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lent Piffadores; mais ils donnent à leurs Chevaux une allure incommode & dégingandée, parce qu'ils ne leur affoupliffent point les épaules, & ne leur font point connoître les talons, ce qui eft caufe qu'ils ne manient que du bras, n'ont point l'appui de la bouche ferme & léger, & qu'ils ne font point dans la balance des talons, & par conféquent dans la parfaite obéiffance pour la main & les jambes, ce qui eft la perfection de l'air du piafer,

APR

CHAPITRE XIV.

Du Paffage.

PRÈS avoir donné à un Cheval la premiere foupleffe par le moyen du trot d'une pifte, fur la ligne droite & fur les cercles, l'avoir arondi, & lui avoir appris à paffer fes jambes dans la posture circulaire de l'épaule en dedans, l'avoir rendu obéiffant aux talons la croupe au mur, & raffemblé au piafer dans les piliers, lefquelles leçons renferment la foupleffe & l'obéiffance, qui font, comme nous l'avons dit, les deux premieres qualités qu'on doit donner à un Cheval pour le dreffer; après cela, dis-je, il faut fonger à l'ajufter, c'eftà-dire, le régler & le faire manier jufte dans l'air, où fa difpofition permettra qu'on le mette.

Le paffage eft la premiere allure qui regarde la jufteffe. Nous en avons donné la définition dans le Chapitre des Allures artificielles, & nous avons

210.

Parroca inv.

Le Passage.

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dit que c'est un trot ou un pas racourci, mefuré & cadencé; que dans ce mouvement le Cheval doit foutenir les jambes qui font en l'air, l'une devant l'autre derriere, croifées & oppofées comme au trot, mais beaucoup plus racourci, plus foutenu & plus écouté que le trot ordinaire & qu'il ne doit pas avancer ni pofer la jambe qui eft en l'air, plus d'un pied au delà de celle qui eft à terre, à chaque pas qu'il fait. Cette allure qui rend un Cheval patient & lui fortifie la mémoire, est très - noble, & fait beaucoup paroître un Officier un jour de revue ou de parade. L'action du Cheval au paffage eft la même qu'au piafer, enforte que pour avoir une idée jufte de l'un & de l'autre, il faut regarder le piafer comme un paffage dans une place fans avancer ni reculer, & le paffage eft, pour ainfi dire, un piafer, dans lequel le Cheval avance environ d'un pied à chaque mouvement. Dans le piafer, le genou de la jambe de devant qui eft en l'air, doit être de niveau avec le coude de la même jambe, laquelle jambe doit être pliée de maniere que la pince du pied fe leve à la hauteur du milieu du genou de la jambe qui pofe à terre celle de derriere ne doit pas fe lever fi haut, autrement le Cheval ne feroit pas fur les hanches, mais feulement la pince du pied qui eft en l'air à la hauteur du milieu du canon de l'autre jambe. A l'égard du paffage, comme le mouvement eft plus avancé que celui du piafer, la jambe de devant ne doit pas fe lever fi haut mais feulement la pince du pied qui eft en l'air à la hauteur du milieu du canon de la jambe qui pofe à terre, & celle de derriere un peu au-deffus du boulet de l'autre jambe.

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Il y a plufieurs chofes à obferver dans le paffage, fçavoir, la pofture dans laquelle doit être un Cheval lorfqu'il paffage, foit d'une pilte, foit de deux piftes, la cadence ou la mesure dans laquelle il doit paffager, & les aides du Cavalier pour l'ajuster à cet air.

Les plus habiles Ecuyers conviennent qu'une des principales chofes qui met un Cheval dans une belle attitude, c'est le beau pli qu'on lui donne en maniant, mais ce beau pli eft expliqué différemment par les habiles Maîtres de l'Art. Les uns veulent qu'un Cheval foit fimplement plié en arc, qui n'eft qu'un demi-pli, dans lequel le Cheval regarde feulement d'un œil dans la volte, les autres veulent qu'il faffe le demicercle, c'est-à-dire, qu'il regarde prefque des deux yeux en dedans de la ligne. Il faut convenir que dans l'un & dans l'autre pli, le Cheval a de la grace; mais, felon moi, le pli en arc, qui n'eft qu'un demi-pli, ne contraint pas tant un Cheval, & le tient plus relevé du devant que dans celui où il eft plus plié ; & dans cette derniere pofture, la plupart des Chevaux font encapuchonnés, c'est-à-dire, baiffent trop le nez & courbent l'encolure.

Ceux qui admettent le demi-pli menent leurs Chevaux droits d'épaules & de hanches, ou tiennent feulement une demi-hanche dedans, & ceux qui veulent un plus grand pli, tiennent les hanches autant en dedans que la tête, ce qui forme un demi-cercle de la tête à la queue, & c'eft ce qu'on appelle les deux bouts dedans. Cette attitude fait paroître le Cheval plus fur les hanches parce qu'il eft plus étréci du derriere.

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