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la follicitiez fans ceffe à fe confacrer dans ce Monaftere. Un mariage ne me délivreroit point de cette Rivale redoutable; un Voile qui la cache pour jamais à tout le monde, peut feul m'en débarraffer : voilà mon unique but. Avec un peu d'adreffe, nous la forcerons à ce que je veux. Nous profiterons du féjour de Roger à la Cour, pour perfuader à Alix qu'il eft infidéle. Alors fon dépit encore irrité par vos difcours, lui fera faire ce que je defire. Que je ferois heureufe Je n'aurois plus à craindre ni à trembler que Roger découvrit jamais la tromperie que je lui fais. Que dis-je! Roger, fans efpérance, chercheroit à fe diftraire de fa paffion, & fous l'apparence de le plaindre & de le confoler, je lui infpirerois pour la mere, la même tendreffe que lui avoit infpiré la fille. Ma

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dame de Rofoi, continua Mademoifelle de Rocheville, flattée de ces idées, donna fes ordres :: elle les fit exécuter avec tant de promptitude, & prit de fi fûres précautions pour fon voïage, craignant votre pere, que nous partimes deux jours après qu'elle eut appris que vous n'étiez plus à Rethel. Mademoifelle de Rofor n'a point entré dans Paris; fa. mere nous a d'abord amenées ici, où elle nous a laiffées, après y avoir refté deux jours pour mieux inftruire l'Abbesse.

!

Vous venez de m'apprendre mes malheurs, dis-je à M de Rocheville; mais n'avez-vous rien à me dire pour les adoucir ? Que fait Alix? Que penfe-t'elle ? Que ditelle Ne fait-elle point d'injufti ce à ma tendreffe Me plaint-elle enfin Pouvez-vous le demander, me répondit-elle ? Pouvez

vous douter qu'elle ne foit enco re plus à plaindre que vous? Jugez de fa douleur ; il eft des momens où elle eft fans nul efpoir de jamais unir fon fort au vôtre; après avoir été quelquefois plongée dans une profonde rêverie, elle s'écrie: Ah: cher Comte, je ne ferai donc jamais à vous! Votre pere eft irrité contre moi; ma réfiftance, quoique jufte, l'a offenfé; il s'en vangera; j'en ferai la victime. Oui, ma chere amie, me dit-elle toute en pleurs, Thibault de Rethel, malgré la parole qu'il vous a donnée, disposera de ce fils refpectueux... Peutelle le penfer, m'écriai-je: Peutelle croire que je renonce jamais à elle! Mon pere le voudroit en vain Mademoiselle de Rofoi, me repliqua-t'elle, ne peut comprendre qu'on ofe s'opposer à la volonté de ceux qui nous ont

donné le jour. Mais, Comte, ajouta-t'elle, il faut que

Mada

me de Rofoi tombe elle-même dans l'erreur où elle veut jetter fa fille il faut ; que le fuccès qu'elle en attend, tourne contre elle: oui; il faut qu'elle vous croïe hors des chaînes de Mademoiselle de Rofoi, & de plus, engagé dans de nouvelles. Cherchez à la Cour ce qui feroit le plus digne de vous, fi vous étiez libre d'y faire un choix, & paroiffez vous y attacher. Mademoiselle de Rofoi a d'abord montré une forte répugnance pour ce ftratagême elle en a fenti tout le danger. Quelle injufte & obligeante crainte, m'écriai-je ! Hé bien! cherchons un autre moïen! Non, reprit Mademoiselle de Rocheville; la timide & tendre Alix eft raffurée, elle compte votre conftance: ce n'eft ce n'est pas

fur

tout, voïez quelquefois Madame de Rofoi, mais fans empreffement; fur tout, paroiffez tranquile au fujet de fa fille; défendez-vous mal, fi elle vous montre des foupçons ; fr elle vous preffe, convenez avec un air embaraffe de votre changement. Je ne tarderai pas à être inftruite de l'effet que produira votre ftratagême; alors nous prendrons de nouvelles mefures. Allez, mon cher Comte, retournez à Paris, & ne vous montrez jamais iċi, que je ne vous envoie chercher. Ma fœur, qui m'a confié la clef de cette porte, par où je fuis fortie, m'a donné la facilité de vous voir; mais je lui fais courir trop. derifque, & j'en cours trop moimême, pour en abufer. Quoi ! lui dis-je, je ne verrai point Mademoiselle de Rofoi? Non, me répondit-elle; elle eft obfervée

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