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pleffe, dans l'obéiffance & dans la jufteffe qu'on tire des vrais principes de l'Art; autrement l'Ecole feroit toujours confufe, & l'égalité de mefure que doit avoir chaque air relevé, feroit interrompue; & c'eft une perfection qu'il ne faut pas né gliger.

ARTICLE

Des Caprioles.

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LA Capriole eft, comme nous l'avons dit en définiffant cet air, le plus élevé & le plus parfait de tous les fauts. Lorfque le Cheval eft en l'air. également élevé du devant & du derriere, il détache la ruade vivement, les jambes de derriere dans ce moment, font l'une près de l'autre, & il les alonge auffi loin qui lui eft poffible de les étendre; les pieds de derriere dans cette action, se levent à la hauteur de la croupe, & fouvent les jarrets craquent par la fubite violente extenfion de cette partie. Le terme de Capriole, eft une expreffion Italienne, que les Ecuyers Napolitains ont donnée à cet air, à caufe de la reffemblance qu'il a avec le faut du Chevreuil, nommé en Italien, Caprio.

Un Cheval qu'on deftine aux caprioles, doit être nerveux, léger, & de bon appui ; avoir la bouche excellente, les jambes & les jarrets larges & nerveux, les pieds parfaitement bons, & propres à foutenir cet air; car fi la nature ne la formé difpos & léger, c'eft en vain qu'on le travaillera; il n'aura jamais l'agrément ni l'agilité qui font un bon fauteur.

Afin qu'une capriole foit dans fa perfection, le Cheval doit lever le devant & le derriere d'égale

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hauteur, c'est-à-dire, qu'il faut qu'au haut de fon faut, la croupe & le garot foient de niveau, la tête droite & affurée, les bras également pliés, & qu'à chaque faut le Cheval n'avance pas plus d'un pied de distance. Il y en a qui, en fautant à caprioles, retombent des quatre pieds enfemble fur la même place, & fe relevent de la même force & de la même cadence, en continuant au¬ tant que leur vigueur leur permet: ce manége eft très-rare & ne dure pas long-tems. Il s'appel le, Saut d'un tems, ou de Ferme-à-ferme.

Pour dreffer un Cheval à caprioles, lorsqu'on Jui trouve les qualités & la difpofition que nous venons d'expliquer, il faut, après l'avoir affoupli l'épaule en dedans, & lui avoir donné la connoiffance des talons au paffage & au galop, le faire enfuite lever à pefades dans les piliers, & qu'elles fe faffent lentement dans les commencemens & fort hautes du devant, afin qu'il ait le tems d'ajufter fes pieds & qu'il leve fans colere. Lorfqu'ik fçait fe lever facilement, & haut du devant, en pliant bien les bras, il faut lui apprendre à détacher la ruade par le moyen de la chambriere, & prendre le tems pour l'appliquer, que le devant foit en l'air & prêt à retomber; car fi on lui en donnoit dans le tems qu'il s'éléve, il feroit une pointe & fe roidiroit fur les jarrets. Quand il fçaura détacher vigoureufement la ruade, le devant en l'air, ce qui forme la capriole, il faut peu-àpeu diminuer le nombre des pefades & augmenter celui des caprioles, & ceffer de le faire fauter, l'orfqu'on s'apperçoit qu'il commence à fe affer, car fon courage étant abattu, fes forces feroient défunies, & fes fauts ne feroient plus que des contre-tems & des défenfes.

Lorfqu'il fera obéiffant à ce manege dans les piliers, on le paffagera en liberté, & on lui dérobera quelques tems de fon air fur la ligne droite, en l'aidant de la gaule fur l'épaule, lorfque le devant commence à s'abaiffer, & non quand il fe leve, ce qui l'empêcheroient d'accompagner de la croupe. Quand on fe fert du poinçon, il faut obferver la même chofe, c'est-à-dire, l'appuyer fur le milieu de la croupe, lorfque le Cheval eft prêt à retomber du devant, par la même raifon. Al'égard des jambes du Cavalier; elles ne doivent point être froides ni trop tendues, mais aifées & près du Cheval. Lorfque le Cheval se retient, faut fe fervir des gras de jambes; cette aide donne beaucoup de liberté à la croupe; & quelquefois auffi le pincer délicat de l'éperon, lorsqu'il fe retient davantage. On doit auffi au haut de chaque faut, tenir un instant le Cheval de la main, comme s'il étoit fufpendu, & c'eft ce qu'on appelle, Soutenir.

il

L'air des caprioles fur les voltes, c'est-à-dire, fur le quarré que nous avons propofé pour regle des autres airs, forme le plus beau & le plus difficile de tous les maneges, par la grande difficulté qu'il y a d'obferver fa proportion du terrain, d'entretenir le Cheval dans une cadence égale, fans qu'il fe dérobe ni du devant ni du derriere, ce qui arrive le plus ordinairement. Comme le mouvement de la capriole eft plus étendu & plus pénible que celui de tout autre air, il faut que l'efpace du terrain foit plus large & moins limité afin de donner plus de vigueur & de légèreté aux fauts. Il ne faut mettre qu'une demi-hanche dans la volte, comme nous l'avons dit ; ce qui rend ce ma

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nege plus jufte, & plus parfait; & l'affiette du Cava= lier plus ferme & plus belle. On ne doit pas fuivre du corps les tems de chaque faut, mais fe tenir de façon, qu'il paroiffe que les mouvemens que l'on fait, foit autant pour embellir fa pofture, que pour aider le Cheval.

Le Pas & le Saut, & le Galop-Gaillard.

LORSQUE les Chevaux dreffés à caprioles commencent à s'ufer ils prenent d'eux-mêmes, comme pour fe foulager, un air auquel on don ne le nom de Pas & le Saut, qui fe forme en trois tems; le premier, eft un tems de galop racourci, ou terre-à-terre; le fecond, une courbette, & le troifieme, une capriole. On peut auffi régler à cet air les Chevaux qui ont plus de légéreté que de force, afin de leur donner le tems de raffembler leurs forces, en fe préparant par les deux premiers mouvemens à mieux s'élever à celui de la capriole; & ainfi de fuite.

Il y a une forte de Chevaux qui interrompent leur galop, en faifant quelques fauts de gayeté foit parce qu'ils ont trop de rein, ou trop de repos, ou que le Cavalier les retient trop c'eft ce qu'on nomme Galop-gaillard; mais ce manege ne doit point paffer pour un air, puifqu'il naît du caprice & de la fantaifie du Cheval, qui par-là fait feulement voir fa difpofition naturelle à fauter lorfque cette gayeté est ordinaire, & qu'elle n'eft pas la fuite d'un trop long repos.

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