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feroit indiqué. Plufieurs autres perfonnes de diftinction crûrent que Philippe ne leur feroit pas un crime d'aller, fans fon aveu, voir par eux-mêmes, l'éxécution d'un projet fi fingulier: ainfi, fous des prétextes apparens, ils s'abfenterent de la Cour, & fe rendirent en Bourgogne. Le Roi ne l'ignora pas; mais quand ils furent de retour, il ne leur donna aucun lieu de croire qu'il fût informé des vraies raifons de leur abfence: il évita même de leur faire la moindre queftion fur ce qu'ils avoient vû; & il n'interrogea jamais à ce fujet, que les quatre Seigneurs qu'il y

avoit envoiez.

Le Comte de Rethel, & le Sire de Couci furent reçûs du Duc de Bourgogne avec de grandes marques d'eftime & de confidération: il fçavoit leur haute

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naiffance, & la Renommée l'avoit inftruit de leur mérite. Hugues qui fe connoiffoit en hommes, trouva qu'ils étoient dignes de leur réputation. Les folides & brillantes qualitez de l'un & de l'autre, l'engagerent à leur accorder une amitié marquée, malgré fa politique, qui le rendoit retenu dans fes accueils, aux Etrangers que la curiofité attiroit à la Cour.

Le Comte des Barres Grand Sénéchal du Roi, dignité Militaire & éminente en ce temslà, & le Maréchal du Mez ne se rendirent à Dijon que deux jours avant l'ouverture du Camp. Le Comte de Rethel & le Sire de Couci les préfenterent au Duc de Bourgogne. Ce Prince monta le lendemain à cheval, accompagné des Seigneurs Bourguignons & François, qui fem

bloient tous fe difputer de magnificence. Ce fut au milieu de ce fuperbe Cortége que le Duc voulut aller à la rencontre des différentes Troupes, dont les Chefs avoient reçû fes ordres pour le rendez-vous général : elles parurent enfin dans le coup d'œil le plus avantageux. Hugues s'apperçut avec plaifir de l'étonnement des Seigneurs François. La taille avantageufe des hommes, leur parure martiale, la beauté de leurs chevaux ; l'adreffe avec laquelle ils s'en fervoient malgré la pefanteur de leurs armes ; les pelotons d'Infanterie, armez à la légere, qui rempliffoient les intervalles des Compagnies d'Ordonnance; tout enfin devenoit un objet d'admiration, & marquoit le génie d'une nation audacieufe & guerriere.

Ces Troupes aïant défilé devant le Duc entrerent dans l'enceinte du Camp: fa forme étoit un carré long; il étoit fermé par des tranchées affez profondes, avec des barrieres en dehors & en dedans : on y entroit par trois faces. Le terrain où il étoit placé, avoit une pente prefque infenfible: la partie fupérieure du côté de Dijon, étoit occupée par les magnifiques Tentes du Duc de Bourgogne & des Dames de fa Cour, & par celles qui étoient deftinées aux Seigneurs Etrangers. Ces fuperbes Tentes dominoient fur les autres par l'avantage de la fituation, & toutes enfemble, clles formoient une efpéce d'Amphitéatre. On diftinguoit enfuite le Quartier de chaque Seigneur Bourguignon, par leurs Bannieres, placées au haut de la

Tente principale, qu'on remarquoit dans le centre de cellesqui en dépendoient.

A une distance affez grande, pour ne caufer aucune confufion, le Duc avoit fait préparer le lieu deftiné aux Tournois & aux Caroufels. On y entroit par une feule porte, faite en Arc de Triomphe. L'Amphithéatre où devoient fe placer le Souverain, les Dames, & les perfonnes prépofées pour juger du mérite des Chevaliers, étoit décoré avec autant d'art que de fomptuofité.

Le lendemain de l'arrivée des Troupes, le Duc monta à cheval pour fe rendre au Champ des Tournois: il étoit accompagné des Seigneurs de Beaufremont, de Vienne, de Fajel & de Vergi, qui s'étoient déclarez les Tenans. Hugues leur

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