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moins rudes. La méthode de trotter cinq ou fix mois fans étriers, eft encore excellente; parlà néceffairement les jambes tombent près du Cheval, & un Cavalier prend de l'affiette & de l'équilibre. Une erreur dans laquelle on tombe trop ordinairement, c'eft de donner des fauteurs aux Commençans, avant qu'ils aient attrappé au trot cet équilibre, qui eft au - deffus de la force des jarrets, pour le bien tenir à Cheval. Ceux qui ont l'ambition de monter trop tôt des fauteurs prennent la mauvaise habitude de fe tenir avec les talons; & au fortir de l'Académie ils ne laiffent pas, avec leur prétendue fermeté, de fe trouver très-embarraffes fur de jeunes Chevaux. C'est en allant par degrés, qu'on acquiert cette fermeté qui doit venir de l'équilibre, & non de ces jarrêts de fer, qu'il faut laiffer aux caffecous des Maquignons. Il faut pourtant dans de certaines occafions fe fervir de ces jarrets, & même vigoureufement, fur-tout dans des contre-temps qui font fi rudes & fi fubits, qu'on ne peut s'empêcher de perdre fon affiette, mais il faut fe remette en felle, & fe relâcher d'abord après la bourafque, autrement le Cheval recommenceroit à fe défendre de plus belle.

Dans une Ecole bien réglée, on devroit, après le trot, mettre un Cavalier au piafer dans les piliers, il apprendroit dans cette occafion, qui eft très- aifée, à fe tenir de bonne grace. Après le piafer, il faudroit un Cheval qui allât à demicourbette, enfuite un à courbette, un autre à balotade ou à croupade, & enfin un à capriole. Infenfiblement, & fans s'en appercevoir, un Cavalier prendroit avec le temps la maniere de fe

tenir ferme & droit, fans être roide ni gêné, deviendroit libre & aifé fans molleffe ni nonchalance, & fur-tout il ne feroit jamais panché, ce qui eft le plus grand de tous les défauts, parce que les Chevaux fenfibles vont bien ou mal, fuivant que le contre poids du corps eft réguliérement obfer

vé ou non.

CHAPITRE

VII.

De la main de la bride, & de fes effets. Les mouvemens de la main de la bride fervent

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à avertir le Cheval, de la volonté du Cavalier & l'action que produit la bride dans la bouche du Cheval, eft l'effet des différens mouvemens de la main. Comme nous avons donné dans la premiere Partie de cet Ouvrage, l'explication des parties. qui compofent la bride, & la maniere de l'ordonner, fuivant la différence des bouches, nous n'en parlerons point ici.

M. de la Broue, & après lui, M. de Newcastle, difent que pour avoir la main bonne, il faut qu'elle foit légere, douce & ferme. Cette perfection ne vient pas feulement de l'action de la main, mais encore de l'affiette du Cavalier; lorfque le corps eft ébranlé, ou en défordre, la main fort de la fituation où elle doit être, & le Cavalier n'est plus occupé qu'à fe tenir: il faut encore que les jambes s'accordent avec la main, autrement l'effet de la main ne feroit jamais jufte;

cela s'appelle en termes de l'Art, accorder la main & les talons, ce qui eft la perfection de toutes les aides.

La main doit tonjours commencer le premier effet, & les jambes doivent accompagner ce mouvement: car c'eft un principe général, que dans toutes les allures, tant naturelles qu'artificielles, la tête & les épaules du Cheval doivent marcher les premieres; & comme le Cheval a quatie principales allures, qui font, aller en avant, aller en arriere, aller à droite, & aller à gauche, la main de la bride doit aufsi produire quatre effets, qui font, rendre la main, foutenir la main, tourner la main à droite, & tourner la main à gauche.

Le premier effet, qui eft de rendre la main pour aller en avant, eft un mouvement qui fe fait en baiffant la main, & en la tournant un peu les ongles en deffous: la feconde action qui est, de foutenir la main, fe fait en approchant la main de l'eftomach, & en la levant les ongles un peu en haut cette derniere aide eft pour arrêter un Cheval, ou marquer un demi- arrêt, ou bien pour le reculer: il ne faut pas dans cette action, pefer trop fur les étriers, & il faut en marquant le temps de la main, mettre les épaules un peu en arriere, afin que le Cheval arrête ou recule fur les hanches. Le troifieme effet de la main, eft de tourner à droite, en portant la main de ce côté, ayant les ongles un peu en haut, afin que la rêne de dehors, qui eft la rêne gauche, laquelle doit faire action, puiffe agir plus promptement. Le quatrieme effet eft de tourner à gauche, en y portant la main,

tournant

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tournant un peu les ongles en deffous, afin de faire agir la rêne du dehors , qui est la rêne droite à

cette main.

Suivant ce que nous venons de dire, il eft aifé de remarquer qu'un Cheval obéiffant à la main eft celui qui la fuit dans tous fes mouvemens, & que fur l'effet de la main, eft fondé celui des rênes, qui font agir l'embouchure.

Il y a trois manieres de tenir les rênes; féparées dans les deux mains; égales dans la main gauche; où l'une plus courte que l'autre, fuivant la main où l'on travaille un Cheval.

On appelle, rênes féparées, lorfqu'on tient la rêne droite dans la main droite, & la rène gauche dans la main gauche.

On fe fert des rênes féparées pour les Chevaux, qui ne font point encore accoutumés à obéir à la main de la bride; on s'en fert auffi pour les Chevaux qui fe défendent, & qui refufent de tourner à une main.

Pour bien fe fervir des rênes féparées, il faut baiffer la main gauche, lorfqu'on tire la rêne droite, pour tourner à droite; & de même en tirant la rêne gauche pour faire tourner un Cheval à gauche, il faut baiffer la rêne droite autrement le Cheval ne fçauroit à quelle rêne obéir, fi on ne baiffoit pas celle qui eft oppofée à la main

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où on le veut tourner.

Les rênes égales dans la main gauche, fervent mener un Cheval obéiffant à la main de la bride , tant pour les Chevaux de campagne, que pour ceux de chaffe & de guerre ; mais lorsqu'on travaille un Cheval dans un manege, pour le dref fer & lui donner leçon, il faut que la rêne de

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dedans foit un peu raccourcie dans la main de la bride, afin de lui placer la tête du côté qu'il va : car un Cheval qui n'eft point plié, n'a point de grace dans un manege; mais la rêne de dedans ne doit point être trop raccourcie ; cela donneroitun faux appui, & il faut tonjours fentir dans la main de la bride, l'effet des deux rênes. Le plus difficile eft de plier un Cheval à droite, nonfeulement parce que la plupart des Chevaux font naturellement plus roides à cette main, qu'à gauche, mais cette difficulté vient encore de la fituation des rênes dans la main gauche: comme elles doivent être féparées par le petit doigt, il fe trouve que la rêne gauche, qui eft par-deffous le petit doigt, agit plus que la rêne droite, qui eft par def fus; enforte que lorfqu'on travaille un Cheval à droite, il ne fuffit pas d'accourcir la rêne droite pour le plier, on eft fouvent obligé de fe fervir de la rêne droite, en la tirant avec le petit doigt de la main droite, qui fait la fonction du petit doigt de la main gauche, lorfqu'on travaille à gauche. Il y a très-peu de perfonnes qui fçachent bien fe fervir de la rêne droite: la plupart baiffent la main gauche en la tirant, & alors ils ne tirent que le bout du nez du Cheval, parce que la rêne de dehors n'en foutient pas l'action: il faut donc, lorfqu'on tire la rêne droite pour plier un Cheval à droite, que le fentiment de la rêne de dehors refte dans la main gauche, afin que le pli vienne du garot, & non du bout du nez, qui eft une vilaine action.

Il n'en eft pas de même pour la main gauche. La fituation de la rêne de dedans, qui eft audeffous du petit doigt, donne beaucoup de faci

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