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cine des crins & de la queue avec une éponge en continuant de les peigner. Si la queue eft fale il faut la tremper dans un fceau d'eau, en levant le fceau d'eau jufqu'au tronçon, & frotter enfuite la queue avec les deux mains. On fe fert auffi de favon noir pour la décraffer. Il faut enfuite avec une épouffette feche effuyer le haut de la queue, la croupe, les feffes, les crins, l'encolure & la tête, afin d'unir le poil.

Pour entretenir le poil uni & conferver la chaleur naturelle, il faut toujours tenir un Cheval couvert à l'écurie, & prendre garde de trop ferrer le furfaix, ce qui empêcheroit la refpiration. Les Anglois font doubler la couverture de leurs Chevaux avec une toile fine: cela contribue beaucoup à leur tenir le poil uni.

ARTICLE III.

De la maniere de gouverner un Cheval en voyage.

il

Po OUR maintenir un Cheval fain en voyage, faut quelques jours avant que de partir, le faire promener deux ou trois heures par jour, pour le préparer & le mettre en haleine. Il faut auffi voir s'il ne manque rien à la felle, à la bride, & s'il est bien ferré à fon aife.

Les premiers jours, on ne doit pas lui faire faire beaucoup de chemin, ni lui donner trop d'avoine, afin de ne le point dégoûter; mais quand il eft en haleine, on peut faire de plus grandes journées, & augmenter auffi la nourriture.

Ceux qui conduifent un équipage, c'est-à-dire, plufieurs Chevaux, font 7 à 8 lieues tout d'une

traite fans débrider, parce que les Chevaux ont le temps de fe repofer jufqu'au lendemain.

Quand on approche de l'Hôtellerie, il faut marcher plus doucement, afin qu'un Cheval ne foit pas échauffé en arrivant.

Sitôt qu'un Cavalier eft defcendu de Cheval, il doit lui défaire la gourmette, la paffer dans la bouche par-deffous le mors, & l'attacher au crochet: cela fait l'effet du maftigadour, empêche le Cheval de fe débrider, & lui donne de l'appétit. Il faut auffi lâcher les fangles, défaire la croupiere & le poitrail. Enfuite on lui lave les pieds & les jambes jufqu'au - deffus du genoux & des jarrêts, & ne point lui laver le ventre: car outre les tranchées auxquelles cela l'expoferoit, il pourroit devenir encordé, fi c'eft un Cheval entier, c'est-à-dire, qu'un des tefticules entreroit entiérement dans le corps, maladie mortelle, commune en Italie, mais rare & prefque

inconnue en France.

La méthode de laver les jambes avec de l'eau froide eft excellente, car fi on les frotte au lieu de les laver, les humeurs émues par le travail tombent & fe fixent fur les jambes, les rendent roides, & empêchent le cours des efprits, qui font la caufe du mouvement; l eau froide au contraire empêche la chûte de ces humeurs, & conferve les jambes faines.

Quand un Cheval a bien chaud, foit pour l'avoir couru, ou à caufe de la faifon, la meilleure de toutes les méthodes, eft de le débrider & le deffeller d'abord, de lui mettre le maftigadour de lui abattre l'eau avec un couteau de chaleur, de lui effuyer enfuite la tête autour des oreilles

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avec une épouffette, & de lui en faire autant entre les jambes de devant & les cuiffes; de lui laver & nétoyer les yeux, le nez, le dedans des nazeaux, les levres, la barbe & le fondement avec une éponge trempée dans de l'eau nette : cette propreté fait un grand bien à un Cheval parce qu'ordinairement ces parties se trouvent chargées de pouffiere mêlée avec la fueur. Enfuite il faut lui étendre de la paille fraîche fur le corps, & mettre la couverture par-deffus pour le faire fécher plus vite; lui laver les jambes comme nous l'avons expliqué ci-devant, & lui jetter de la paille fraîche fous le ventre pour l'obliger à uriner, ce qui délaffe un Cheval. Il faut enfuite ôter avec un cure-pied la terre qui eft dans les pieds, & voir s'il ne manque rien aux fers.

Quand un Cheval fe couche fitôt qu'il est arrivé, c'est figne qu'il reffent de la douleur aux pieds, foit pour les avoir naturellement foibles & douloureux, ou que le fer le bleffe. Si le pied eft chaud, il faut le déferrer, voir fi le fer ne porte pas fur la fole, ce que l'on connoît lorsqu'il eft plus poli en cet endroit, en ce cas on lui pare le pied afin qu'il puiffe marcher plus à fon aife.

Pour nourrir le pied d'un Cheval, foit en voyage, foit en féjour, il faut de trois jours l'un lui graiffer les pieds de devant avec de l'onguent de pied. Cet onguent eft décrit dans la troifieme Partie.

Il eft effentiel après avoir débridé un Cheval, de laver la bride, & de l'effuyer enfuite cela la conferve propre & empêche la craffe de s'attacher au mors, ce qui dégouteroit le Cheval. On regarde auffi fi les panneaux de la felle ne font point pleins de fueur, & alors on les fait

fécher au foleil ou au feu; & avant que de feller le Cheval, il faut les battre avec une gaule: cela empêche la felle de fouler le Cheval.

Jufqu'à ce qu'un Cheval foit tout-à-fait fec, on ne doit pas s'avifer de lui donner à boire: rien n'eft fi dangereux, & il faut avant que de le faire boire, lui donner du foin.

Comme les pieds ont contume d'enfler après une grande fatigue, quand on est de retour, on defferre les talons, en ôtant deux clous à chaque pied de devant; on les fait tremper dans la fiente mouillée pendant un ou deux jours, enfuite on leur pare les pieds.

Si c'est en été, & qu'on ait la commodité d'une riviere, il faut mener le Cheval à l'eau matin & foir, & l'y laiffer une demi-heure chaque fois jufqu'aux genoux & aux jarrêts: rien ne raccommode mieux les jambes des Chevaux.

Fin de la Premiere Partie.

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