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nege qu'il faut toujours tenir un Cheval qu'on dref fe pour la guerre ou pour la chaffe: il faut l'exercer fouvent en pleine campagne, afin de l'accoutumer à toutes fortes d'objets, & de lui apprendre auffi à galoper sûrement fur toutes fortes de terreins, comme terres labourées, terreins gras, prés, descentes, montagnes, valons, bois.

Nous ne répétons point ici ce qu'il faut faire pour accoutumer un Cheval au feu, qui eft une chofe effentielle à un coureur; mais une autre

qualité que doit avoir particulierement un Cheval de chaffe, c'est de fçavoir franchir les haies & les foffés, afin de ne pas demeurer en chemin lorfqu'on rencontre quelqu'un de ces obstacles. M. de la Broue donne à ce fujet une leçon que je crois pratiquable & bonne, c'eft d'avoir une claie d'environ 3 à 4 pieds de large fur 10 à 12 de long, la tenir d'abord couchée par terre, & la faire fauter au Chevalau pas, au trot, & enfuite au galop, & s'il met les pieds fur la claie, au lieu de la franchir le châtier de la gaule & de l'éperon. On la fait enfuite foulever de terre environ d'un pied, & à mefure qu'il la franchit librement, on la leve de plus en plus jufqu'à fa hauteur, enfuite on la garnit de branches & de feuilles. Cette méthode qu'il dit avoir fouvent pratiquée, apprend sûrement à un Cheval à s'étendre & à s'alonger pour le faut des haies & des foffés; mais cette leçon, qui eft néceffaire pour un Cheval de guerre & de chaffe, ne doit s'employer que lorfqu'il eft obéiffant au tourner aux deux mains, au partir des mains, au parer, & lorfqu'il a la tête placée & la bouche affurée.

Il y a une autre efpece de Chevaux de chaffe que l'on appelle Chevaux d'arquebufe, ce font ordinai

rement de petits Chevaux que l'on dreffe pour chaffer au fufil. Ceux-ci doivent avoir à peu près les mêmes qualités que les coureurs, mais ils doivent être parfaitement apprivoifés & faits au feu enforte qu'ils fuivent l'homme & qu'ils foient inébranlables au mouvement & au bruit du fufil. Il faut encore qu'ils ne s'épouvantent pas au partir & au vol du gibier. On les accoutume d'abord à s'arrêter lorfqu'on prononce le terme de Hou; mais les plus fubtils & les plus adroits apprennent à ces fortes de Chevaux à s'arrêter court & fans remuer, même en galopant, dans le temps qu'ils abandonnent toute la bride fur le col pour coucher en joue. Un Cheval d'arquebufe bien fage & bien dreffé à cet ufage est très-recherché; mais comme on a plus befoin pour toutes ces attentions, (qui font pourtant effentielles) de patience que de fcience, nous n'entrerons pas dans un plus grand détail, ce que nous en avons dit nous paroiffant fuffifant.

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CHAPITRE XXI.

Des Chevaux de Carroffe.

DAN s les fiecles paffés la magnificence des

équipages n'étoit en ufage que pour les triomphes, fans qu'on s'embarrafsât d'y rechercher la commodité. Mais la volupté qui s'eft introduite parmi les Nations, & qui a fait d'âge en âge des progrès incroyables, a contribué à l'invention de plufieurs fortes de voitures, dont la plus fimple aujour d'hui furpaffe infiniment, pour la construction; ces fameux chars.

La perfection que les François ont donnée de nos jours aux carroffes, par les refforts qui en rendent les mouvemens imperceptibles, & par la légéreté, qui diminue confidérablement le travail des Chevaux qui les traînent; cette perfection, dis-je, en a fait une voiture fi douce & fi commode, que c'eft préfentement le premier tribut qu'on paie à la fortune.

Quand on a cru ne pouvoir rien y ajouter pour leur structure, on s'eft appliqué à leur décoration & l'on y a fi bien réuffi, que rien ne feroit plus capable d'annoncer la dignité des Seigneurs, que la magnificence de leurs équipages, fi les Chevaux qu'on y attelle étoient mieux choifis & mieux dreffés pour cet ufage. Cette négligence étoit pardonnable autrefois, parce que la peine que les Chevaux avoient à ébranler ces pefantes machiles privoient de la grace qui fait la beauté de

nes,

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leur action;mais aujourd'hui il n'y a plus d'obftacle qui puiffe empêcher de donner cette nobleffe aux équipages leftes & fomptueux que nous voyons.

L'Allemagne nous a devancé dans cette exactitude, & le modele qu'on nous y donne n'eft fuivi dans ce Pays-ci que par un petit nombre de Seigneurs curieux. Il feroit à fouhaiter cependant que cette curiofité devint générale, nonfeulement pour n'avoir rien à ajouter à la magnificence, mais particuliérement pour prévenir les accidens auxquels on eft expofé, en mettant aux carroffes des Chevaux qui n'ont point été affouplis, & qui n'ont pas la bouche faite.

On croit faire affez pour mettre les jours en sûreté, que d'ateler deux ou trois fois au chariot, des Chevaux neufs avant que de s'y confier. Cependant on n'a que trop d'exemples qui nous prouvent que cette méthode précipitée pe fuffit pas pour garantir des dangers, & pour empêcher les Chevaux de carroffe de tirer de mauvaife grace, de troter de travers, & fur les épaules, de baiffer la tête, de lever les hanches, de tendre le nez, & de forcer la main, défauts d'autant plus remarquables, que les équipages font magnifiques. Nous allons donc indiquer les qualités que doivent avoir les Chevaux de carroffe, & les moyens de les leur donner.

En général un Cheval de carroffe doit avoir la tête bien placée & l'encolure relevée, (ce qu'on appelle Porter beau) & troter droit & uni dans les traits.

La taille ordinaire d'un beau Cheval de carroffe eft depuis 5 pieds jufqu'à 5 pieds 3 ou 4 pou ces. Il doit être bien moulé & fort relevé du de

vant,

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van; quand même il, auroit le rein un peu bas (ce qui feroit un défaut pour un Cheval de felle) il n'en paroîtroit que plus relevé du devant au caroffe. Il doit être traverfé & affez plein de corps pour n'être point éflanqué par le travail. Il ne faut pourtant pas qu'il foit trop chargé d'épaules ni qu'il ait la poitrine trop large. C'eft pour le Cheval de charette, une qualité qui le fait mieux donner dans le colier, mais c'eft un grand défaut dans les Chevaux de caroffe, qui doivent avoir l'épaule plate & mouvante, pour pouvoir troter librement & avec grace. Il ne doit être ni trop long ni trop court. Ceux qui font trop courts ont ordinairement la mauvaife habitude de forger, & ceux qui font trop longs fe bercent pour la plûpart, & vont fur les morts, n'ayant pas affez de rein pour fe foutenir. Un Cheval de caroffe doit avoir la jambe belle plate & large, & l'os du canon un peugros ; fur-tout les pieds excellens: le moindre accident aux pieds eft un grand défaut, qui le fait bientôt boiter, parce qu'il ne peut pas foutenir long-tems la dureté du pavé. I1 faut encore bien prendre garde aux jarrets, les Chevaux de caroffe font plus fujets à les avoir défectueux, que les Chevaux de légere taille ; parce que la plupart font élevés dans des pâturages gras, qui engendrent beaucoup d'humeurs, lefquelles tombent fur les jarrets & fur les jambes. Le boulet rrop flexible eft encore un grand défaut, qui empêche un Cheval de caroffe de reculer & de retenir dans les defcentes.

Un Cheval de caroffe bien choifi, & qui a les qualités que nous venons de décrire, mérite bien qu'on lui donne les deux premieres perfections, T

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