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Par le mouvement des Oreilles, on juge du naturel d'un Cheval. Ceux qui font coleres & malins, portent une Oreille en avant, & l'autre couchée en arriere, & continuent ce mouvement alternativement. Comme cette partie eft le fiege de l'ouie, un Cheval porte les Oreilles du côté où il fe fait du bruit. Si on le frappe fur la croupe, il tourne les Oreilles vers le dos ; & s'il eft effrayé de quelque objet par devant, il les porte en avant, & baiffe les pointes. Si le bruit fe fait à côté de lui, il tourne l'Oreille de ce côté. Mais le plus beau port d'Oreilles, & la fituation la plus belle & la plus noble, c'est d'avoir, en marchant, les pointes des Oreilles hautes & en avant; ce qui forme, comme nous venons de dire, l'oreille hardie, parce qu'alors le Cheval regarde fierement ce qui fe préfente à lui.

Du Front.

La beauté du Front d'un Cheval, c'eft d'être un peu étroit & uni; en forte qu'il ne foit ni trop avancé, ni trop enfoncé. Les têtes qui ont le bas du Front un peu avancé, s'appellent Têtes bufquées ou moutonnées, comme le font celles de la plupart des Chevaux Anglois, des Barbes, & de ceux nés dans les Pays orientaux, & auffi de ceux de leur race.

Un défaut effentiel contre la grace, c'est lorfque le Cheval a le Front bas & enfoncé ; on appelle ces Chevaux Camus.

Une marque, qui embellit beaucoup la tête du Cheval, & qui lui donne de la grace, c'eft lorfqu'il a au milieu du Front une étoile ou pelote blanche: cela doit s'entendre des Chevaux noirs, bais, alzans, ou qui ont un poil tirant fur le brun.

Prefque tous les Chevaux ont encore au milieu du Front un épi où molette; c'est le nom qu'on donne au retour de poil, qui, au lieu d'être couché, comme il l'eff par-tout le corps, remonte d'un fens oppofé. Il s'en trouve de femblables aux flancs, au poitrail, & en d'autres endroits.

Des Salieres.

LA feule belle qualité que doivent avoir les Sa lieres, c'est d'être pleines, & même un peu élevées. Lorfqu'elles font enfoncées & creufes, c'eft le défaut des vieux Chevaux ; il fe trouve pourtant quelques jeunes Chevaux qui ont cette imperfection; mais par ce figne, on connoît qu'ils font engendrés de vieux Etalons.

Des Yeux.

La plus belle partie de la tête du Cheval, c'est l'Eil. Cette partie eft auffi difficile que néceffaire

à connoître.

L'Eil doit être clair, vif & effronté, ni trop gros, ni trop petit, placé à fleur & non hors de tête. Un Cheval qui a de gros Yeux fortans de la tête, a ordinairement l'air morne & ftupide; & ceux qui les ont trop petits & enfoncés, (on les appelle Yeux de cochon) ont le regard trifte & fouvent la vue mauvaise.

Telles font les remarques générales que l'on doit faire d'abord fur les Yeux; enfuite de quoi, il est néceffaire de les examiner plus en détail : & pour en faire l'examen rigoureux, & en juger fainement, il faut, fi le Cheval eft dans un lieu obfcur, le faire conduire dans un lieu clair, & là, lui regarder les Yeux l'un après l'autre, de côté &

non vis-à-vis. Il ne faut pas non plus les regarder au foleil; au contraire, il faut mettre la main audeffus de l'Eil, pour rabattre le grand jour, & empêcher la réflexion.

Les deux parties de l'il les plus effentielles à connoître, & qu'il faut examiner avec le plus de foin, font la vitre & la prunelle.

La vitre eft la partie extérieure de l'Œil, & la prunelle la partie interne, ou le fond de l'Œil.

C'eft de l'exacte confidération de la vitre, que dépend la parfaite connoiffance de l'Eil. Elle doit être claire & tranfparente; en forte qu'on puiffe voir la prunelle fans aucun empêchement. Lorfque cette partie eft trouble & couverte, c'eft figne que le Cheval eft lunatique, c'est-à-dire, qu'il lui furvient des fluxions de tems à autre fur l'Œil; & lorfque la fluxion à endommagé un Eil, il devient plus petit que l'autre, alors il eft perdu fans reffource, puifqu'il fe deffeche. Quelquefois un Eil paroît plus petit que l'autre, parce que par quelqu'accident la paupiere a été fendue, & qu'en fe rejoignant elle refte plus ferrée. Mais il eft rare que cela arrive, & il eft aifé de ne s'y pas tromper, en examinant fi l'Eil n'eft ni trouble ni brun.

Lorfqu'un Cheval jette la gourme, ou change les dents de lait, ou pouffe les crochets d'en haur; il arrive fouvent que la vue lui devient auffi trouble, que s'il étoit borgne ou aveugle; mais lorqu'il eft guéri, fa vue s'éclaircit. Quelquefois auffi par ces accidens, un Cheval perd entiérement la vue. La prunelle, qui eft la feconde partie de l'Eil, doit être grande & large, il faut qu'on puiffe l'appercevoir diftinctement.

Il vient quelquefois au fond de l'Eil une tache

blanche, qu'on appelle Dragon, qui, quoique trèspetite dans le commencement, couvre, avec le tems, la prunelle, & rend le Cheval borgne, fans qu'on y puiffe apporter aucun remede.

Un autre défaut, qu'on appelle il cul de verre, c'est lorfque la prunelle eft d'un blanc verdâtre & transparent. Quoiqu'un Cheval ne foit pas toujours borgne avec ce défaut, il court grand rifque de le devenir. Lorsqu'il y a plus de blanc que de verdâtre, on l'appelle il veron: il donne au Cheval un air méchant & traître.

Nous ne ferons point ici un plus grand détail des accidens qui arrivent aux Yeux ni aux autres parties dont nous allons décrire les défauts, parce qu'on fe réferve d'en parler plus amplement, dans la troifieme Partie de cet Ouvrage, qui traite des maladies.

De la Ganache.

Les deux os, qui compofent la Ganache, doivent être peu charnus à l'extérieur, c'eft-à-dire, à chaque côté de la mâchoire inférieure, & l'entre-deux, qui eft la partie qui touche au gofier que quelques Ecuyers appellent la Braye, & quelques Maquignons, l'Auget, doit être bien ouvert & bien évidé, afin que le Cheval ait la facilité de bien placer fa tête.

La Ganache quarrée eft une difformité, qui provient de ce que les deux os, qui la forment, font trop gros, trop ronds, ou trop chargés de chair: fi, avec cela, ils font ferrés l'un près de l'autre, en forte qu'il n'y ait point affez de vuide & d'efpace, pour que le Cheval puiffe loger fa tête, il aura beaucoup de peine à fe ramener; à moins qu'il

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n'ait l'encolure fort longue, peu épaiffe & relevée.

Lorfque l'entre-deux des os de la Ganache n'est pas bien évidé, & qu'on y trouve quelque groffeur ou glande, c'eft ordinairement un figne de gourme, quand le Cheval n'a pas paffé fix ans ; mais s'il a paffé fept ans, & que la glande foit douloureufe, & attachée à l'un des os de la Ganache, c'eft prefque toujours un figne de morve. On trouve, quelquefois, dans cette partie, plufieurs petites groffeurs, qui font une fuite de rhume ou morfondement, mais elles ne font point dangereufes; un travail médiocre les diffipe.

De la Bouche & de fes Parties extérieures.

L'OUVERTURE ou plutôt la fente de la Bouche doit être proportionnée à la longueur de la tête, enforte qu'elle ne foit ni trop fendue, ni trop petite. Quand la Bouche eft trop fendue, le mors va trop avant dans la Bouche, du côté des dents mâchelieres; ce qu'on appelle boire la bride: & lorfqu'elle n'eft pas affez fendue, le mors ne peut porter en fon lieu, fans faire froncer les levres.

Ce qu'on entend par une belle Bouche, c'eft lorfque le Cheval étant bridé, elle devient fraîche & pleine d'écume, c'est une qualité qui dénote un bon tempérament. On dit, d'un tel Cheval, qu'il goûte bien fon mors.

Des Levres.

IL faut que les Levres foient peu épaiffes & menues à proportion de la bouche. Quand elles font trop groffes & trop charnues, elles couvrent les barres, & empêchent l'effet du mors. C'eft ce qu'on appelle s'armer de la Levre.

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