la connoiffance de nous-mêmes; con-. noiffance, qui prolonge infenfiblement nos jours. Pour conferver la vie, la botanique est néceffaire. Auffi, la botanique non contentede nous révéler le fecret, dont la nature fe fert pour déveloper&perpétuer dans les plantes des fucs propres à nous met

ce,

tre en état de joüir long temps du plaifir qu'on goûte à confidérer le méchanisme, la naiffanles couleurs, l'éclat, & la varieté des plantes mêmes. S'agit-il de tirer des plantes ces fucs falutaires ? C'eft l'ouvrage de la Chimie. A la faveur de la Chimie, nous démélons le tiffu des particules les plus infenfibles. Egalement ingénieufe à décompofer les corps & à faire les mé. langes, tantôt elle verfe une liqueur fur une autre, & c'eft une flamme qui s'élance rapidement du milieu de deux liqueurs froides: tantôt ce font des branchages, des buiffons des arbrif feaux d'argent, qui croiffent à nos yeux. L'aftronomie éleve nos regards plus haut, pour nous apprendre ce qui fe paffe jufques dans les planettes les plus reculées ; pour découvrir dans des

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aftres nouveaux les longitudes & la distance des Pays divers, perfectionner la navigation, affurer le falut des navigateurs & nous enrichir des pierreries de l'Orient, & de l'or du Pérou.

Malgré tant de connoissances, plus utiles encore, qu'elles ne font curieuses, la Phyfique pourroit paffer pour une science oifive & ftérile, fi la connoiffance de la nature ne fervoit à nous faire connoître l'Auteur de la nature-même. Avant qu'il fe rendît vifible, il fut connu jufques dans le Paganisme ; de qui ? Des Philofophes. Le peuple avoit des yeux comme les Philofophes, pour voir le Ciel & la terre. Mais en cherchant la fource des effets fenfibles, dont le peuple n'étoit que fimple fpectateur, ils aperçurent bien mieux les profondeurs de la fageffe fu

prême, qui tira le monde du néant. fi la Physique fut affez lumineuse dans fa naiffance, pour faire difcerner au milieu de tant de tépébres, l'Auteur de l'Univers, si elle eût tant de force pour confondre l'Athéisme; que ne doit-elle pas faire de nos jours? On ne doute pas qu'elle ne foit beaucoup plus parfaite. Quelques fages de l'antiquité fe font laiffés éblouir à l'éclat de fa lumiére; peut-être quelques Philofophes modernes ont eu la même destinée. Mais ne faut-il pas s'en prendre plûtôt à la foiblefle de leur cœur, qu'à l'éclat de la lumiére, qui les éclairoit? Auffi la Phyfique eft-elle en honneur dans toutes les contrées de l'Eu

rope, où regne le goût des

fciences.

On trouvera peut-être quelque plaifir à voir la nature fe déve

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